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LA NEWSLETTER DU SAMA DE JUILLET 2020: COVID ET CHIRURGIE

05/07/2020SAMA COVID ET CHIRURGIE
Edito du Président Cher(e)s camarades,La newsletter de juin était conséquente mais forcément incomplète. Voici donc la contribution de Xavier notre ancien président qui exerce la chirurgie en clinique du secteur privé. Si vous aussi voulez faire part de votre ressenti n’hésitez pas. Vous n’avez peut-être pas toujours le temps ou hésitez à écrire un texte bien léché qui sera lu par tous; c’est pourquoi Bernard Lefebvre propose une communication interactive plus facile et moderne avec une application dédiée sur smartphone. Pourquoi pas, nous allons examiner cela. Aujourd’hui les mesures d’exception sont partiellement levées, en particulier le confinement général depuis le 11 mai en France métropolitaine. L’épidémie semble contrôlée mais le virus continue à circuler pour preuve les presque trois cents clusters identifiés, heureusement sans malades graves. L’hypothèse d’une future « deuxième vague » est cependant toujours activement débattue. L’observation en hémisphère Austral, comme pour la grippe, sera une indication. Malgré des avancées scientifiques rapides et indéniables, ce virus, sur bien des plans comme les facteurs de pathogénicité ou l’épidémiologie, reste encore mystérieux. C’est à l’évidence un virus très dangereux pouvant tuer rapidement un grand nombre de contaminés. Aussi nous ne pouvons qu’approuver les moyens exceptionnels donnés rapidement à la recherche. Cependant il ne faudrait pas oublier les autres grands fléaux de l’humanité déjà connus et pourvoyeurs d’un très grand nombre de décès. Je vous souhaite de bons mois de juillet et août en attendant de se retrouver en forme à la rentrée.
Gérard DESMARIS,
Président du SAMA.

COVID ET CHIRURGIE

12 mars 2020, je suis tout bonnement en vacances depuis une semaine dans le midi chez un ami qui a bien voulu me recueillir mon épouse et moi-même, la station de ski où nous avions prévu d’aller ayant eu le « bon goût » de fermer en 24heures sans préavis.

Problème comment revenir à Paris où le travail m’attend : programme complet, nombreuses consultations… ? En fait, pas de problème, le caducée est un sésame qui pour une fois est très utile face à la vindicte gendarmesque. En deux mois de confinement, on ne m’a demandé qu’une seule fois ma carte de médecin… Efficace.

Retour à Paris, et là, c’est la confusion la plus totale. Appels désespérés de malades :

  • Dr vous allez m’opérer mercredi ?
  • A priori oui, pourquoi ?
  • On a reçu un SMS de la clinique disant que toutes les interventions sont ajournées.
  • Ah bon ! On ne m’a rien dit. Je n’ai pas eu de messages m’informant de cela. Je me renseigne….

Appel à la clinique :

  • la chef de bloc est en télétravail…, elle ne répond pas au téléphone. Envoyez-lui un mail. De toute façon l’ARS a lancé le « plan blanc » et a décidé l’arrêt de tous les programmes opératoires pour transformer les blocs et les salles de réveil en réa COVID
  • Mais, mes interventions sont dans 2 jours !!!!
  • Personne ne sait rien, si vous voulez être sûr, annulez-les. On vous dira quand les reprogrammer. On n’opère plus que dans une seule salle et seulement les urgences vitales.
  • Et pour les consultations ?
  • Ah, vous n’avez pas suivi les échanges sur le forum « what’s app » ?
  • Euh non, je n’étais pas informé, pas destinataire, pourquoi qu’est-ce qui se passe. Eh bien votre bureau n’est plus disponible, il est devenu un sas de détection Covid.
  • Et je vais recevoir mes patients où ?
  • Ça va être compliqué car il ne reste qu’un seul bureau pour les 6 chirurgiens et vos confrères se sont répartis toutes les plages en votre absence.
  • Comment je fais alors ?
  • Annulez !!!

Heureusement, j’ai un cabinet personnel dans Paris où je peux m’organiser comme je veux. Je suis chez moi et ne dépend de personne. Avec ma secrétaire (en télétravail) nous passons plein de coups de fils pour déplacer les rendez-vous. Mais évidemment plusieurs patients confondent les lieux de consultation et se rendent au mauvais endroit…Ambiance.

Le problème des masques vient immédiatement au premier plan. Heureusement j’ai retrouvé la dotation que le Gouvernement nous avait fait envoyer en 2011 : 50 masques dont une vingtaine de FFP2. Un trésor périmé peut-être, mais qu’importe…. J’ai aussi stock de gel que j’avais mis de côté au cas où… Je suis prêt à recevoir mes patients en serrant un peu les fesses. Gare à celui qui tousse. J’espace les rendez-vous pour n’avoir pas plus de deux personnes dans la salle d’attente en même temps. Je donne des masques aux patients qui n’en n’ont pas. Ils semblent partir plus content de ce cadeau que d’être venu en consultation.

Cette période de bouleversement social va voir apparaitre un nouveau concept : la téléconsultation. Prévue par la loi depuis plusieurs années, sa mise en place était restée lettre morte parce que la Sécurité Sociale refusait d’en assurer le remboursement. Et oui les fonctionnaires des administrations ont toujours le dernier mot malgré les bonnes intentions de nos députés. Mais là, devant la panique et la nécessité du confinement, elle se décide enfin, mais évidemment avec une minoration du remboursement de 25%. Y-a pas de petites économies. Doctolib s’est engouffré dans la brèche en nous proposant un nouveau service, certes payant mais tellement commode, ce d’autant que ce prestataire assure la perception des honoraires. Un vrai progrès. Mais finalement, ça n’a pas été le raz de marée auquel on aurait pu s’attendre. Une ou deux demandes par journée de consultation. Finalement ça coûte plus cher que ça ne rapporte, mais, bon, ça permet de garder le contact ce d’autant que j’ai beaucoup de patient qui résident en province et pour eux il n’y plus de train, des gendarmes aux péages des autoroutes… Ils restent chez eux.

Au total l’activité tant de bloc que de consultation s’est effondrée. La plupart de mes confrères spécialistes ont carrément fermé leur cabinet et sont partis se confiner dans leur maison de campagne. Pour ma part j’ai laissé mes consultations ouvertes mais j’ai eu une baisse d’activité de 76% de mi-mars à mi-avril.

Au bloc je n’ai eu presque rien et en bataillant rudement. Au début je ne me suis pas trop méfié, je pensais que ça marchait comme d’habitude, mais quelle erreur !

Ainsi un de mes consultants s’est présenté pour une sciatique paralysante. Il fallait l’opérer rapidement. J’ai appelé la clinique pour le programmer dans les jours qui suivaient. Certes ce n’était pas une urgence vitale, mais son déficit risquait de devenir définitif si on ne faisait rien. J’en ai parlé à un anesthésiste et à la directrice. Tout le monde était d’accord : il fallait l’opérer. Hélas c’était sans compter avec la bêtise humaine : la secrétaire des anesthésistes a éconduit le patient de sa propre initiative en lui disant que le bloc était fermé. Désespéré, le patient est allé se présenter aux urgences d’un hôpital de l’Assistance Publique de Paris. Là, réponse positive sans hésitation :« pas de problème cher monsieur, on va vous opérer demain » !!!. Pourtant l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, centre régional de référence, était censée se concentrer exclusivement sur le COVID.

Branle-bas de combat à la clinique de l’Alma. Comme je vous l’ai dit, l’ensemble du bloc, salle de réveil inclue, est transformé en Réa Covid, tout le 4ème étage en secteur Covid pour les patients ne nécessitant pas de réanimation. Les patients affluent de toute l’Ile de France mais particulièrement des Ehpad du groupe qui déversent ainsi leurs patients très âgés contaminés. Presque tout le monde a prêté main forte à l’équipe des soignants pour les soulager car rapidement apparaissent des signes de fatigue chez ceux qui sont en première ligne : anesthésistes, infirmières, aides-soignantes, brancardiers… Finalement au bout du compte on ne déplorera que deux décès. Pas mal, pas mal pour une équipe peu habituée à soigner des insuffisances respiratoires.

L’annonce du déconfinement tombe. Je pense arriver au bout de mes contrariétés. Eh bien pas du tout car le « PlanBlanc » est maintenu. Plus personne ne sait exactement ce que l’on peut faire ou pas…. Chaque passage au bloc se négocie au cas par cas. Il faut justifier de l’urgence relative à faire l’intervention dont le report pourrait constituer une perte de chance pour le patient… Et voilà le juridisme qui revient par la porte de derrière alors que dans ces circonstances exceptionnelles on aurait pu penser que ce serait secondaire.

Actuellement, même si l’étau se desserre progressivement, le fonctionnement des établissements est encore bridé. Je n’imagine pas les pertes abyssales que vont avoir les cliniques privées. Bon nombre vont faire faillite. Une fois de plus la possibilité de choisir entre Public et Privé va être restreinte.

Que conclure de cette période exceptionnelle, sinon que j’ai noté que c’est bien grâce au « système D », à l’imagination de ceux qui était sur le terrain, « les mains dans le cambouis », que finalement pour l’instant l’épidémie de corona virus n’est pas devenue la « peste noire » du 21ème siècle.

Certes nous avons à déplorer 30 000 décès en moins de 3 mois, mais il faut plutôt porter notre regard sur les milliers de miraculés qui ont été sauvés parce que le système n’a pas sauté, car il n’a finalement de justesse pas été débordé par l’inadéquation entre les moyens disponibles et l’ampleur de l’épidémie. Le système hospitalier français s’estadapté à toute allure. Chapeau !

Maintenant, tournons-nous vers l’avenir. Des épisodes catastrophiques comme celui-ci, nous en connaitrons d’autres.Peut-être pas tout de suite, mais statistiquement, c’est inévitable. Il faut nous y préparer et probablement accepter certains sacrifices sur notre petit confort de tous les jours pour anticiper les moyens humains et matériels pour y faire face.

Dr Xavier Loniewski

Président d’honneur du SAMA

L’ASSEMBLEE GENERALE DU SAMA PREVUE LE SAMEDI 13 JUIN 

EST ANNULÉE ET REPORTEE

LA NEWSLETTER DU SAMA SPECIALE COVID 19: MAI 2020


 



               
au Sommaire de la New Letter du 05/06/2020
Bilan médico-militaire durant les 55 jours de confinement : Dr Louis Reymondon
– Enfants,Famille et confinement :  Dr Marie-Françoise LEFEVRE
La crise de la Covid 19 vecue par un médecin généraliste à Paris : Dr Bernard Dauba-Etchebarne
La médecine hospitalière publique et privée pendant le confinement : Dr François Chassaing
Les Sociétés d’assistance en mal de transports : Dr Michel Robert
Reflexions  6  mois après l’apparition de la COVID-19 : Dr Gérard Desmaris 
      Edito du Président Cher(e)s camarades. Notre vaillant Secrétaire Général nous a proposé un immense challenge : faire le bilan du confinement sous différentes approches médicales et sociales rapportées par des membres du SAMA, leurs proches et leurs connaissances professionnellement confrontés. Alors que le confinement en France est tout juste desserré et que la loi d’urgence sanitaire a été prolongée, il est difficile de tirer toutes les leçons de cet épisode exceptionnel d’autant que selon les régions les situations ont été bien différentes.
Je remercie d’abord vivement les contributeurs à cette newsletter qui ont bien voulu faire part de leur expérience ou donner leur point de vue.
A titre personnel je vais essayer, non de tirer toutes les leçons, ce qui nécessitera des mois voire des années, mais de vous faire part de quelques points qui ont retenu mon attention. Ces contributions très diverses n’engagent que leurs auteurs ; le syndicat n’a pas vocation à prendre position sur les nombreuses polémiques intervenues. Mais comme médecins et citoyens tous ses membres ont été particulièrement confrontés à cette situation inédite. La crise sanitaire a gelé les réformes en cours mais le temps viendra, avec la crise économique et sociale qui suivront, d’avoir des positions et propositions syndicales.
Portez-vous bien et passez d’agréables vacances si vous pouvez en prendre, en attendant de se revoir pour l’Assemblée Générale qui je l’espère pourra se tenir en décembre. 
Dr Gérard Desmaris, Président du SAMA 
 L’ASSEMBLEE GENERALE DU SAMA PREVUE LE SAMEDI 13 JUIN EST ANNULÉE ET REPORTEE    

LA NEWSLETTER DU SAMA  SPECIALE COVID 19

Bilan  médico-militaire durant les 55 jours de confinement

Soignants et chercheurs mobilisés contre la pandémie

LE SERVICE DE SANTE DES ARMEES

(Extraits du Site Internet du POINT, avril-mail 2020)

SECRETARIAT GENERAL DU SAMA

Les pays brutalement confrontés à la pandémie planétaire de coronavirus ont réagi diversement : En Chine, dans la mégapole totalement confinée de Wuhan, un hôpital dédié de milliers de lits sort de terre en 10 jours ; en Allemagne, on choisit d’aménager à très vive allure de grands gymnases réquisitionnés ; en France, c’est au Service de Santé des Armées, compte-tenu de la pratique opérationnelle de l’EMR (Elément militaire de réanimation), qu’est confiée l’installation d’un hôpital avancé de renfort au cœur de Mulhouse, ville du Grand-Est très infestée. Mais le choix du site en pleine ville, le temps  des terrassements, les huit jours nécessaires à dresser les tentes, les équiper et mobiliser 90 personnels dans les Hôpitaux régionaux et 30 autres, en soutien, du Régiment médical de l’Armée de Terre, pour une capacité d’accueil de seulement 30 lits, ont été des éléments tournés en dérision. Et ces écarts de méthodologie entre pays soumis à la même contrainte interpellent. Seule la MGA, Directrice du Service de Santé des Armées, dispose des arguments pour présenter cette réalisation comme un bel engagement de nos moyens militaires au secours des populations de la France en danger. Aussi, ne pouvant abuser de son temps pour une interview directe, le Secrétariat du SAMA lui emprunte les propos qu’elle a accordés au journaliste Guerric Poncet du Magazine Le Point avant le déconfinement du 11 mai. L.R.

La Médecin Générale des Armées Maryline GYGAX GENERO a reçu « Le Point » dans son bureau du Val-de-Grâce. Fille d’une institutrice et d’un sous-officier de l’Armée de Terre, elle est Directrice Centrale du Service de Santé des Armées (SSA) depuis 2017. Née le 19 mars 1959, mère de trois enfants, elle dirigeait lors des attentats de 2015 l’hôpital militaire Bégin, à Saint-Mandé, qui a accueilli une cinquantaine de victimes du Bataclan. Ne représentant que 1 % de la santé publique en France, le SSA a une absolue priorité : le soutien médical des forces armées. Voici l’interview :

Le Point : Quel est le rôle du SSA face au coronavirus ?

