Archives de catégorie : La vie du SAMA

Bioforce, épidémies et Vaccination de masse

LA NEWSLETTER DU SAMA du 11/03/2021

Edito du Président 

Chers et chères camarades,Notre vie est toujours rythmée par les contraintes liées à l’état d’urgence sanitaire.Un espoir cependant : pour le Pr Bruno LINA « la troisième vague pourrait être la dernière ». Les variants du SARS CoV- 2 se multiplient –anglais, brésilien, sud-africain, finlandais, new yorkais…-mais restent très similaires. Cela voudrait dire, d’après le directeur du centre lyonnais de référence des virus respiratoires, que le virus n’arrive pas à s’échapper des contraintes immunitaires qu’il rencontre et que même si les taux d’incidence augmentent dans certains territoires, la phase de décroissance serait proche. Si on arrivait à accélérer la vaccination, le retour à une vie plus normale à court terme serait alors possible. La Commission Européenne a déjà conclu des accords avec huit laboratoires ayant mis au point un vaccin ; ce qui représente un potentiel de plus de 2,5 milliards de doses. Mais si l’on a plusieurs vaccins qui ont fait leur preuve d’efficacité, il manque d’usines pour les produire rapidement en nombre suffisant. De plus les vaccins ne pourront mettre un terme à la pandémie que si tous les pays reçoivent des doses de façon rapide et équitable. La responsable scientifique de l’OMS prévient : « nous n’allons pas atteindre l’immunité collective en 2021.Autre point sensible, le manque de néopolypropylène, matière de base pour la production des films de masques chirurgicaux mais aussi du petit matériel de laboratoire en plastique comme les cônes de pipettes pour tests. Une seule source importante et actuellement active de matière première se trouve en Corée du Sud.Lors du dernier bureau, Michel ROBERT-DE FOI a suggéré le thème « Bioforce et vaccination de masse. » Il nous relate l’historique de la Bioforce des armées ainsi que sa participation à l’intervention lors de l’épidémie de choléra fin 1993 à DJIBOUTI.Le concept BIOFORCE est né dix ans après une meurtrière épidémie de méningite cérébrospinale A au Brésil, jugulée par une vaccination de masse. Il est pour moi tentant d’interroger l’histoire pour savoir si toutes les leçons en ont été tirées et si certaines auraient servi à mieux combattre la COVID-19. Il convient cependant de rester prudent car le « monde », les sociétés humaines, les organisations, les industries…ont bien changé.Si vous avez des questions sur ce thème ou des expériences personnelles, faites-en part  pour une prochaine news letter. Quelques nouvelles pour ceux et celles qui sont toujours affiliés à la CNMSS. Sur les 883 personnels de la caisse à Toulon, 62% sont en présentiel sur le site. Les autres sont en télétravail mais en mode dégradé car sans matériels informatique adapté pour traitement des dossiers. Suite aux mesures de confinement la caisse militaire a observé chez ses ressortissants une baisse de 30% des interventions chirurgicales, de 20% des endoscopies et de 20% des AVC. Ce qui n’est pas de bon augure pour l’avenir.Le 4 février dernier, les membres du conseil d’administration dont votre serviteur fait partie ont approuvé la convention de partenariat (ASIAM) « qui a pour objet de définir les modalités et conditions selon lesquelles la Cnam met à disposition les services, applications et supports informatiques  permettant à la CNMSS, dans un environnement sécurisé, d’assurer pour le compte de ses bénéficiaires et de ses autres tiers, la gestion du régime obligatoire d’Assurance Maladie ainsi que ses missions déléguées, c’est-à-dire les soins aux invalides de guerre et les accidents imputables au service. » Cette bascule informatique devrait en principe être transparente pour les affiliés. Vérifier quand même vos remboursements sur AMELI.Bien amicalement.