La MGA Maryline Gygax Généro Nous nous sommes mobilisés très tôt, j’ai créé une cellule de crise dès le 6 février. Le SSA participe activement à la réponse nationale à la crise, à hauteur de ses moyens et dans deux cadres : à travers son inclusion dans l’opération « Résilience » commandée par le Chef d’état-major des Armées, et par le biais de ses 8 hôpitaux militairesqui, comme tous les hôpitaux français, se sont mobilisés pour se réorganiser et augmenter leur nombre de lits de réanimation ou de lits de médecine consacrés aux malades Covid. L’Hôpital Bégin, à Saint-Mandé (94), a très vite été référencé hôpital de première ligne, et quatre autres de seconde ligne (Percy à Clamart, Sainte-Anne à Toulon, Laveran à Marseille, et Clermont-Tonnerre à Brest).

Le Point : Quelle différence pouvez-vous faire sur le territoire national ?

La MGA Maryline Gygax Généro : Le SSA dispose d’une vraie aptitude à concevoir en très peu de temps des structures de santé utilisables dans tous les environnements où nos armées sont susceptibles d’intervenir. Habituellement, nous le faisons pour des blessés de guerre. Ici, grâce à notre expertise historique en maladies infectieuses et notre expérience dans la prise en charge de patients Ebola il y a quelques années, nous avons su transposer notre savoir-faire pour créer des structures de réanimation délocalisées. L’un des exemples est l’Elément militaire mobile de réanimation du SSA (appelé « hôpital de campagne » dans les médias, NDLR), déployé avec l’Armée de Terre, et qui est en fait un authentique service de réanimation sécurisé, sous tente, pour 30 patients. Il a été entièrement conçu, déployé et mis en œuvre en 7 jours, exploit qui n’avait jamais été accompli pour des malades graves hautement contagieux.

Un autre exemple est l’évacuation aérienne de patients de réanimation, dite mission « Morphée ». Cette mission, qui revient à déployer un service de réanimation à bord d’un avion, est habituellement mise en œuvre pour les blessés de guerre que l’on va chercher très loin. Ici, c’est exceptionnel, car jamais nous n’avions réalisé de missions Morphée pour des patients contagieux, sur le territoire national, et en enchaînant ainsi un grand nombre de missions à la suite. Nous bénéficions du savoir-faire de l’Armée de l’Air et de son nouveau vecteur aérien, l’A330-MRTT « Phénix ». (Note du SAMA : Le transport ferroviaire a aussi été médicalisé et adapté).

Nous participons également aux missions effectuées par la Marine Nationale comme le transfert de patients Covid-19 de Corse vers le continent. La préparation de cette mission a nécessité beaucoup de savoir-faire, car il était important que les patients soient pris en charge dans de bonnes conditions, sans contaminer tout le porte-hélicoptères et son équipage. Les moyens sont donc ceux des opérations militaires, mais transposés et renforcés en prenant en compte le risque « coronavirus » et la gravité extrême des patients sur le plan respiratoire.

Le Point : Que vous manque-t-il aujourd’hui ?

La MGA Maryline Gygax Généro : Je compose avec les moyens dont je dispose. Il faut simplement évacuer un mythe : le SSA n’a pas vocation à remplacer les moyens de santé à l’échelle nationale.

Le Point : Quel est le rôle du SSA dans la recherche et l’innovation ?

La MGA Maryline Gygax Généro : Il n’y a pas de médecine ni de formation possibles sans recherche. Nous voulons que nos praticiens donnent libre cours à leurs idées ! Nos installations sont regroupées à l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA), à Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne. C’est un lieu de recherche ultramoderne, portant notamment sur l’adaptation des équipements à l’homme, et sur l’adaptation de l’homme aux nouveaux vecteurs et outils modernes des armées. Nous avons aussi une capacité de recherche fondamentale sur les agents biologiques, sur les effets des radiations ou des plaies par balle, ainsi qu’une recherche très intéressante sur les facteurs humains, par exemple, pour examiner les aspects de leadership, de conduite des opérations ou d’ergonomie collective. 

L’IRBA est doté d’un bâtiment confiné flambant neuf, qui regroupe des laboratoires de sécurité biologique de niveaux 2, 3 et 4 (habilités à travailler sur Ebola ou la variole, par exemple). Cela permet des avancées importantes, notamment pour la mise au point de moyens de protection pour nos troupes et de contre-mesures médicales qui trouvent parfois une application civile. L’IRBA est aussi doté d’un microscope électronique unique en Europe, capable d’examiner les virus et les bactéries dans une sécurité biologique très élevée, ce qui permet de ne pas les inactiver, et donc de les regarder de façon native.

(Note du SAMA : L’IRBA dispose d’une antenne décentralisée dans le cadre du Laboratoire Bio Médical du Pôle Infectiologie de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille, dans le sillage de l’illustre ancienne Ecole du Pharo. Elle travaille en partenariat étroit avec l’Institut Hospitalo-Universitaire de la Timone (IHU Méditerranée-Infection de Marseille) et a des chercheurs détachés dans l’équipe du Pr Didier Raoult).

Le Point : Où en êtes-vous de la réforme majeure « SSA 2020 » ?

La MGA Maryline Gygax Généro : Le SSA a en permanence évolué depuis sa création il y a trois siècles. L’année 2020 était déjà l’occasion de faire un bilan de la réforme que vous évoquez. À n’en pas douter, la crise sanitaire exceptionnelle que nous vivons dans le cadre de la pandémie Covid-19 va amener à tirer des enseignements pour la suite de l’évolution du SSA.

Le Point : Quelles sont les prochaines étapes pour le SSA dans ce combat ?

La MGA Maryline Gygax Généro : Il nous faut maintenant « durer sans faiblir », malgré les multiples missions déjà accomplies, à la fois pour continuer à être utiles dans la crise Covid sur le territoire national, mais aussi pour continuer à soutenir les armées dans toutes leurs opérations, notamment les opérations extérieures (OPEX), ce qui est notre raison d’exister.

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ENFANTS, FAMILLE ET CONFINEMENT

Par Mme le Dr Marie-Françoise Lefèvre, pédopsychiatre-psychanalyste.

Un regard sur le vécu par les jeunes enfants et leurs familles de la période de confinement que nous venons de connaitre, si elle est propre à chaque situation, permet cependant de dégager quelques réflexions non exhaustives.

Dans cette situation nouvelle, le lien familial est davantage sollicité alors que les liens sociaux et affectifs extérieurs sont obligatoirement mis en stand-by. Les enfants, dont on connaît en général la grande capacité d’adaptation vont réagir en écho à celle des parents et ce vécu partagé va dépendre en partie du contexte ou il se déroule. On ne supporte pas les choses de la même manière dans un lieu exigu sans possibilité de s’isoler ou dans un grand espace où l’on peut avoir chacun un lieu à soi. De même, l’ambiance familiale préexistante est fondamentale : si les relations étaient déjà tendues la situation peut s’aggraver bien qu’il puisse aussi  parfois y avoir la possibilité de retrouver une meilleure qualité relationnelle.

Dans ces contextes divers, l’âge de ou des enfants joue également, dans ce vivre en commun replié sur soi qui n’est plus médiatisé par la crèche, l’école, le collège où le lycée. Plus l’enfant est jeune, plus il est dépendant de l’entourage, alors sollicité de manière nouvelle et continue, ce qui peut être supporté de manière très différente par les parents selon leur manière de réagir (angoisse, stress, déni), face à la situation sanitaire, professionnelle etc… Pour les parents des plus grands, être confrontés à la position de maître d’école où professeur (quand cela est possible…) n’a pas toujours été des moments faciles pour certains. Quant aux adolescents, tout le travail d’autonomisation progressive qui est le propre de leur âge risque d’être impacté par la régression à une vie familiale autocentrée.

Ces différentes sollicitations nouvelles pour l’adulte confronté brutalement à une situation inouïe vont l’obliger à s’adapter avec ses moyens, à relativiser ses projets et faire appel à son équilibre interne préexistant. D’où les multiples possibilités de réponse, depuis ceux qui sont séduits par ce nouveau style de vie qu’ils veulent faire perdurer en changeant radicalement leurs habitudes de vie (logement, lieu de vie voire métier) et qui redécouvrent le bonheur de la relation, jusqu’à ceux qui, dépassés dans leurs ressources personnelles, se dépriment ou décompensent (face à des enfants difficiles, agités, troubles du comportement, troubles du sommeil) jusqu’à l’épuisement. C’est là que peuvent aider les professionnels de la psychologie de l’enfant.

Ce qui est donc ici interrogé c’est le lien parents-enfants, comme est réinterrogé le lien social en général par l’obligatoire distanciation imposée par ce petit virus. Lien interrogé dans un moment où l’on s’est arrêté de courir derrière le temps.

Ainsi, certains parents comme certains enfants ont abordé une autre vision de la vie de famille. Retour des repas préparés et pris en commun, véritables découvertes pour certains, plaisir de faire et de vivre ensemble au jour le jour, de se redécouvrir parfois. Le pillage des stocks de farine pour le plaisir certes de cuisiner ensemble mais aussi pour lutter contre l’angoisse du manque et de l’inconnu du lendemain dont la seule certitude fut le dénombrement croissant des morts au jour le jour…. 

Les grands parents, d’emblée désignés comme victimes potentielles de ce virus gérontophile, ont grandement été aidés par les moyens multimédia, téléphone, face- time, mails, internet en général, abolissant la distance et minimisant l’isolement sans remédier pourtant au vrai contact des embrassades et des câlins si précieux à chacun. Le symbolisme et donc le langage y ont gagné, déployant des efforts pour essayer de pallier à ce manque de proximité. Manques ressentis de part et d’autres, hâte des retrouvailles qui font que les affects s’expriment plus qu’auparavant.

A des degrés divers dans les cas les plus favorables ce virus a permis le réinvestissement des liens et des processus évolutifs à l’œuvre chez tous tant dans la famille que dans le corps social en général (les gens ont redécouvert leurs voisins, la solidarité est apparue plus évidente ou réapparue), toute période critique pouvant générer de nouveaux modes de fonctionnement plus satisfaisants.

 Ces situations de crises entrainant manque, incertitude et anxiété quant aux lendemains sont facteurs d’évolution vers des stades de fonctionnement plus élaborés, le manque créant l’envie et le désir, éléments nourrissant un imaginaire qui s’enrichit (envie de changer son mode de vie, de consommer moins et mieux, de revoir son échelle de valeur, etc…). L’envie de lire a connu une croissance exponentielle durant cette période, cela étant confirmé par une augmentation sensible d’achats de livres, par ailleurs beaucoup ont signalé avoir rêvé plus que d’habitude.

Ce virus qui a finalement ramené la mort dans notre champ d’angoisse quotidienne où on l’avait un peu mise de côté voire tabouisée dans nos pays gavés de tout et plutôt sécures en général. Ce « coup de réel dans la gueule » (Aldo NAOURI dans une interview), donne la chance d’un sursaut de l’imaginaire : mais pour combien de temps et que saurons-nous en faire ?…

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LA CRISE DU COVID VECUE PAR UN MEDECIN GENERALISTE A PARIS

Dr Bernard DAUBA-ETCHEBARNE 

PREAMBULE

Je ne ferai pas l’historique de cette pandémie nouvelle qui n’est pas terminée mais rapporterai mon vécu confronté à sa réalité dans le contexte particulier d’un des plus grands centres de santé de Paris/Ile-de-France.

INTRODUCTION  

Le Centre Médical Europe (C.M.E.), où je consulte en qualité de Médecin Généraliste, est constitué sous la forme d’une Association à but non lucratif (Loi de 1901). Il est agréé et conventionné par la Sécurité Sociale et plus de 80 Mutuelles et pratique des tarifs homologués. Il a été créé en 1959 par son Président Fondateur, le Docteur Raymond DUPUY, ancien Médecin Militaire (†) devenu, après une réorientation de carrière, Contrôleur Général des Armées. Si, au moment de la création du Centre, le Dr. DUPUY était assisté de 10 anciens médecins militaires retraités, il y a actuellement 220 Médecins et Dentistes (dont 9 anciens militaires), représentant la plupart des spécialités, sauf la Neurochirurgie. En incluant les actes para-médicaux, le Centre enregistre environ 800 000 passages par an.

LE 14 MARS 2020, COMPTE TENU DU CONSTAT DE LA CIRCULATION DU VIRUS ET DE SA TRANSMISSION POSSIBLE SUR L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE, LA PHASE 3 DE L’EPIDEMIE EST DECLENCHEE PAR LE GOUVERNEMENT ET LE 17 MARS LE STADE DE CONFINEMENT EST DECRETE. Dès lors, le C.M.E. s’est réorganisé, pour être en mesure de prendre en charge l’évaluation et le traitement des cas de Covid-19, en se dotant d’un local ambulatoire totalement dédié  » Coronavirus « , hermétiquement isolé du reste des services, pour les prélèvements nasopharyngés RT-PCR. Dans le même temps, les consultations en « présentiel » sont réduites essentiellement à la Médecine Générale, lorsqu’elles sont indispensables, afin de prévenir la circulation du virus parmi les patients, habituellement très nombreux en consultation, et parmi le personnel indispensable au fonctionnement du Centre dans sa nouvelle configuration.

LA DECOUVERTE DE LA TELECONSULTATION (T.C.) – malheureusement sans vidéo que le Centre n’est pas parvenu à mettre au point – est un exercice nouveau pour moi, habitué à manipuler le stéthoscope, le tensiomètre, le marteau à réflexes et à examiner physiquement les patients. Elle se déroule ainsi : les patients s’inscrivent par téléphone comme pour un R.V. habituel auprès de notre centre d’appel en fournissant leur n° de téléphone, pour être rappelés par le médecin consultant, et une adresse mail, s’ils en disposent, pour la télétransmission des divers documents : ordonnances de médicaments, examens complémentaires, arrêts de travaillettres de correspondances auprès de spécialistes, voire d’hospitalisation. Les patients âgés ou étrangers ne disposant pas de messagerie reçoivent ces documents par la Poste, souvent avec retard du fait de la réduction des jours de levées et de distribution lors du confinement ; pour tous, les ordonnances de médicaments peuvent être également adressées à la pharmacie dont les coordonnées nous ont été communiquées.

EN PRATIQUE, dès l’ouverture de mon ordinateur, apparaît la liste des patients, majoritairement inscrits en T.C. et celle plus réduite de ceux présentant un cas particulier médical ou administratif exposé au Médecin filtreur, en attente à l’entrée du Centre, qui évalue la nécessité ou pas d’une consultation en PRESENTIEL : la consultation d’un patient masqué, ganté et orienté vers son médecin peut débuter. A partir des symptômes réputés pathognomoniques du Sars-cov2, l’Agence Régionale de Santé (A.R.S.) a défini un arbre décisionnel très utile permettant de catégoriser 4 sortes de patients :

* LES PLUS NOMBREUX sont des patients cherchant à se rassurer sur la nature de leurs symptômes suspectés par eux Covid à partir des nombreuses émissions « Radio/Télé » en continu les décrivant en détail par le « menu ». A chacun d’eux, une documentation écrite de recommandations-patients adultes, validée par l’A.R.S., est systématiquement envoyée, au cas où, avec les n° de téléphones dédiés : le 15 ou le 00 130 800 00.

* PUIS LES PATIENTS SUSPECTS COVID+ mais sans symptômes de gravité (Toux, Gêne respiratoire, Fièvre…) ni comorbidités (Obésité, Diabète, Pathologies respiratoires chroniques, Antécédents cardio-vasculaires, Age avancé …), sont invités à demeurer à leur domicile, confinés, protégés, sans Test PCR par défaut épisodique de réactifs, mis en arrêt de travail 14 jours pour ceux en activité et pourvus de la « Fiche Recommandations patient adulte à domicile « .

LES PATIENTS FORTEMENT SUSPECTS COVID OU + AU TEST PCR et présentant les signes de gravité indiqués supra sont dirigés vers le Centre 15 pour une hospitalisation ou hospitalisés directement par nos soins lorsque le 15 débordé ne répondait pas grâce à une liste d’ambulances dont nous avons les coordonnées téléphoniques.

LA DERNIERE CATEGORIE de consultations concerne des patients demandant un avis médical pour une pathologie courante, le renouvellement d’ordonnances pour des pathologies chroniques, la prescription d’antalgiques de palier 3 délivrés sur des ordonnances sécurisées pour des cancers évolutifs très algiques.

REMARQUE : Aux demandes plus ou moins associées des Autorités sanitaires, des patients et des employeurs, le nombre d’arrêts de travail tendant à réduire la transmission du virus a explosé.

LIMITES DE LA TELECONSULTATION 

Sans être cliniquement idéale la T.C. couplée à la vidéo peut être validée, par défaut d’autre choix, dans des situations particulières telle celle dictée par l’actuelle pandémie. Elle est justifiée dans les spécialités comportant l’interprétation d’images ou de résultats d’examens complémentaires télétransmis (Dermatologie, Imagerie, Bilans biologiques, etc…). Elle ne saurait, à mon sens, remplacer une consultation en présentiel en Médecine Générale et diverses autres Spécialités nécessitant un examen clinique et le contrôle objectif des paramètres physiologiques mesurés.

REMARQUES : 

* Combien de fois ai-je entendu, en consultation « normale », des patients venus exposer divers symptômes ressentis (Fièvre, problèmes cardio-pulmonaires…) non retrouvés au moment de l’examen clinique convenablement réalisé, ce que la T.C. ne permet pas. Deux exemples parmi d’autres récemment vécus au téléphone : des otalgies (impossibles à diagnostiquer sans otoscopie), une douleur abdominale (exigeant une palpation) ! 

 * La T.C. est indispensable et pratiquée depuis de nombreuses années dans toutes les situations où les personnels concernés se trouvent en positions d’isolement, éloignés des structures de soins convenablement dotées en personnels formés et matériels, à condition qu’en  » bout de chaîne  » il y ait un médecin ou un Infirmier capable de suivre les conduites à tenir avec les moyens à sa disposition. Il y a aussi le cas des volontaires des missions scientifiques, en séjour de 12 à 24 mois aux Terres Australes et Antarctiques Françaises (T.A.A.F.), des marins participant à la Course à la voile autour du monde, des spationautes plusieurs mois en orbite dans la Station Spatiale Internationale ( I.S.S. ), etc. …

ENSEIGNEMENTS DE LA T.C.

* Réduction importante du nombre de patients habituellement suivis pour des maladies chroniques, parfois déséquilibrées car mal contrôlées du fait de la sédentarité contrainte, de la modification de l’hygiène alimentaire, du stress et de la crainte d’une contamination Covid lors d’une consultation au Centre qui, en présentiel, était de toutes façons réduite.

* Je constate également que, depuis la fin du confinement, le 11 mai 2020, un certain nombre de patients continuent à prendre R.V. en T.C. alors qu’ils peuvent désormais venir consulter au Centre. Une Explication possible à cette démarche, peut-être temporaire, celle de la commodité : COMPREHENSIBLE pour la patientèle d’origine étrangère défavorisée, majoritaire parmi les consultants, du fait de l’éloignement de leur domicile et de la réduction importante des transports collectifs durant la période de confinement. DE NATURE DIFFERENTE pour la patientèle plus favorisée considérant, pour une partie d’entre elle, la Médecine, comme un bien de consommation reposant sur une demande d’examens complémentaires inutiles, de médicaments hors indications suggérés par un parent, un ami ou une émission de vulgarisation « mal digérée »DANS LE MEME TEMPS, j’ai entendu certains de mes confrères ou consœurs, souhaiter dans la mesure du possible la poursuite de la T.C., rejoignant ainsi l’état d’esprit des patients privilégiant ce mode de consultation la plus brève sans devoir se déplacer. « Time is Money  » ? DERNIERE HYPOTHESE CONCERNANT LES MEDECINS : les conditions pratiques de cette nouvelle expérience médicale m’ont permis de constater que la T.C. est plus confortable car les patients, étant en attente chez eux, acceptent davantage d’être appelés avec retard ce qui n’est pas le cas en salle d’attente au cabinet, en particulier avec les hypochondriaques difficiles à rassurer, les personnalités fragiles grandes consommatrices de temps médical, etc …

MES REFLEXIONS NON CONCLUSIVES SUR CETTE PANDEMIE NOUVELLE EN COURS D’EVOLUTION.

 » La critique est aisée mais l’Art est difficile  » (Notamment l’art médical).

 * Les mondes Médical et Politique ne sont pas dans la même temporalité vis à vis d’une pandémie nouvelle : le Premier, relevant  » en même temps  » de la science, de l’art et d’un certain pragmatisme, nécessite du temps long ponctué d’erreurs d’analyse avant de cerner la vérité, parfois temporaire car remise en cause au fil des ans.  Le Second, dont le pouvoir est limité par les échéances électorales rapprochées, dispose de peu de temps pour décider sans que la médecine soit en mesure de lui fournir les clés de la bonne décision faute de connaissances validées.

* « Les conseilleurs n’étant pas les payeurs  » (de revers politiques !), le médecin doit se garder d’entrer dans le champ politique en cherchant à faciliter une décision politique par son statut de « sachant » sur des connaissances médicales encore incertaines.

* Il est prématuré d’établir les responsabilités politiques et médicales dans la gestion hexagonale de cette pandémie avant son terme. Elles seront indispensables à son issue.

* Il devrait être possible d’appliquer à la gestion préventive de la santé la locution guerrière : « Si tu veux la paix prépare la guerre » en la remplaçant par :  » SI VIS SANITAS PARA SUBSIDIIS  » (si tu veux préserver l’état sanitaire du pays, prépare des réserves). Même si chacun de nous peut déplorer les gaspillages, la santé a un coût notamment en matière préventive, le parent pauvre de notre système de soins. A ce niveau, décidément marqué (déformé?) par 38 ans sous les drapeaux, permettez-moi un rapprochement osé entre la “dissuasion nucléaire” de notre pays – une arme de non emploi -, qui a prévenu le retour des grands conflits symétriques du passé (pourvoyeurs de millions de morts) mais pas la dissymétrie du terrorisme, et un barbarisme, « la dissuasion sanitaire (= sécurité)«  nécessitant, non seulement au niveau du pays mais au plan européen, une Réserve Sanitaire en équipements et le retour de la fabrication des médicaments stratégiques en Europe (sachant, à titre d’exemple, que la fabrication du PARACETAMOL  et de LA PLUPART DES ANTIBIOTIQUES est extra-européenne !). Cette relocalisation Européenne de la production de médicaments aura forcément un surcoût devant être simultanément accepté par la population et le pouvoir politique. Cela est essentiel à intégrer car, hélas, il est permis d’avoir un doute sur la réalisation de ce souhait, sauf à la marge,  par défaut de réelle volonté des Laboratoires, dont ce n’est pas l’intérêt, et des possibilités techniques rapides d’adaptation de l’outil de production.

Et pourtant, compte tenu de la récurrence de plus en plus rapprochée des Pandémies, Catastrophes naturelles, climatiques, Terrorisme … ces 40 dernières années,  l’Europe en général et la France en particulier doivent se préparer prospectivement et collectivement à les gérer dès le temps de « calme sanitaire » en se dotant de moyens prépositionnés. Ils ne serviront peut-être pas, devant être renouvelés, reformatés à l’échéance de péremption, sans avoir été utilisés mais leur besoin est incontournable.

 C’est le prix à payer de la SECURITE SANITAIRE DU PAYS A COURT, MOYEN et LONG TERME.

Gardons en tout cas à l’esprit que, par la polymorphie des symptômes présentés, leur disparition puis leur récurrence pendant de nombreuses semaines qui peuvent déstabiliser certains patients et nécessiter un soutien psychologique, le Sars-cov2, que Jean-François DELFRAISSY qualifie de  » saleté « , est loin d’avoir livré tous ses secrets !!!

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LA MEDECINE HOSPITALIERE PUBLIQUE ET PRIVEE PENDANT LE CONFINEMENT …

ET APRES LE DECONFINEMENT

Dr François Chassaing

Rappelons qu’au début de la crise -ou plutôt de la prise de conscience puis de décision d’action sanitaire globale et radicale, faites au niveau national – l’épidémie s ‘annonçait galopante, avec surcharge annoncée des structures hospitalières car les 5 % de formes graves de COVID 19 allaient vite nous arriver.

Les médecins militaires connaissent bien cette notion de pertes massives (beaucoup de blessés, volontiers graves, d’un seul coup) avec risque d’engorgement de la filière sanitaire (une armée encombrée de blessés est une armée paralysée).

La stratégie initiale était donc logiquement adaptée : services de réanimation « musclés » , filière COVID spécifique , précautions pour éviter la contamination de l’outil de travail (soignants et matériel) , et bien sûr allègement des autres services de soins avec report ou redistribution des soins non urgents.

C’était le plan au plus fort du confinement et il a plutôt bien fonctionné quand les différents acteurs ont bien joué leur rôle respectif :

– l’ARS avec la circulation de l’information (combien de cas d’hospitalisations, taux d’occupation COVID des hôpitaux, prise en compte des problèmes locaux, etc…).

– les hôpitaux et cliniques avec une bonne coordination entre eux :

pour faire simple, les cas les plus graves aux hôpitaux avec leurs moyens lourds.

En effet les patients graves ont été ventilés , mais aussi ranimés de plusieurs manières : le virus SARS CoV 2 est un tueur vicieux non seulement pour les épidémiologistes mais aussi pour les soignants avec des atteintes surprenantes de toutes les fonctions de l’organisme, en particulier la coagulation et le système nerveux central, qu’on ne soupçonnait pas au début de la crise, plusieurs patients ont bénéficié de l’ECMO – oxygénation artificielle du sang par pompe sanguine – avec allers  retours de patients intubés et endormis dans différents hôpitaux, surtout en région parisienne .

Et pour les clinique, dès que le taux d’occupation hospitalier devenait préoccupant accueil des patients les moins graves (pas de nécessité de réanimation invasive,  mais besoins de soins  lourds de type respiratoire et prise en charge des comorbidités) ou de patients pour lesquels une réanimation était écartée d’emblée, accueil des urgences habituelles pour décharger les hôpitaux.

Comme à la guerre, une réunion stratégique était organisée CHAQUE JOUR, bien sûr par visio-conférence : le plus souvent les directeurs hospitaliers (avec un médecin dans la boucle !) faisaient le point avec le directeur ARS (qui lui-même était abreuvé de directives parfois contradictoires du ministère de la santé),  puis réunion intra hospitalière (avec tous les médecins concernés par le COVID).

On peut commenter le résultat de cette stratégie à l’envie, les journalistes et les politiciens ne s’en sont pas privés. Je ferai seulement quelques remarques :

– importance de la logistique : les pharmaciens hospitaliers ont été mis dans une cocotte-minute !

Il leur fallait chercher tous les jours des masques, des gants, du gel pour les mains, des tenues de protection , surveiller le stock et le flux des drogues essentielles (curares, narcotiques et morphiniques notamment ), avec la prise en compte de Big Brother : l’État s’est réservé le droit de réquisitionner, donc crainte d’être dépouillés du jour au lendemain  de notre stock, si on comptait sur une grosse commande groupée avec la Région ou le groupe de cliniques, et avec la prise en compte des transporteurs : certaines sociétés ne travaillaient plus !

– mobilisation des personnes : tous les soignants ont fait leur devoir, sans se priver de critiquer telle ou telle mesure, mais ils l’ont fait. Les tâches ont été redistribuées : une infirmière de bloc se retrouve à l’entrée de la clinique pour prendre la température des entrants, une secrétaire de cabinet fait la circulation intra hospitalière pour les patients perdus dans les nouveaux circuits mis en place, les affectations changent sans cesse pour s’adapter au mieux à un dispositif changeant.

Par ailleurs, le soutien des non hospitaliers nous a aidé moralement : des pizzas livrées gratuitement, des fournisseurs s’adaptant à un système économique perturbé…

importance de la biologie et de l’épidémiologie : chacun suit encore au niveau national l’épidémie et les découvertes sur ce virus, mais à l’échelon hospitalier la déclinaison se faisait immédiatement !

Le médecin biologiste faisait le point CHAQUE JOUR sur la disponibilité mais aussi la qualité des tests PCR (30 % de tests PCR positifs dans une ville voisine, pas un seul malade ! Voilà le genre de test qu’il faut éviter d’utiliser …), et sur leur mise en place, avec utilisation des techniques manuelles ou des automates, la formation des techniciens de laboratoire et des préleveurs habillés en cosmonautes pour vous gratter le nez.

Qui tester, comment, qui paye, quelle conséquence, dans combien de temps le résultat …des questions triviales …et toujours débattues ce jour !

L’épidémiologie n’est pas en reste : nous avons constaté tant l’aggravation dans l’Est et en Région parisienne que la résistance à cette épidémie COVID ailleurs, et les foyers épidémiques locaux (les « clusters ») ont vite été repérés.

Le déconfinement : il y a un avant et un après

La crise a été vécue en direct : tous les français étaient devant leur poste de télévision qui ne parlait que de cela, on l’a bien vu  et la décrue et l’arrivée du déconfinement.

Mais le  déconfinement n’est pas la fin de la pandémie : le risque de surcharge hospitalière est  certes passé, mais  le virus reste toujours avec nous dans la population.

une nouvelle crise …qui était prévue ! C’est un truisme, mais ce qui avait été reporté (opérations et soins « non urgents ») doit maintenant être fait !!!

En chirurgie, une pathologie non urgente finit toujours par le devenir, il suffit d’attendre : un stock de patients doit se faire opérer, pour des hernies inguinales qui sont devenues insupportables et qui s’étranglent, des prothèses de hanche et de genou pour libérer de la douleur et du « confinement « au fauteuil des anciens et moins anciens, des cataractes qui rendent aveugle et dépendant, etc.

En médecine même combat : en principe les structures hospitalières ont continué à fonctionner pour soigner des cancers et autres pathologies graves, mais on voit bien arriver des patients qui se sont auto censurés : des cancers méconnus, des diabètes déséquilibrés, et surtout des patients qui ont peur de venir à l’hôpital ; la COVID est surtout dans la tête !

-des patients vont revenir et un « rattrapage « est à prévoir, mais comment les accueillir ?

Cette question n’est pas résolue.

En effet, les ARS et le ministère de la santé ont leurs idées … Mais aussi les assureurs !

Et ne parlons pas des patients ou des médecins : on oscille entre un confinement et un retour à la situation « d’avant » !

Nous sommes obligés de tenir compte de la pandémie, il est inacceptable que les professionnels de santé diffusent le virus, et donc quelques précautions s’imposent plus ou moins contraignantes tant pour les patients que pour les hospitaliers.

A ce jour :

-on remplit des papiers : a-t-on bien cherché la maladie avant de faire circuler le patient ? L’a-t-on testé (par PCR) ? Bien informé ? Bien fait signer la reconnaissance de risques ?

-nos procédures sont-elles bien en place (variables suivant les établissements) ? Nous verrons plus tard si elles sont pertinentes …ou démesurées !

-nous n’avons pas de pénurie de drogues essentielles (mais cela va-t-il perdurer, la fabrication étant hindoue et asiatique ? 

-les patients reviennent à l’hôpital (ce n’est plus la Grande Peur !), mais je ne les reconnais pas : tout le monde est masqué !

-les chirurgiens trépignent pour opérer plus, les directions hospitalières aussi, on s’attend à une absence de vacances d’été… mais les problèmes d’organisation sont loin d’être tous réglés …

– l’épidémie galopante n’étant plus là les services COVID sont démontés (ou allégés) … mais les plans de réarmement sont en place, et le matériel ne sera pas dispersé très loin.

On peut résumer le problème en une phrase : il ne faut pas rater le déconfinement

Pour les hôpitaux et les cliniques la solution idéale serait un test PCR rapide et fiable : au lieu de la température le patient et les personnels seraient testés à l’entrée et pourraient y évoluer ensuite normalement.

Les problèmes économiques et budgétaires sont encore et toujours là : les primes gouvernementales pour les soignants …sèment la zizanie ! Les personnels du privé et de nombre d’hôpitaux publics hors Région parisienne en sont écartés, l’augmentation des salaires du public va y faire fuir les infirmières du privé, qui paiera ces stratégies de dépistage massif et comment ? y aura-t-il des procès en infection nosocomiale si COVID ? Etc…

Comment dimensionner les services (la réanimation notamment) et le personnel ? Actuellement on gèle les recrutements car on ne sait pas quand la situation sera de nouveau sinon normale mais au moins prévisible.

En conclusion, la médecine hospitalière publique et privée a pu faire face à une crise …qui heureusement a été moins grave que prévue dans la plupart du territoire.

La COVID est toujours là et il faut la prendre en compte, comme nous l’avions déjà fait pour le SIDA et le risque prion, ou la tuberculose et la syphilis pour les plus anciens, elle est non seulement dans nos services de soin mais aussi dans les cabinets des généralistes, à la porte des EHPAD, elle a réussi à contaminer toute la société : à nous de nous adapter.

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LES  SOCIETES D’ASSISTANCE EN  MAL DE TRANSPORTS

Dr Michel ROBERT 

   La libre circulation des biens et des personnes englobe dorénavant les virus et les bactéries. Et ce à une vitesse folle avec le développement du trafic aérien. Le  coronavirus, qui fréquente  aussi la classe affaires, a de ce fait lourdement impacté les Sociétés d’Assistance (filiales pour la plupart de groupes  d’assurances françaises) dans leur activité de régulation et de transports médicalisés. Bon an mal an, c’est environ  8000 patients  français  qui sont rapatriés de l’étranger  par voie  aérienne (avions de ligne  et/ou avions sanitaires).

   Dès  le stade 2 du Covid 19, la fermeture des aéroports aux avions français a pratiquement cloué au sol avions, médecins et infirmier(e)s transporteurs. Des dérogations ont pu être obtenues pour des avions sanitaires avec des contraintes fortes  mais aussi des risques accrus de contamination pour les personnels soignants embarqués. A titre d’exemple, les  derniers vols sanitaires (Evasan) avec relais ambulances sur l’hôpital d’Ajaccio et ce avant l’arrivée du Porte-hélicoptères, ont exposé les personnels soignants, faute de masques adaptés, de blouses et de décontamination plus  poussée (pulvérisation) des aéronefs. 

 L’interdiction de décoller est une frustration importante pour les équipes  médicales et les gérants qui pourraient ne pas se remettre de cette inactivité si elle devait s’inscrire dans la durée.

   Les pathologies infectieuses et notamment respiratoires représentent  une part non négligeable des rapatriements par voie aérienne. Très souvent sans diagnostic initial précis, elles sont étiquetées Pneumopathies communautaires. En diagnostic rétrospectif, il n’est pas rare de retrouver des étiologies méconnues voire exceptionnelles (légionellose, tuberculose, allergie à la Cordarone,…)

   Depuis  une dizaine d’années, les rapports médicaux de transport comportent une case BMR (Bacilles Multi Résistants) à cocher le cas échéant  pour tout patient hospitalisé transféré depuis les territoires du Sud-Est asiatique. A leur arrivée en milieu hospitalier français, ces patients français seront placés  en chambre d’isolement de 24 à 36h.

   Enfin certaines pathologies virales importées (Dengue…) doivent être signalées à l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS).

  Le patient Zéro d’Ajaccio était un touriste Sénior hospitalisé pour une Pneumonie en apparence banale mais qui n’avait manifestement pas fait l’objet d’une recherche virologique et n’avait pas été replacé dans un contexte épidémiologique d’où l’importance d’un interrogatoire bien mené… Vous avez dit Interrogatoire ? Mais voyons ce n’est plus  d’actualité ! Hélas c’est vrai et regrettable s’agissant de très nombreux Mécanos de la Médecine que nous avons enfantés, victimes de la performance et de la rentabilité.

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QUELQUES REFLEXIONS SIX MOIS APRES L’APPARITION DE LA COVID-19

30 mai 2020

Dr Gérard DESMARIS 

Spécialiste de médecine aéronautique et spatiale,

Diplômé de l’école supérieure de guerre aérienne et du cours supérieur interarmées.

La société française face au nouveau virus

L’épidémie est apparue il y a environ six mois, dans des circonstances encore floues, dans la région de WUHAN métropole chinoise de onze millions d’habitants. Des voyageurs ont propagé le virus dans le monde entier sauf les régions extrêmement chaudes ou froides. En France il a rencontré une population qui, depuis plusieurs années, présente une extrême aversion au risque, non au risque objectif mais au risque ressenti. Elle a des exigences contradictoires, par exemple disposer immédiatement de traitements efficaces, sûrs et pas chers ; en forçant le trait avoir une assurance tout risque et gratuite.

L’importance prise par les média et twittosphères faisant appel à l’émotionnel est propice à tous les fantasmes dont les thèses conspirationnistes. 

Le plan de bataille sanitaire

La communication officielle est certes un exercice particulièrement difficile. Elle a, de mon point de vue, été anxiogène avec ses changements de pieds successifs. Il existait bien un plan de bataille général pour anticiper une pandémie, le plan Bertrand de 2006, calqué sur les recommandations OMS de l’époque. Mais le général en chef chargé de la manœuvre sanitaire a dû adapter la tactique aux moyens matériels, humains, logistiques et autres, rapidement disponibles. Ils se sont révélés notoirement insuffisants. Il faudra savoir pourquoi et en tirer les conséquences le moment venu. Il fallait donc un plan pour demain bien qu’imparfait rappelant ainsi les propos du général George SPatton: « A good plan violently executed now is better than a perfect plan next week. » Sauf que des arguments spécieux ont été avancés pour la communication grand public à chaque changement de tactique.

Le système de santé français

Il a souvent été dit après le rapport OMS de 2000 que le système de santé français était le meilleur au monde mais aussi, depuis quelques années, qu’il était à bout de souffle.

Il a globalement tenu le choc malgré les difficultés et a su s’adapter très rapidement dans certaines régions (ARS) malgré les lourdeurs administratives. Le nombre de lits de réanimation a pu être doublé.

Lors de cette période c’est surtout l’hôpital public, en première ligne, qui a focalisé l’attention des médias, particulièrement pour son manque de lits et son manque de personnels. La tarification à l’acte T2A, les 35 heures entre autres sont passées par là. Les conditions de travail difficiles, les bas salaires n’attirent plus les soignants dans le secteur hospitalier public. Pourtant, la France consacre 3,4% de son PIB pour l’hôpital public soit plus que l’Allemagne où les salaires sont par ailleurs meilleurs ! La différence pourrait venir d’une meilleure organisation et d’un moindre nombre de passages aux urgences en hôpital.

Selon une étude publiée récemment par la Commission Européenne et l’OCDE, la France consacre 11,3 % de son PIB à la santé toutes composantes confondues, soit la part la plus élevée de l’Union européenne. Mais le pays devrait renforcer son système de prévention, et compte relativement moins de médecins que la moyenne.

Une concertation « Ségur de la Santé » a été lancée le 25 mai pour « trouver les moyens d’accélérer la rénovation en profondeur notre système de santé. » Belle ambition mais les acteurs sont très nombreux (tous ne seront sans doute pas représentés) et avec des intérêts pas forcément convergents.

Recherche des origines du COVID-19

Quelques pays voisins de la Chine continentale ont mis en alerte leurs moyens de protections sanitaires dès les premières rumeurs. Cependant, peu d’experts et de médecins ont vu venir cette pandémie, excepté le petit groupe de médecins « lanceurs d’alerte » de WUHAN.

Le 30 décembre 2019, AI Fen, la chef des urgences de l’Hôpital central fait une inquiétante découverte. Depuis plusieurs semaines, de nombreux patients sont soignés pour une étrange infection pulmonaire. A la lecture des résultats d’analyses de l’un d’eux, elle apprend que le laboratoire en charge des tests affirme qu’il s’agit d’un coronavirus similaire au SRAS. Ces médecins seront, « conformément à la loi de la République Populaire de Chine (RPC)» interpellés et réprimandés pour diffusion de déclarations alarmistes susceptibles de « mettre  en péril l’ordre public. » L’un d’eux, le Dr LI Wenliang, ophtalmologue succombera au Covid-19. Sa mort provoquera une telle colère de l’opinion qu’une commission d’enquête désavouera la police et des autorités locales ; comme souvent en RPC.

Une ancienne et tenace propension de l’opinion publique française est d’opposer les gens de terrain et les sédentaires autrefois les « ronds de cuir ». On retrouve cet antagonisme même chez les chercheurs avec parfois des propos choquants. La confrontation des idées, la critique ont pourtant toujours été source de progrès.

Très rapidement, le professeur Didier SICARD s’est ému de la focalisation des recherches sur les traitements et vaccins et la négligence vis-à-vis de l’origine animale de l’épidémie. Il affirme qu’il faut retourner sur le terrain, étudier de plus près la chaîne de transmission des coronavirus. C’est ce qu’il essaye de promouvoir avec l’institut Pasteur au Laos.

Pour lui les serpents pourraient être des hôtes intermédiaires. « Lorsque les chauves-souris sont accrochées dans les grottes et meurent, elles tombent par terre et leurs cadavres sont dévorés par les vipères.» J’ai appris quelque chose car j’avais toujours vu les serpents se saisir de proies vivantes chaudes ! Alors, peut-être mortes et encore chaudes ?

Sur le fond on ne peut qu’être d’accord avec lui pour un retour plus important sur le terrain. 

En pratique pour ce qui concerne la Chine, encore faudrait-il que les chercheurs français ou occidentaux y soient officiellement invités. Les chercheurs chinois eux se rendent déjà régulièrement dans les grottes à chauves-souris situées à une centaine de kilomètres de Wuhan.

SHI Zhengli est une spécialiste mondialement reconnue des virus de chauves-souris. Francophile ayant étudié un temps à Montpellier puis à Lyon, elle avait convaincue Jacques CHIRAC et Jean Pierre RAFFARIN de l’aider et d’obtenir la construction d’un laboratoire P4 pour son futur institut de virologie.

TIAN Junhua est son concurrent du centre de prévention et de contrôle des maladies de Wuhan. On a pu le voir capturer et manipuler les chiroptères à mains nus ; provocation ? Ce chercheur dispose d’un laboratoire P2 situé à 300 mètres du marché aux animaux sauvages officiellement incriminé. Depuis 2003 le trafic et la consommation d’animaux sauvages sont pourtant officiellement interdits en RPC !

Virus naturel ou créé par l’homme ?

Actuellement il y a un consensus des scientifiques (contesté par le Pr Luc Montagnier) pour dire que ce nouveau virus est bien d’origine naturelle et non pas créé par des chercheurs. Mais cela ne clôt pas le débat sur le patient zéro et comment il aurait été contaminé.

Dans le passé au moment du SRAS il y a eu plusieurs fuites de virus à partir de P2 en Chine continentale, Taïwan et Singapour et certains avaient dit qu’il fallait manipuler le virus dans des laboratoires de niveau de sécurité minima P3.

Pour ce qui concerne l’Institut P4 de Wuhan, on manque d’informations fiables mais il ne paraît pas fonctionnel. Il faut dire que les « gardiens du temple sécuritaire » français puis américains se sont employés à torpiller ce projet s’agissant d’une technologie duale. Ceci non sans arguments. Savoir : on ne peut pas encore faire confiance à la RPC dirigé depuis 1921 par un parti unique dit communiste (le PCC) avec l’appui de l’Armée Populaire de Libération (APL). L’APL contrôle des entreprises comme celle qui a construit le P4 sur les plans d’une entreprise spécialisée lyonnaise. La RPC a aussi des alliés encombrants- le Pakistan et la Corée du Nord – qui ont été impliqués dans les affaires de proliférations d’armes non conventionnelles.

Questions posées par le potentiel dual civil ou militaire de recherches

S’agissant de dualité, rappelons un épisode de 2011 concernant le virus strictement aviaire le H5N1. Ron Fouchier (Erasmus Rotterdam) et Yoshihiro Kawaoka (Tokyo et Wisconsin Madison) ont créé un H5N1 « artificiel » en induisant 5 mutations. De spécifiquement aviaire ce redoutable virus se transmettait alors entre furets, mammifères privilégiés pour les études des virus grippaux.

Cela faisait suite à un moratoire sur ce type de recherche. Et partait d’un bon sentiment, à savoir avoir un temps d’avance sur l’évolution génétique naturelle pour trouver de nouveaux vaccins ou traitements. Bruno Lina et Hervé Raoul jugeaient ces recherches légitimes. Luc Montagnier pour sa part disait que les mutations qui surviennent (pour la grippe) ne sont jamais celles attendues. Pour sa part J.F Saluzzo disait que si un H5N1 devait infecter l’homme cela se serait déjà produit. Je dois cependant dire que HIS a mis plusieurs millénaires pour finalement passer du primate non humain à l’humain !

Quoiqu’il en soit  le NSABB biosécurité US a, si ce n’est interdit la publication des études, du moins imposé que les détails pratiques des procédures ne soient pas publiées. Bien sûr ces recherches peuvent avoir un caractère dual civil et militaire, encore faut-il pour avoir une arme B posséder le vaccin ou remède (comme pour la variole par exemple). Mais s’agissant d’un « savant ou terroriste fou  » désirant faire disparaître l’humanité et périr lui-même, cette précaution US est-elle utile ou est-elle au contraire néfaste car pouvant aiguiser l’intérêt et les appétits ?

Ces problématiques me semblent toujours d’actualité et les réponses difficiles.

A propos des traitements et des vaccins

Ces sujets ont suscité les polémiques les plus virulentes.

Revenons aux années 80. Apparaît alors au Canada une nouvelle méthode d’enseignement reposant sur la recherche de preuves comme méthode de raisonnement. Dix ans plus tard, l’ « evidence based medicine » EBM ou médecine fondée sur des [niveaux de] preuves s’est étendue à tout le secteur de la santé. 

Dans une société qui s’est judiciarisée, les praticiens, pas seulement les médecins, hésitent beaucoup à s’écarter des indications et des procédures pour éviter les procès. 

Dans l’ensemble, la société s’est satisfaite de cette évolution vers plus de science, plus d’objectivité, plus de sécurité. Ces études prennent un temps certains. Mais si l’on dit à un patient, même très instruit et occupant de hautes fonctions, qu’il n’y a pas de traitement pour son affection ou même que le traitement prescrit a peu de chance d’être efficace, il peut se tourner vers les « médecines ou pratiques alternatives. » Par ailleurs les preuves objectives sont difficiles à obtenir et toujours sujettes à contestations (validité statistiques, biais éventuels, méthodologie).

Pour le traitement du COVID 19, quel traitement prescrire ? En préventif ou curatif ? Une molécule unique ou en association, à quelles doses, à quel moment de l’affection ? Combien de patients inclure et avec quelles comorbidités ?

C’est ainsi qu’il semble bien improbable d’obtenir une réponse claire et définitive avant longtemps.

L’essai européen Discovery est devenu franco français, l’objectif de 3200 patients à moyen terme ne sera pas atteint. Certains pays ont rejoint l’essai Solidarity de l’OMS avec des critères méthodologiques moins contraignants, la Grande Bretagne conduit son propre essai ReCovery.

On observe aussi le peu d’enthousiasme des industriels à entreprendre ou pousser aux études de « repositionnement » des anciennes molécules. Leurs brevets sont tombés dans le domaine public et elles sont produites et vendues à bas coût. Les génériques font faire des économies à la sécurité sociale mais ont cet effet pervers secondaire ! Il faudra trouver des incitations.

Pour ce qui concerne les vaccins on observe aujourd’hui une course effrénée et paraît-il une recrudescence des essais de piratage de données. Plus d’une centaine sont à l’étude par de grands laboratoires ou instituts, aussi par des petites Start up. Les procédures d’essai ont été contractées pour gagner du temps et une procédure d’urgence de mise sur le marché est espérée. 

Seule une dizaine d’industriels ont cependant les moyens de production suffisants, heureusement assez bien répartis sur les différents continents. Ils seraient prêts à lancer une production avant d’avoir l’AMM au risque (financier  avec contrepartie ?) d’avoir à détruire les doses déjà produites. 

On ne peut cacher que la concurrence est grande entre eux mais aussi entre les différents états prêts à presque tout pour disposer de suffisamment de doses dans les meilleurs délais et ici les USA ont des avantages incontestables. La BARDA (Biomedical Advanced Research and Development Authority) service du ministère de la santé US soutient puissamment la recherche. Ils ont encore un moyen indirect mais imparable de contraindre toute entreprise commerçant avec eux ou en dollars, celui de l’extraterritorialité juridique (voir rapport Lellouche/Berger de 2016). 

Supposons qu’un vaccin soit efficace avant la fin de la pandémie, quel sera le pourcentage de la population prête à se faire vacciner ? Selon un récent sondage (projet Coconel Agence nationale de la recherche) 26% de la population française la refuserait et parmi les plus réticents se trouvent les plus vulnérables face au virus.

Le fleuron de la marine nationale victime du virus de même qu’un porte avion américain

De retour d’opération en Méditerranée Orientale, le groupe aéronaval, principalement le Charles de Gaulle, a été frappé par le COVID-19. La première contamination s’est faite à LIMASSOL (Chypre) et la principale à l’escale de BREST. Cette escale technique était nécessaire avant de repartir en exercice.

Des critiques ont reproché aux amiraux de ne pas avoir interrompu plus tôt la mission du navire et de ses bateaux d’escorte, à bord desquels 1 046 cas positifs au coronavirus ont été identifiés, 60% des effectifs du porte avion. Heureusement seuls deux marins ont été gravement atteints. 

Le général Lecointre a concédé que la question du maintien de l’escale à Brest s’était posée mais réitéré qu’au vu des connaissances du moment sur la propagation du virus, il n’avait pas été jugé nécessaire de l’annuler, la France n’étant pas encore entrée en confinement. « Les mesures qui ont été données d’autorisation de sortie en ville, qui semblaient à l’époque et en l’état de la connaissance du virus et de ce qui était appliqué comme règle en France à ce moment-là, et dans une région, en particulier l’Ouest breton dans lequel on n’avait aucune connaissance d’un moindre cas, paraissaient légitimes. ».

Deux enquêtes, une de commandement et une épidémiologique, ont été diligentées sur la gestion de la crise d’une part, le processus de contamination du bâtiment d’autre part.

La ministre des Armées, Florence PARLY, a déclaré devant la commission Défense de l’Assemblée nationale : «  Le commandement du porte-avions Charles de Gaulle et son équipe médicale ont eu une confiance excessive dans la capacité du bâtiment et de son escorte à faire face au coronavirus », mais n’ont pas commis de faute. »

Le porte-avions nucléaire américain USS Theodore Roosevelt, croisait en mars dans le Pacifique. Le commandant qui avait lancé un appel pour faire évacuer son navire contaminé par le coronavirus, a été démis de ses fonctions après avoir écrit, le 3 avril : «Nous ne sommes pas en guerre. Il n’y a aucune raison que des marins meurent » Un marin du porte-avions américain est mort de complications du Covid-19 sur l’île de Guam, où le navire contaminé par le coronavirus avait été partiellement évacué.

Le porte-avions est un lieu propice à la propagation du virus parce qu’à bord, pour les quelques 1.700 marins, la règle est la promiscuité. Pas de chambres individuelles, pour les matelots ce sont même de grands dortoirs, les sanitaires sont partagés, les coursives sont étroites et les escaliers très raides. De ce fait il est plus sensible qu’un paquebot.

Pour conclure :

La plupart des épidémies à coronavirus ou virus grippaux ont pour origine la Chine continentale. Les pays voisins qui ont dramatiquement connus le Sras, le Mers et le H1N1 comme Hong Kong, Taïwan, Corée du Sud, Singapour, Vietnam en ont tiré les enseignements et mis en place des plans et moyens de protection. Ils ont mis en place une chaîne de commandement forte et des procédures standards à activer sans attendre la confirmation officielle d’une épidémie et d’une transmission interhumaine du virus, ce qui permet de gagner un temps précieux. Leurs centres de contrôle et de prévention des maladies collaborent pour une évaluation de la menace bien plus réaliste qu’en Europe et aux États-Unis. 

Les frontières ne sont pas fermées mais les contrôles stricts sont effectifs. Les personnes pensant être infectées peuvent se faire tester facilement avec un résultat en six heures. L’hydroxychloroquine leur est recommandée en prévention. Les cas positifs se confinent avec civisme. Le port du masque est dans les mœurs et des réserves sont constituées et les approvisionnements sécurisés. Les résultats obtenus par ces pays pour lutter contre le COVID 19 ont été sans appel très positifs.

Les pays non préparés, comme la France, n’ont eu d’autre choix que d’instaurer un confinement large et de s’amputer d’une part importante de leur production économique pour aplatir la courbe des contaminations. En conséquence on observe une explosion du chômage, de la précarité et de la pauvreté.

Il y a une défiance envers les politiques ce qui est assez habituel mais aussi, ce qui l’est moins envers leurs experts. Les français ont confiance envers leur médecin traitant mais majoritairement plus envers la médecine. Peut-on vraiment leur donner tort ?

LA NEWSLETTER DU SAMA D’AVRIL 2020

COronaVIrusDisease(20)19. Que dire à ce jour ?
 Edito du Président 

Cher(e)s camarades,

Tout d’abord je formule des vœux pour que vous réchappiez, ainsi que vos proches, à cette épidémie de COronaVIrusDisease(20)19. Deuxième virus de l’espèce susceptible de provoquer des Syndromes Respiratoires Aigus Sévères SARS – CoV – 2.

J’aurais aimé vous revoir tous à l’AG du SAMA le 10 juin à Paris. A cette date le dé confinement « subtil » devrait être en cours mais je crains fort que les regroupements, surtout dans la capitale seront encore proscrits.

Pierre Saliou dont vous avez peut-être vu les interventions à la télévision a bien voulu nous donner ses commentaires éclairés sur cette pandémie et je le remercie vivement.

Au cours de ma carrière, sous différentes casquettes – d’aviateur, de compagnie aérienne, de conseil à l’industrie – j’ai été confronté à plusieurs crises sanitaires, SRAS 2003, Ebola 2014, MERS CoV 2019 et aujourd’hui le COVID-19.

A chaque fois c’est la panique chez les opérateurs aériens qui réclament d’urgence le désinfectant qui va bien pour traiter leurs avions. « Ce désinfectant est bien actif sur le COVID-19 ? Vous l’avez fait tester sur ce virus ? » Il faut alors expliquer que les laboratoires P3 qui ont la souche ont d’autres priorités comme celles d’étudier le génome du virus, de tester des médicaments ou des vaccins. Les tests d’efficacité des désinfectants ont été faits sur des souches plus anciennes de coronavirus dont la 229E qui provoque des rhinopharyngites hivernales chez l’homme depuis les années 60. Il ne faut donc pas être dupe d’arguments marketing comme « testé sur le coronavirus « , mais pour autant, le nouveau virus a comme ses cousins une enveloppe lipophile qui le rend sensible à la plupart des désinfectants dont ceux à base d’ammoniums quaternaires à concentration modérée. Bien sûr il s’agit de tests normés effectués en laboratoire, en conditions différentes de celles qui peuvent être rencontrées en réalité notamment pour ce qui concerne les souillures (sérum albumine et érythrocytes de mouton pour la norme), cependant un coefficient de sécurité est appliqué pour les concentrations en produits actifs. Il existe des guides qui présentent différents germes dans un ordre décroissant de résistance aux désinfectants. Ainsi un produit actif sur le H1N1 est réputé actif sur le corona.

Trop souvent, intuitivement, on peut penser que plus un virus est contagieux et agressif, plus il serait résistant à la désinfection. C’est loin d’être toujours objectivement vrai. Ainsi, le redoutable Ebola est relativement fragile. Lors de l’épidémie de 2014, pour que les équipages et même les équipes médicales acceptent d’aller en Guinée, il a fallu les assurer qu’ils seraient rapatriés dans leur pays d’origine s’ils venaient à contracter la maladie. Le problème principal fût le confinement et les caissons de transport. Dans l’armée de l’air française nous avions bien en stock quelques caissons NRBC mais ils n’avaient pas été sortis depuis longtemps et l’on s’est aperçu qu’ils n’étaient plus très étanches ! La quinzaine de malades évacués sur longue distance l’ont été avec des moyens essentiellement américains.

Pour la désinfection c’est l’eau chlorée qui a été utilisée en Afrique ; pas bon pour l’environnement ! Dans les structures hospitalières occidentales on avait pris, sans doute à juste titre, l’habitude d’utiliser les peroxydes et notamment l’acide péracétique auquel pas un germe ne résiste. Sauf que les cabines d’avion ne supportent pas les lavages à grande eau et surtout les agents corrosifs ! Pour être utilisé en aéronautique un produit doit être validé par Airbus et Boeing. De plus il doit être ininflammable, ce qui limite fortement l’emploi des alcools.

C’est compliqué mais on y arrive. Par exemple une association ammonium Q et aldéhyde pour les mycobactéries et spores qui sont particulièrement résistantes. A cette époque nous avions à transporter des tuberculoses ouvertes depuis Guantanamo (bagne américain à Cuba) et faire face à la psychose de la « poudre blanche » synonyme d’Anthrax !

Avec un industriel du traitement de l’avion qui avait un partenariat public/privé avec l’Université, nous avions pour objectif de proposer pour chaque cas un désinfectant adapté et utilisable en cabine d’avion. C’est alors que j’ai réalisé, au contact des virologues de VirPath Lyon, la complexité technique de la réalisation des tests d’efficacité. Ils sont même parfois impossibles, par exemple pour le virus de l’hépatite A. Il faut alors tester sur un petit virus nu légèrement plus résistant : un poliovirus. Si le produit est efficace sur ce dernier il sera réputé efficace sur celui de l’hépatite.

Après ces souvenirs personnels et considérations un peu techniques, je voudrais maintenant assurer de tout notre soutien nos camarades d’active et de réserve du SSA, aussi les volontaires qui se sont proposés de les aider. Ils sont fortement mobilisés dans les hôpitaux militaires d’infrastructure en métropole et dans les outremers ainsi que dans l’élément militaire de réanimation EMR mobile monté à Mulhouse. Sans oublier tous les personnels chargés des évacuations sanitaires par voie terrestre, aérienne ou maritime. Le SSA, seulement 1% des effectifs sanitaires du pays, démontre qu’il reste indispensable en situation de crise.

Enfin je n’oublie pas que d’autres personnels du SSA sont toujours très engagés au Sahel où se déroulent actuellement de nombreuses opérations militaires. Un autre virus, très contagieux et mortel, se répand rapidement au nord Mali près de la frontière nigérienne. Il atteint le cerveau de jeunes adolescents en complète déshérence.

L’apocalypse d’aujourd’hui peut être la chance de demain aurait dit un philosophe.

Bien amicalement.
Dr Gérard DESMARIS 

LA NEWSLETTER DU SAMA DE MARS 2020



               
LA PENSION MILITAIRE, UNE SPÉCIFICITÉ ?
 Edito du Président 

Cher(e)s camarades,

Le projet de réforme des retraites suscite toujours beaucoup d’inquiétude. Chaque jour apporte son lot de déclarations, de vraies ou fausses nouvelles ajoutant à la confusion.

Une certitude, aucun de nos adhérents ne sera impacté. Si j’osais, je dirais avec provocation « malheureusement ». En effet notre syndicat ne se renouvelle plus et depuis trop longtemps. Il n’empêche, le SAMA, par solidarité intergénérationnelle continue à se saisir du sujet des retraites. Il faut saluer la persévérance de notre président d’honneur Bernard Lefèbvre qui a participé jusqu’à ce jour aux débats du CPRM et au conseil d’administration de la CNMSS en tant que membre de la commission du CSMF.

Ce mois-ci nous allons nous intéresser  à nos jeunes camarades militaires.

Dans ses vœux aux armées, le Président de la république a insisté : « Quand on est militaire, on ne touche pas la retraite, on a une pension, c’est différent. »

C’est historiquement exact.

Dès 1670, l’institution de l’Hôtel des Invalides offre un lieu d’accueil aux soldats blessés ou trop âgés. La protection s’élargit, en 1764, avec la création d’une pension de vieillesse pour les militaires.

La Révolution française reprend l’héritage monarchique avec rationalité. Les lois des 22 août et 14 décembre 1790, prévoient l’accès à une pension à compter de l’âge de 50 ans (60 dès 1806) et après 30 ans de service.

La pension des militaires, « irrévocable, incessible et insaisissable », équivaut en principe à cette époque, au quart de la solde, son montant, calé sur les grades, prend en compte les campagnes et les blessures.

Qu’en sera-t-il demain ?

Une association nationale militaire acquiesce : «  il ne s’agit pas d’une retraite mais d’un mécanisme de revenu différé en contrepartie de nos contraintes spécifiques…astreinte permanente, éventualité du sacrifice suprême. »

Elément phare d’attractivité, cette pension est au cœur du modèle de gestion des ressources humaines des Armées. Il a été bâti sur une logique de flux pour s’assurer de disposer en permanence de soldats jeunes. A cet égard, souligne le CSFM dans son avis, l’article 47 du projet de loi ″fragilisera″ ce modèle et gommera la spécificité de la pension militaire telles que définie dans l’article 55 du Code des pensions civiles et militaires.

″Le conseil désapprouve les dispositions restrictives voir le recul significatif dans plusieurs domaines et la persistance d’incertitudes concernant le devenir des pensions militaires: ouverture des droits, réversion, modalités de calcul, cotisations employeurs, pensions minimales garanties, emploi des réservistes, disparition de la pension à jouissance différée…″.

Le coup de grâce suit. ″Le CSFM ne peut, en ce qui concerne la condition militaire, émettre un avis favorable″.

Vous trouverez dans ce numéro le compte rendu « brut » in extenso de la séance du CSFM de décembre 2019 rédigé par le collège des retraités militaires.

Bien amicalement.

Dr Gérard DESMARIS 

103 ème séance du CSFM

La 103 ème session plénière du CSFM, qui s’est déroulée du 16 au 19 décembre 2019, a bien évidemment eu pour thème central la réforme des retraites qui a donné lieu à d’intenses débats sur la tactique à adopter par le conseil. Outre la séance de clôture présidée par la ministre cette session a accueilli quatre intervenants : 

  • l’amiral Casabianca, major général des armées ;
  • le vice-amiral d’escadre Philippe Hello, DRHMD ;
  • le contrôleur des armées Étienne Knapp, chef du projet NPRM (nouvelle politique de rémunération des militaires)
  • le contrôleur général Christian Giner, chef de la cellule THEMIS.

L’amiral Casabianca s’est montré conscient de la difficulté à recruter et fidéliser et considère que la stabilité des armées repose sur leur cohésion dont les principaux éléments sont la finalité opérationnelle et le statut militaire. A cet effet il a mis en parallèle les deux dualités : ingénieur atomicien/militaire et commissaire/militaire. Abordant le sujet de la réforme de l’organisation centrale du ministère (OCM) il a précisé que c’était une réponse à une demande interministérielle et qu’il s’agissait de redonner de la subsidiarité aux états-majors et services. En effet le principe de subsidiarité est aujourd’hui parfois considéré comme une délégation sans contrôle. Par ailleurs l’administration centrale représente 6 000 personnes dont 25 % de célibataires géographiques et il est souhaitable d’avoir moins de gens à Paris pour une vie meilleure. Aussi est envisagée la création de 3 centres en région :

  •  un pôle RH à Tours ;
  • un pôle cyber à Rennes ;
  • un pôle espace à Toulouse.

En matière de réflexion capacitaire le major général  estime qu’il faut intégrer le soutien et donner sens à ses acteurs qu’ils sont toujours terriens, marins ou aviateurs. Le chantier devrait se traduire par une manœuvre infra et RH sur deux ans avec une réinjection de cadres dans les forces.

Sur le sujet de la transformation hospitalière il faut dire que le partenaire du service de santé, l’assistance publique, n’est pas au mieux de sa forme. Les hôpitaux militaires doivent être préservés et ne pas se laisser contaminer.
Par ailleurs il manque 150 médecins dans les centres médicaux des armées.

L’amiral Hello, DRHMD, a annoncé la prochaine parution d’un guide à l’usage des officiers généraux  de la 2ème section (comportement, expression…). En ce qui concerne le chantier OCM il a précisé que 5 000 postes seraient sortis du périmètre de l’administration centrale dont 3 400 pour l’EMA  et 500 fermés au profit des forces. Il souhaite conserver des commissaires et des ingénieurs militaires mais il prend bien soin d’affirmer que le rapport entre les directeurs et l’EMA est du niveau d’un arbitrage entre cabinet de la ministre et EMA : ce n’est plus un sujet de concertation. Pour lui le service de santé est devenu  quasi interministériel. En 2019 il y a eu 1 000 départs de plus que l’année précédente. Pour finir il y aura une simplification des droits du conjoint survivant.

De l’intervention du contrôleur général Giner il faut retenir les chiffres suivants :

  •  95 % des saisies de la cellule THEMIS se font de manière directe ;
  • il y a eu 93 dossiers en 2018 et 140 en 2019 ;
  • suite à un sondage parmi les militaires, 45 % des sondés connaissent la cellule  THEMIS, 39 % vaguement et 16 % pas du tout ; preuve d’une certaine confusion 2 appels sur 3 concernent le harcèlement moral.

Le contrôleur Knapp a continué de présenter le chantier NPRM mais d’une manière un peu trop décousue et éthérée sans trop être conscient de la perception de certains de ses auditeurs puisqu’il s’est pris sans trop comprendre une réaction plutôt vive d’un militaire du rang.

Le contenu de l’avis, traitant à une large majorité de la réforme des retraites  a été très débattu entre les partisans sur la forme d’une ligne modérée et ceux d’une rhétorique beaucoup plus offensive. Il n’a finalement été définitivement arrêté que le jeudi 19 décembre à midi alors que la séance de clôture débutait à 15h30. Voté tout de même à 90 % il affirme entre autres que le discours de la confiance ne tient plus et que la proportion de militaires fondamentalement contre cette réforme devenue illisible ne cesse d’augmenter. Sur le même sujet le conseil a aussi discuté de l’opportunité de demander comme en 2013 la venue du président de la république ce qui a été approuvé à 63 %. Par ailleurs si le fait de poser une question à la ministre sur la transformation hospitalière a été voté à 84 % l’insert d’un encart relatif au devenir du corps des commissaires dans le cadre du chantier OCM n’a lui été approuvé que de justesse à 50 % et 2% d’abstention. Comme cela a déjà été constaté le service du commissariat souffre d’un déficit d’opinions favorables. Comme plusieurs fois depuis l’arrivée de madame Parly  la séance de clôture a commencé par le discours de la ministre ce qui à l’usage ne s’avère pas forcément l’idéal car cela ne lui permet pas de prendre en compte l’avis du conseil. Dans ses propos elle a repris les éléments annoncés en petit comité six jours plutôt à une délégation du conseil et objets de sa lettre du 11 décembre en pièce jointe. Mais elle a aussi et surtout annoncé que le projet de loi sur la réforme des retraites serait dès la première quinzaine de janvier soumis à l’avis du conseil supérieur de la fonction militaire. Sur le simulateur elle a reconnu qu’un travail herculéen était en cours. Durant la lecture de l’avis la ministre s’est montrée particulièrement attentive et concentrée suivant l’allocution au mot près.  A la question sur la venue du chef de l’état devant le conseil elle a répondu avec un certain humour que ce n’était pas une question mais qu’elle prenait note. Sur la transformation hospitalière elle a estimé qu’il s’agissait d’une fuite dans la presse qui n’aurait pas dû avoir lieu et a invité les autorités concernées à compléter la communication car il y aura concertation. Pour le sujet des deux ans de PACS qu’elle a qualifié de question rappel elle a précisé qu’elle n’avait pas oublié et pense qu’une évolution est nécessaire. Intervenant sur la question des retraites le CEMA à une fois de plus ramé à contre-courant en déclarant qu’il fallait surtout anticiper pour absorber la réforme sans qu’il y ait thrombose. Cette attitude a confirmé que, comme le conseil  l’avait déjà constaté auparavant, les chefs d’état-major ne savent pas ou ne veulent pas faire remonter les véritables sentiments de la communauté militaire. Le général Lecointre s’est aussi montré assez maladroit en qualifiant la demande d’un véritable plan blessés de « prédiction auto réalisatrice » en estimant que le parcours actuel fonctionnait bien et qu’il fallait stopper les effets d’annonce. Il faut dire que la secrétaire d’état, madame Darieussecq, avait fait preuve de superficialité et de langue de bois dans sa réponse. En fin de séance la ministre est revenue sur la question des retraites en faisant de façon inopportune l’article politicien sur les éléments positifs d’une réforme dont la première application n’interviendra qu’en 2037. Elle a aussi conclu que pour les militaires pension ne signifie pas retraite. Si la ministre a toujours su conserver sérénité et recul ce n’a pas forcément été le cas de ses grands subordonnés et en particulier de son directeur de cabinet qui a tenté, à l’occasion du buffet post-séance, de discréditer l’avis en instrumentalisant les conditions de sa rédaction et en oubliant tout de même qu’il avait fait l’objet d’un vote à une très large majorité. Lors d’une réunion impromptue et tardive au retour à l’Ecole militaire le conseil a bien entendu exclu tout remaniement de l’avis mais a accepté, compte tenu de la situation politique du pays, une diffusion différée de son avis… En attendant le conseil est convoqué dès le lundi 13 janvier pour une semaine très dense exclusivement consacrée à l’examen du projet de loi sur la réforme des retraites avec au milieu les vœux du président de la république aux armées.

Le collège des retraités militaires du CSFM

LA NEWSLETTER DU SAMA de FÉVRIER 2020



               
 Edito du Président 

Cher(e)s camarades,

Depuis plusieurs mois des groupes djihadistes multiplient les attaques dans la vaste zone sahélienne. Ils entretiennent une insécurité chronique pour les populations et infligent de lourdes pertes aux armées locales qui sont amenées à abandonner leurs positions.

Notre jeune camarade Marc Laycuras est mortellement blessé par un engin explosif lors du passage de son véhicule. Malgré les soins prodigués par les équipes médicales présentes sur le terrain, il décède le 2 avril 2019. Le 25 novembre 2019, 13 militaires français périssent dans le crash de deux hélicoptères en intervention en conditions particulièrement difficiles.

Le dispositif Barkhane suscite de plus en plus d’interrogations tant en France qu’au sein des opinions publiques africaines. Vers un enlisement ? La France trop seule ? Pas de garantie de succès même avec un puissant engagement international ?

Un journal guinéen résume bien le dilemme : « la France, amie de dirigeants souvent en déliquescence avec leurs peuples, a besoin du soutien et de l’adhésion de ces mêmes peuples ».

Une clarification et un coup de fouet étaient nécessaires. Le 13 janvier dernier, lors du sommet du G5 Sahel à PAU les six présidents présents ont convenu de définir un nouveau cadre d’intervention de leurs armées. Le Président français porte à 600 le nombre de soldats supplémentaires alloués à Barkhane.« 

L’essentiel des renforts sera déployé dans la zone dite des trois frontières » (Mali, Burkina Faso, Niger) ; « Une autre partie de ces renforts sera engagée directement au sein des forces du G5 Sahel pour les accompagner au combat » », a indiqué dimanche 2 février un communiqué de la ministre des Armées.

Par ailleurs le Charles de Gaulle rejoint la Méditerranée orientale. Pendant un mois, “il renforcera la participation de la France à la lutte contre le terrorisme au sein de l’opération Chammal, composante française de la coalition internationale contre Daech”.

Une augmentation des effectifs en opération signifie une augmentation du soutien santé, alors même qu’il est déjà sollicité à l’extrême. Il manquerait une centaine de médecins selon un rapport sénatorial. Pour la Directrice centrale du SSA, cela a une conséquence négative sur la fidélisation du personnel, « usé prématurément », mais aussi sur la préparation opérationnelle et la formation continue.

Le SSA a besoin de médecins d’active  mais aussi de réservistes et de médecins contractuels. Tous ont vocation à rejoindre un jour le SAMA. Encore faut-il se connaître les uns et les autres.

En octobre 2019, mon ami le MGI Pierre LECUREUX, alors Directeur de la médecine des forces, la DMF installée à Tours en septembre 2018, m’avait d’emblée promis d’expliquer le positionnement et la fonction de cette nouvelle structure à nos adhérents. Je remercie le Lieutenant Vincent MOULAY, son officier communication, pour la rédaction de cet article et les photos.

Bien amicalement.

Dr Gérard DESMARIS 

LE SOUTIEN SANTÉ DES FORCES FRANÇAISES EN 2020

La composante « médecine des forces » du service de santé des armées (SSA) assure le soutien médical de proximité des forces armées et de la gendarmerie nationale. Soumis à une forte sujétion opérationnelle, elle est engagée dans une démarche qualité intégrant l’innovation et le développement de la numérisation, afin d’améliorer les conditions de l’exercice professionnel et de développer l’attractivité de la médecine des forces, enjeu majeur pour la fidélisation des ressources humaines et le recrutement.

La tête de chaine de cette composante est la direction de la médecine des forces (DMF), autorité organique sur les 16 centres médicaux des armées (CMA), sur 3 chefferies du service de santé (pour la force d’action navale, les forces sous-marines et les forces spéciales) et sur le service de protection radiologique des armées (SPRA). La DMF est également l’autorité technique des 8 directions interarmées du service de santé implantées outre-mer.

Les principales missions de la DMF sont les suivantes :

  • Préparer le soutien médical opérationnel de 1er niveau.
  • Organiser le fonctionnement des établissements de santé au contact des forces armées et de la gendarmerie.
  • Faciliter et sécuriser les pratiques relatives à l’activité médico-militaire, notamment à travers le déploiement d’Axone, le projet de digitalisation, au sein des antennes médicales.

Le directeur de la médecine des forces est le médecin général inspecteur Jean-François BOIN depuis le 13 décembre 2019. 

NEWSLETTER DE JANVIER 2020

Chers Camarades, 

Nous pensions cette année en raison de quelques gilets jaunes qui déambulaient encore dans Paris, mais surtout en raison des grèves SNCF, Métro et Bus que notre réunion se réduirait à peau de chagrin où nous serions 3 ou 4 rebelles à être présents. Et bien non ! à notre grand étonnement nous étions 15 convives à nous retrouver dans la joie et la bonne humeur et de plus sous le ciel de Paris extrêmement bleu et agréable.

Grâce à votre générosité, la Tombola de Noël 2019 a rapporté au SAMA, 1660 €. Ce qui est loin d’être négligeable en ces temps difficile sans compter les dons qui ont été fait tout au long de l’année par nos fidèles bienfaiteurs dont je tairais le no pour ne pas les gêner.

Les 8 tirages de cette tombola ont été faits à la fin du repas. 

Les heureux gagnants sont les Docteurs :

  • Pierre Saliou N° 56 qui gagne le livre « Devoirs de Mémoire »,
  • Michel Robert N°163 qui gagne une bouteille de Gevrey Chambertin,
  • François David N° 240 qui gagne une bouteille de Gevrey Chambertin
  • Alain Michel N° 175 qui gagne une bouteille de Gevrey Chambertin,
  • François Chassaing N° 114 qui gagne une bouteille de Gevrey Chambertin
  • Roger Sud N° 55 qui gagne une bouteille de Gevrey Chambertin,
  • Pierre Saliou N°250 qui gagne une bouteille de Gevrey Chambertin, et qui l’offre généreusement à Christine l’Assistante du Syndicat,
  • Daniel Meynard N° 203 qui gagne le livre « L’ancre et la Caméra » 

Nous vous remercions à nouveau de votre participation et nous vous souhaitons à toutes et à tous de très bonnes fêtes de fin d’Année.

P. S. : VOUS TROUVEREZ CI-JOINT VOTRE APPEL A COTISATION DU SAMA 2020.

Gerard DESMARIS

Président du SAMA

Remise de la Médaille du SAMA à notre Assistante, Mme Christine le PAHUN

Mr Georges DURAND, Président de l’ASNOM

LA NEWSLETTER DU SAMA DE NOVEMBRE 2019

 
  
 Editorial du président

Le samedi 05 octobre 2019 aux écoles militaires de santé de Lyon Bron, 106 élèves médecins et pharmaciens de deuxième année ont été baptisés au cours d’une cérémonie militaire présidée par la directrice centrale du SSA.

Votre serviteur, président du SAMA, son secrétaire général adjoint Michel ROBERT, invités par la directrice centrale et le commandant des écoles de santé militaires ont assisté à cette belle cérémonie de tradition.

Cinquantenaire oblige, les promotions 1969 de LYON et BORDEAUX étaient présentes. De la promotion des carabins rouges et verts « STRASBOURG »* j’ai eu plaisir et émotion à revoir de nombreux camarades. La promotion sœur navalaise porte le nom médecin lieutenant des TDM René DURIS.

Genoux à terre, les élèves ont reçu leur nom de promotion : médecin colonel Henri FRUCHAUD. Externe des Hôpitaux de PARIS il interrompt ses études en novembre 1913 pour venir sous les drapeaux. Il s’illustre lors des plus grandes batailles du premier conflit mondial. Il reprend et termine ses études après la victoire. Interne des hôpitaux au début du deuxième conflit mondial il s’engage en 1940 comme chirurgien dans les forces françaises libres dont il devient rapidement le directeur du service de santé. Il participe aux campagnes d’Afrique et du Moyen-Orient. Après-guerre il poursuit une carrière de clinicien et d’enseignant en Orient. De retour en France il est frappé d’une hémorragie cérébrale en plein travail en 1960. 

Compagnon de la Libération
Le 11 août 1960 La France Libre vient de perdre en la personne du professeur Fruchaud un de ses premiers fidèles, des plus fervents, qui par sa science et son dévouement acharné fut le bienfaiteur de beaucoup des nôtres. Car beaucoup de nos blessés du Moyen-Orient et d’Italie, et particulièrement de la 1re D.F.L., lui durent la vie après de terribles blessures, lui durent de conserver le maximum de ce qui pouvait être sauvé de leur intégrité physique.  

« L’héritage que vous recevez de votre parrain est celui de la médecine militaire dans chacun de ses aspects: l’adhésion sans limites à la communauté militaire, en acceptant autant les risques qu’elles encourent que les objectifs qu’elle poursuit, l’adaptation à un contexte dur, jamais choisi, toujours changeant, pour développer et assumer une pratique originale et performante et la nécessité de ne jamais oublier les leçons chèrement apprises » a déclaré le MG Ausset, commandant les EMSLB.

Cette fin d’année 2019 a vu honorer un médecin vétéran des FFL, n’oublions pas Guy Charmot son doyen varois décédé le 7 janvier à l’âge de 104 ans.

Après cette page d’actualités et de mémoire, je souhaite vous voir nombreux à PARIS le samedi 14 décembre pour notre réunion de fin d’année.

Le président d’honneur Philippe PEU DUVALLON s’est très impliqué dans les instances provençales de la CARMF il est donc tout qualifié pour parler des préoccupations de cette caisse de retraite des médecins libéraux.

La période est incertaine et l’on ne peut que rester vigilant et observer au jour le jour les réformes en cours. Le conseil d’administration du SAMA est favorable à une position intersyndicale concertée pour la défense des retraites des camarades qui effectuent une seconde carrière libérale.

Il n’est pas inutile de rappeler pour les plus jeunes, trop peu nombreux d’entre nous, que les relations entre le SAMA et la CARMF ont été un temps, tendues, alors que l’obligation de cotiser ne donnait pas droit à percevoir une retraite civile. C’est une victoire syndicale d’avoir fait disparaître cette injustice.

Gérard DESMARIS
Président du SAMA           

médecin colonel Henri FRUCHAUD

Les carabins* des promotions 1969.

*Ce terme, appliqué aux médecins, provient de la carabine de voltigeur dont étaient dotés, au XVIIIe siècle, les élèves médecins de l’Hôpital Militaire d’Instruction de Strasbourg. Ceci vaudra à ces élèves, puis à ceux de l’École Impériale du service de Santé Militaire, implantée dans cette même ville, le nom de « carabins rouges et verts » (rouge pour les médecins, vert pour les pharmaciens).

Livre d’or baptême promotion 69 Strasbourg, Michel Debré, ministre de la défense

GRAVES MENACES SUR LES RETRAITES DES LIBERAUX CARMF

RAPPEL 

La CARMF verse trois régimes d’allocations :

  • 1° la retraite de base pour 21% qui dépend de la CNAVPL Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse des Professions Libérales pour laquelle elle n’est que l’organisme payeur. A noter que celle-ci verse déjà environ 900 euros par an et par assujetti aux régimes déficitaires.
  • 2° le régime complémentaire pour 69 %. Il est le seul entièrement géré par la CARMF. 
  • 3° l’ASV Allocation Supplémentaire Vieillesse dirigée par la Sécurité Sociale depuis la première convention. La cotisation est partiellement versée par la Sécurité Sociale pour les médecins de secteur I en contrepartie de l’abandon de la liberté tarifaire. Le blocage des honoraires a entrainé un effondrement de ses ressources.

En outre : 

  • 4° le régime invalidité décès.
  • 5° CAPIMED régime de capitalisation par cotisations personnelles, facultatif. 

Les allocations sont toutes versées par la CARMF et les cotisations sont toutes perçues par elle-même. La liberté est réduite au régime complémentaire.

HISTORIQUE DES FAITS ACTUELS RELATIFS AU PROJET DE REFORME DES RETRAITES   

La CARMF a été informée le 13 juin 2019 d’un projet d’unification du recouvrement des cotisations sociales, projet confirmé par une réunion à la Direction de la Sécurité Sociale le 23 juillet 2019. Peu après celle-ci a demandé à ce que la totalité des cotisations de retraite soient désormais versées à l’URSSAF au plus tard à partir de la fin de l’année 2019, la CARMF n’ayant plus qu’un rôle de payeur avec ce qu’on lui reversera. Le Conseil d’administration a demandé 

  • la suspension de cette opération jusqu’à l’entrée en vigueur de la loi sur la réforme des retraites 
  • le maintien du recouvrement par la CARMF des cotisations de retraite des médecins libéraux, conformément au respect des préconisations du HCRR (Haut Commissaire  à la Réforme des Retraites) de non démantèlement des caisses de retraite dans le cadre de la future réforme.

LA REFORME 

Le Rapport de Mr Jean-Paul DELEVOYE préconise le remplacement des 42 régimes de retraites par un système universel de retraites selon un principe de cotisations par points et non plus par annuités.  

C’est d’ailleurs ce que fait déjà la CARMF.

LES PROBLEMES

Le prédécesseur de l’actuel président de la CARMF, le Dr Gérard MAUDRUX, déclare que l’on va vers “l’étatisation de la totalité de la retraite avec disparition de toutes les caisses actuelles, réduites au rôle d’interface sans aucun pouvoir ”. L’exemple de l’étatisation du RSI a été un désastre. Nous n’oublions pas qu’un décret de 2017 a imposé à la CARMF de placer une partie de ses disponibilités en emprunts d’Etat avec un rendement bien moindre de ses placements habituels avec déjà des conséquences sur le montant des retraites et une hausse des cotisations

Le devenir de nos provisions techniques, aussi appelés réserves, pose un problème.  Elles sont le fruit de nos cotisations et d’une gestion rigoureuse, ce qui n’est pas le cas d’autres régimes. Elles sont faites pour passer le cap des années où il y aura moins de médecins cotisants et plus de retraités. On craint la mainmise de l’administration sur ce qui nous appartient. La FMF parle de “ holdup”.

Le président de la CARMF Thierry LARDENOIS, médecin généraliste estime que les cotisations baisseraient de 20% et les retraites de 30%, en l’état du projet, à condition qu’il ait la totalité de ses années de cotisations. Le rapport de DELEVOYE prévoit une durée de 44,3 ans, ce qui compte tenu des dates d’installation des médecins pour les plus rapides, obligerait à exercer jusqu’ 70 ans

La préconisation du Haut Commissaire aux retraites, délégué auprès de la Ministre des Solidarités et de la Santé, de hisser l’assiette de cotisations à 3 PASS (plafond annuel de la Sécurité Sociale), soit 120.000 euros, rendrait impossible toute constitution de retraite complémentaire. De plus les cotisations seraient calculées d’après les revenus bruts, avant déductions des frais professionnels.

La disparition de l’AVS entrainerait celle de la convention. 

LES REACTIONS

Nous avons vu celles de la CARMF. Mais les autres libéraux, kinés, infirmières libérales, avocats … sont aussi concernés. Une importante manifestation, dont vous avez entendu parler, a déjà eu lieu en Septembre.  Les avocats ont été reçus par les autorités sans avoir de réponses valables. 

Les syndicats représentatifs des médecins libéraux ont convenu de défendre ensemble les positions suivantes :

  • Les droits acquis doivent être respectés à l’euro près
  • Le rapport cotisations/prestations doit dans tous les cas être préservé afin de pouvoir maintenir le niveau actuel pour les générations à venir.
  • Les provisions techniques (réserves) constituées dans le régime complémentaire par les sur-cotisations des médecins doivent être exclusivement consacrées à la sécurisation de leur retraite et rester aux médecins.
  • Une éventuelle modification du circuit de recouvrement des cotisations ne doit pas être faite avant la mise en place de la réforme.
  •  Les frais de gestion de l’ensemble de l’ensemble des circuits doivent être réduits pour ne pas impacter le produit financier de leurs cotisations.
  • Les missions sociales de la CARMF doivent être maintenues au bénéfice de la solidarité interprofessionnelle.
  • Les médecins libéraux doivent obtenir la place qui leur est due dans la gouvernance du régime universel projeté.
  • La réforme doit respecter les bases du contrat conventionnel qui comporte l’Avantage Social Vieillesse ASV.

Ensemble, ils ont porté ces revendications auprès de la Direction de la Sécurité Sociale.

Nous ne sommes pas seuls. Il va y avoir une coordination avec les autres professions libérales.

Je pense que les membres du SAMA et tous nos camarades exerçant ou ayant exercé en libéral sont concernés. 

Le prochain congrès de l’UNAPEL (Union Nationale des Associations de Professions Libérales) aura lieu à Paris le 6 décembre 2019.  Il sera consacré aux problèmes de retraites. Il serait bon que le SAMA y soit représenté par un médecin libéral en activité ou en retraite.

Dr Philippe Peu Duvallon

Président d’honneur du SAMA

LA NEWSLETTER DU SAMA D’OCTOBRE 2019

 
  
 Editorial du président
Le pouvoir des mots.

« En parlant, nous ne cherchons pas toujours à constater un état de fait, mais à accomplir quelque chose. » écrivait John Austin, philosophe anglais (1911-1960).

Le langage permet à l’homme d’exprimer des pensées, pour ce faire il utilise des mots qui ont une capacité à agir sur la réalité voire ont une certaine magie.

Pour Confucius, « si les mots ne sont pas ajustés, le langage n’est pas adéquat. »

Reconversion vient du préfixe itératif « re » à nouveau et du latin « convertere » tourner ou changer complètement, faire passer d’un état dans un autre, convertir. La reconversion professionnelle se définissait comme une démarche visant à changer de métier ou de statut.

Depuis quelques années, il y a de moins en moins de parcours professionnels linéaires marqués par deux temps principaux : l’entrée dans le monde du travail –« entrée dans la carrière »- et la sortie par retraite.

De nos jours, le parcours professionnel est défini comme « une succession de positions professionnelles, une série de statuts et d’emplois clairement définis. » (Mazade 2009). C’est une suite de changements transitoires reliés par des transitions.

D’où l’ajustement du langage à l’évolution du modèle social. Par exemple, le congé individuel de formation (CIF) a été remplacé, à compter du 1er Janvier 2019, par le compte personnel de formation de transition professionnelle (CPF) de la Loi Avenir Professionnel du 5 septembre 2018.

La démarche qui vise à changer d’orientation pour aller vers un métier ou un statut sensé être plus épanouissant doit cependant toujours être murement réfléchi, surtout lorsqu’il n’y a pas de contrainte immédiate. Dans ce domaine il n’y a pas de moyens magiques. L’accompagnement, les échanges d’information, les témoignages sont indispensables. C’est une des missions du SAMA.

Gérard DESMARIS
Président du SAMA

Le mot juste pour comprendre et se faire comprendre

Michel ROBERT, notre secrétaire général adjoint, a fait partager au Bureau sa judicieuse perplexité en découvrant cette annonce du Service Général pour l’Administration du Ministère des Armées (SGA) jointe à son relevé des frais médicaux de la Caisse Nationale Militaire de SS : VOUS ETES MILITAIRE, VOUS SOUHAITEZ EVOLUER VERS UN EMPLOI CIVIL (FIN DE CONTRAT, RETRAITE, PROJET PERSONNEL, ETC.) DEFENSE-MOBILITE PEUT VOUS AIDER A PREPARER VOTRE TRANSITION PROFESSIONNELLE. ”J’ai du m’y reprendre à deux fois, écrit-il, pour comprendre que mobilité = reconversion ou transition professionnelle”.

Bernard LEFEVRE, président d’Honneur fort avisé, connaît le parcours et son aboutissement et ses explications montrent l’importance d’user du mot juste pour comprendre et se faire comprendre. Il écrit : “M’étant beaucoup penché sur cette reconversion des militaires, voici quelques précisions sur cette terminologie et sur l’action du SAMA en ce domaine. En 2006, chaque armée avait un service dédié à la Reconversion, ce qui faisait un peu désordre pour un éventuel employeur, susceptible de recevoir des représentants de chacun d’eux dans le même but. Il a donc été décidé (nous y sommes personnellement pour quelque chose…) de monter une Agence unique et de placer la reconversion dans un sens très positif, celui de la réalisation d’une nouvelle étape de carrière et non celle d’un échec professionnel, d’où le terme de mobilité et non de reconversion. Je passe sur les nouvelles contraintes qui obligent ainsi le militaire désireux de passer à une nouvelle étape professionnelle à s’insrire obligatoirement à une Agence pour l’Emploi (démarche plutôt humiliante).

En ce qui concerne l’action du SAMA en ce domaine, notre Syndicat s’est plutôt manifesté au niveau du Service de Santé des Armées (SSA) qui lui a demandé à l’époque d’être son Agence officielle pour la reconversion suite à la sortie de la 2e édition de son Guide, financée par le SGA et dédicacée par le Directeur central du SSA.

En échange, ce Guide devait être remis à chaque candidat au départ, ce qui s’est fait dans certains cas, pas systématiquement hélas, vu la réticence de certains ”sous-fifres” (puissances de l’Administration n’adhérant pas aux décisions du Chef) ! Il nous a été promis dix fois de faire connaître le SAMA au sein du SSA lors de rencontres directes à l’occasion de réunions mais cela est toujours resté hélas lettre morte… Plusieurs articles ont été faits dans ”Actu-Santé”, le journal du SSA.

Dans la pratique, du temps où il y avait des permanences du SAMA rue de Tocqueville (Zimmer ou moi-même), il était habituel de recevoir des camarades concernés par cette problématique. Actuellement, faute d’offres, il n’y a plus de candidats et je le regrette : c’est peut-être quelque chose à relancer. Je réponds encore aux trop rares sollicitations. Probablement que je ne suis pas le seul. Je crois qu’on pourrait faire mieux”.

Bernard LEFEVRE ajoute que ce serait une excellente idée de refaire une présentation du SAMA aux médecins d’active par “Actu-Santé” (qui est lu par tous les membres du SSA et dont il existe une version électronique facilement consultable sur “actu santé ssa” ou “actu santé ministère des armées”) ; c’est une demande à faire au nouveau DRH, le Pharmacien Général Gilles GRELAUD, lors d’une prise de contact prochaine. Il suggère aussi de relancer les réunions régionales et souligne enfin que “le travail en cours de refonte du Guide, à laquelle notre Président s’est attelé, doit être notre priorité”.

Michel ROBERT complète par des remarques intéressantes : 

  • “A noter dans le dernier n° 2019 d’Actu Santé pp. 46 et 47 consacrées à la Communication. Elle s’est nettement améliorée avec des fiches techniques des métiers du SSA mais aussi, oh surprise, l’ouverture d’un compte sur Linkedin dans le but de recrutement. Peut-être une piste à creuser pour le SAMA ?
  • On y apprend également que le SSA est sur la plateforme Remplafrance, c’est dire la problématique de la DRH en la matière.
  • Enfin, pour compléter ce sujet, je reçois à mon domicile sous l’intitulé “cabinet du Dr ROBERT”, une information publicitaire avec proposition d’abonnement à GPS Santé (concurrent ou analogue de Doctolib). Que fait-on de la protection des données personnelles ? Il est vrai que dans le secteur marchand on se fait ouvrir les portes facilement ! ”.

LA NEWSLETTER DU SAMA DE SEPTEMBRE 2019

 
  
 ÉDITO DE RENTRÉE SEPTEMBRE 2019

Beaucoup d’entre vous rentrez sans doute de vacances à la mer, à la montagne, de contrées lointaines ou plus proches. Partis pour recharger vos batteries, suivant les conseils des addictologues vous avez peut-être déconnecté tous vos moyens de liaison avec le monde qui, lui, ne s’est pas arrêté de tourner.

Vous revenez de vacances et cherchez à savoir ce que vous avez raté ? « Notre générateur de récapitulatif de l’actualité est pour vous » annonce un grand média national.

Je vais vous le faire gratuitement, bien sûr au prisme de mes yeux et de mon parcours.

Fin Juin, comme à chaque Salon du Bourget, je suis passé au stand du Ministère des Armées. Le SSA  présentait l’IRBA et des productions de la DAPSA. Une jeune attachée d’administration  » chargée d’affaires recherche et innovation » était présente. J’ai pu savoir que le SSA cherchait à se procurer un grand nombre de mannequins pour formation aux situations d’urgence, sans doute aussi pour la formation aux premiers secours des volontaires du nouveau service national universel. Je me suis également rendu sur le stand de mes amis de l’Institut de Radioprotection et Sûreté Nucléaire avec lesquels j’avais participé à la mise en œuvre du système de mesure par vol de l’exposition au rayonnement cosmique. J’ai appris avec satisfaction que cet IRSN (civil) coopérait avec le CTSA de l’hôpital militaire Percy pour la mise au point d’une nouvelle stratégie thérapeutique pour les brûlures radiologiques. Le CTSA est en effet en pointe sur la production des cellules souches mésenchymateuses.

Sensibles à la crise climatique et à l’activisme d’une très jeune suédoise invitée à l’assemblée nationale, vous avez peut-être eu honte de prendre l’avion pour partir en vacances. L’aviation responsable de 2% des émissions d’origine humaine n’a pas attendue cette année pour les réduire et a un objectif très ambitieux de réduction supplémentaire de 75% pour le CO2 et de 90% pour les NOx d’ici 2050.

Le 14 Juillet Franky Zapata évoluait devant la tribune présidentielle sur sa planche volante. Après un premier échec, il réussissait le 4 août la traversée de la Manche. Ce sportif de haut niveau est un constructeur de machine volante autodidacte. Il a été handicapé à l’école par une dyslexie et une dysorthographie, plus tard il n’a pu passer le brevet de pilote non professionnel car il ne satisfaisait pas aux normes médicales d’aptitude pour la vision des couleurs. Il a dû récemment faire face aux difficultés d’obtention des autorisations administratives pour expérimenter son flyboard.

Le 21 juillet l’humanité a célébré le cinquantenaire des premiers pas de l’homme sur la lune, succès historique de la mission Appolo 11. Neil Armstrong était devenu une icône de l’odyssée de l’espace pour ma génération. Né en 1930, il avait du faire des petits boulots pour se payer des cours de pilotage.

Bien sûr ce programme résultait d’un engagement total et jugé politiquement prioritaire dans la compétition entre l’Est et l’Ouest. La population a majoritairement accepté ce défi malgré des besoins « terrestres » importants dans cette période d’après seconde guerre mondiale. Etait aussi acceptée par la société américaine, les politiques et les astronautes la possibilité d’un échec. L’équipage d’Appolo 11 avait une chance sur deux de ne pas revenir vivant sur terre. D’ailleurs Aldrin a cassé lors de l’alunissage le levier de l’interrupteur du moteur du module lunaire qui a, après bricolage, heureusement pu démarrer pour décoller.

A cette époque personne ne pensait à un retour sur investissement sur le plan économique. Aujourd’hui, toute l’économie dépend de l’espace. Sans satellite plus de paiements bancaires, plus géolocalisation, plus de réseaux électriques et de communications…Tout est régulé depuis l’espace. 

En 1967 les nations de l’ONU ont signé le « Traité sur les principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique », dit familièrement traité d’interdiction de militarisation de l’espace. Si aujourd’hui il n’y a pas d’armes au sens traditionnel du terme en permanence dans l’espace, tous les systèmes militaires sont contrôlés depuis l’espace. Mieux surveiller l’espace et protéger ses satellites est devenu primordial pour les puissances spatiales. Ainsi un grand commandement français de l’Espace sera créé le 1er septembre sous l’égide de l’Armée de l’Air ; il sera basé à Toulouse. Il n’en demeure pas moins qu’il serait dangereux que certains états renient le traité initial d’interdiction de placer des armes dans l’espace. De même il serait dangereux que certains essayent de contourner la difficulté en passant sous les radars avec des missiles hypersoniques d’autonomie quasi illimitée. L’explosion du 8 août dans la région d’Arkhangelsk serait un essai raté d’un missile de croisière à propulsion nucléaire Skyfall.

Le 17 juillet, l’OMS déclaré comme urgence sanitaire l’actuelle épidémie à virus Ebola qui touche notamment la RDC et le Rwanda tout en préconisant de laisser les frontières ouvertes. Cette nouvelle épidémie a moins suscité d’intérêt dans les médias que celle de 2014-2016. Il y a eu certes moins de décès, 1700 depuis l’été 2018 contre plus de 11 000 pour la précédente. Les leçons organisationnelles ont été retenues, des traitements et vaccins sont disponibles bien qu’en nombre insuffisant.

Au plan national, plus de 200 services d’urgences restent en grève ; des médecins retraités reprennent quelques jours de service. Les pénuries de certains médicaments persistent ; certains préconisent d’en faire fabriquer par une pharmacie nationale du type de la DAPSA militaire. La rentrée sociale se prépare avec la révision des lois de bioéthique, la réforme des retraites notamment.

Des villes comme Nantes ont encore connu des échauffourées, mais aussi Moscou et Hong Kong. Même slogan des manifestants : « contre les violences policières, pour la démocratie. » Deux concepts peut-être différents d’un pays à l’autre !

Cet inventaire à la Prévert incite, me semble-t-il, à la réflexion. Comment trouver un point d’équilibre entre les tyrannies de toutes sortes – normes de sécurité, médicales, administratives, etc.- et le laxisme absolu ; ou encore entre une ouverture sur le monde ou un repli autour de son clocher. Plus de tolérance est indispensable ; cette capacité humaine à accepter et respecter des idées qu’on désapprouve ou que l’on ne comprend pas.

Cet été Jean LARTIGUE s’en est allé. Fidèle parmi les fidèles du SAMA. Son regard reflétait la bonté, sa voix était apaisante. Nous ne l’oublierons pas.

Gérard DESMARIS
Président du SAMA  

IN MEMORIAM JEAN LARTIGUE

Jean Lartigue reste à jamais pour moi cet adhérent providentiel qui accepta, lors de l’assemblée générale du 15 mai 1993, de me succéder dans les fonctions de secrétaire général de notre syndicat. Oui, providentiel ! Depuis plus d’un an je cherchais celui à qui je pourrais passer la charge que m’avait imposée dès 1978, en quelque sorte d’autorité en faisant appel au sentiment, le Président Gilbert Mimoune lors d’un dîner chez le Professeur Scarbonchi, membre du conseil d’administration. Sans le moindre succès. La situation devenait pressante, car j’avais décidé de quitter Paris lorsque je prendrais ma retraite à 65 ans, en mars 1994. C’est alors que me vint l’inspiration d’explorer systématiquement la liste alphabétique de l’annuaire du SAMA. Ce fut le nom de Lartigue qui retint mon attention, pour la raison que cet adhérent, retraité en 1985, y figurait comme exerçant la Médecine du Travail, avec la mention de Trésorier adjoint de la Société de Médecine du Travail Est-Paris, ce qui permettait d’augurer d’une certaine disponibilité. Je ne me souvenais pas l’avoir rencontré depuis son adhésion, et c’était donc pour moi un parfait inconnu. Je l’appelais cependant sans plus tarder. Je fus immédiatement conquis par l’accueil, l’intérêt, la bienveillance, à mille lieux des propos embarrassés qui esquivaient régulièrement ma demande. A tel point que dès ce premier entretien je proposais à l’improbable oiseau rare d’assister « pour voir » au conseil d‘administration préparatoire à l’assemblée générale ordinaire convoquée le 15 mai 1993, avec à l’ordre du jour la relève du Président et du secrétaire général. Le test du conseil d’administration s’avérant d’emblée concluant, tant pour Jean Lartigue que pour les administrateurs présents, le généreux inconnu que j’avais in extremis sorti de mon chapeau allait endosser une charge exigeante. Une équipe rajeunie prendrait en mains les destinées du syndicat qui, en vingt ans, avait conquis toute sa place au soleil. La tâche était captivante. Entrant à peine dans la vie civile, j’en avais en toute inconscience pris pour quinze ans. Jean Lartigue, au moment où je lui passais le service, se doutait-il qu’il en ferait, à sa manière, encore plus ?                                                                                                                                             

Il appartient aux présidents, Philippe Peu-Duvallon et Bernard Lefèvre, de dire ce que furent ces années, de disponibilité constante, d’efficacité éprouvée, de fidélité aussi à la médecine militaire dont nous gardons la fierté lorsque nous quittons l’uniforme.                                                                     Et puis cet esprit de camaraderie, cet esprit de corps, qui fondent l’engagement total que nous admirons chez celui qui va nous manquer cruellement au moment de faire face aux défis que nous réserve un avenir incertain.

Yves PIRAME

Jean, mon ancien secrétaire général, mon ancien vice-président, mais aussi mon voisin et mon ami, nous a quittés.

Tous vos témoignages concordent bien : il était à la fois la discrétion et l’humour, mais aussi la culture et la ténacité, il était encore à la recherche permanente de justice et d’équité cherchant à ne jamais léser qui que ce soit, à l’écoute de tous, désireux d’offrir le meilleur au travers de ses diverses responsabilités.

 Nous avons partagé le même enthousiasme au sein du SAMA auquel il s’est vraiment beaucoup donné pendant une quinzaine d’années.

Les événements familiaux douloureux qu’il a affrontés l’ont évidemment beaucoup marqué mais il avait gardé cette délicatesse du cœur et de l’esprit qui faisait de lui un être exceptionnel. 

Je ne sais rien de ses obsèques auxquelles je souhaiterais me rendre. 

Avec chacun d’entre vous je m’incline devant ce vrai camarade et ce très fidèle ami. 

Je pense très fortement aux siens qui étaient vraiment pour lui l’essentiel de sa vie.

Je sais qu’il ne nous a pas complètement quittés. 

Son départ doit nous rapprocher davantage encore.

Bernard LEFEVRE

En effet, j’avais des liens particuliers. Pendant toute la période où j’ai été président du SAMA, Jean a été un secrétaire général efficace et dévoué.  Nous avions noué une réelle amitié. Nous prenions souvent nos repas ensemble avant les réunions de bureau ou de Conseil d’administration. Il a poursuivi son activité avec Bernard Lefèvre qui m’avait succédé et était très fidèle aux réunions physiques ou téléphoniques. Il représentait aussi le SAMA dans une association d’anciens officiers s’occupant de leur reconversion   dans le civil à une époque où il y avait d’importantes difficultés. Il y était très apprécié et y avait un poste important. A ma demande, il était venu animer une réunion que j’avais organisée à Toulon. Bref, c’était un véritable ami et je le pleure comme vous.

Philippe PEU DUVALLON

Il est toujours triste de voir partir un camarade avec lequel les ans ont tissé des liens d’amitié. Je rejoins les sentiments exprimés par tous pour souligner sa gentillesse, sa discrétion et tout ce qu’il a apporté au SAMA. Je le revois à l’école et pense à tous ceux de sa promotion que j’ai connus. Ceux que je pourrai éventuellement joindre s’associeront à nous pour honorer sa mémoire.

Daniel LAVAUD

Souvenir de l’Assemblée Générale du SAMA en 2010 au Val de Grâce à Paris.