Gérard DESMARIS
Président du SAMA  

LA NEWSLETTER DU SAMA 

Bioforce Militaire, épidémies et Vaccination de masse
 
HISTOIRE DE LA TASKFORCE DU SSA (1983-2001) DANS LA LUTTE CONTRE LES ÉPIDÉMIES
 
par le DR MICHEL ROBERT-DEPOI


PISTOLET À INJECTION HYPODERMIQUE SANS AIGUILLE


Il était une fois la Bioforce, à la fois module et organisation militaire humanitaire, isolée de l’Elément Médico Militaire d’Intervention Rapide (EMMIR)et amenée à être projetée en un temps record pour répondre à des demandes extérieures (OMS, militaires ou civiles étrangères) de crises épidémiques. Elle pouvait inclure une campagne de vaccination de masse, quand un vaccin était disponible.
Le module (matériels, équipements, labos mobiles, unités de traitement de l’eau…) était stocké à la pharmacie centrale d’Orléans qui en assurait la maintenance. Les vaccins fabriqués et mis à disposition par les Laboratoires Mérieux de Lyon. La logistique et le transport assurés par l’armée de l’Air au départ de l’aéroport de Lyon-Bron. Les personnels desanté étaient prélevés sur l’Institut de Médecine Tropicale du Pharo, l’HIA Laveran et sur une liste RENHOSP (Renfort Hospitalier) de  spécialistes volontaires et comportait pour chaque départ un chef de mission, épidémiologiste, des biologistes et techniciens de laboratoires, des médecins cliniciens, pédiatres et  des infirmier(e)s. D’autres personnels administratifs et logisticiens complétaient le dispositif.
La bioforce était exemplaire par sa souplesse et sa réactivité. Mais aussi par son organisation et la polyvalence de ses professionnels de santé, tous tropicalistes expérimentés issus du Pharo (leur maison mère depuis 1905) et en capacité d’adapter leur pratique à n’importe quelle situation et zone géographique.
 En outre, chaque fin de mission faisait l’objet d’un retour d’expérience permettant d’améliorer le dispositif (utilisation du DERMOJET et/ou du pistolet hypodermique IMOJET, Ringer sous poches plastifiées en relais du verre incompatible avec le fret aérien, pratique de la perfusion par voie intra osseuse (VIO) chez les enfants déshydratés …).
En presque 20 ans, ce sont 26 missions de la Bioforce qui seront réalisées, en Afrique, en Amérique latine et dans les Balkans sous la houlette de l’Institut de Médecine tropicale du Pharo.
 
Origine :
 
La bioforce est née dans les années 80 de la rencontre de deux fortes personnalités lyonnaises ;
–  Charles Mérieux, médecin biologiste, directeur des laboratoires Mérieux, spécialisés en méthodes de diagnostic des maladies infectieuses et alors fabricant de vaccins dont le vaccin de la méningite A+C.
 –  Léon Lapeyssonnie, issu de l’ESSA de Lyon, opte en 1936 pour le corps de santé colonial. Médecin tropicaliste, il est sensibilisé, dès le début de son premier séjour en Afrique, au combat mené contre la trypanosomiase africaine par les équipes mobiles créées par Jamot. Il va s’en  inspirer dans la lutte contre d’autres fléaux endémo-épidémiques tels  le choléra et la méningite à méningocoque qui deviendra son cheval de bataille. Au point de donner son nom à la « Ceinture de la méningite de Lapeyssonnie » pour désigner la progression du méningocoque tueur qui parcourait périodiquement les pays de la bande sahélienne de Dakar à la mer rouge. Plus tard, de passage au Pharo, il mettra en route l’unité de recherche des méningocoques appelée à devenir centre collaborateur de l’OMS.
L’alliance avec Mérieux et la mise au point d’un vaccin antiméningococcique.  A et C par ce dernier jettera les bases de la création de la Bioforce.
Ce concept connaîtra son apogée en 1974 au Brésil où grâce à la production Mérieux, ce ne sont pas moins de 90 Millions de Brésiliens qui bénéficieront de la vaccination contre la méningite A+C en moins de six mois !!
Le choléra a été également la source de fréquents appels à la Bioforce depuis 1965 (nous en sommes alors à la 7°pandémie) à la faveur des catastrophes hydro- climatiques et de désordres sociaux en tous genres. Nombreux sont parmi nous ceux qui, en poste isolé, se souviennent d’avoir vacciné au dermojet sous les ailes de DC3 ou qui pour d’autres ont traité, dans des hôpitaux sous tente, des milliers de patients réduisant considérablement la mortalité (TL. naturelle 50% ==)> 1%)
 
L’Histoire de la Bioforce Militaire fait remonter sa filiation au début de l’aventure du Service de Santé Colonial. N’ayons pas peur des mots. Un historien écrira que « la seule chose que l’on pourrait reprocher au Service de Santé Colonial c’est d’avoir été indirectement à l’origine du boom démographique africain » Et nos confrères anglais admiratifs iront même jusqu’ à le qualifier de « French system ».
Dès 1910, en effet, le service de santé colonial, en collaboration avec les instituts Pasteur d’OM et d’autres Centres de recherche africains et asiatiques met en place une médecine mobile originale pour faire face à des affections endémiques bien identifiées. Les médecins pionniers et leurs équipes étaient alors amenés à quadriller des zones géographiques parfois étendues pour évaluer, recenser et traiter ou vacciner.
Ce seront pour commencer les équipes Jamot de lutte contre la maladie du sommeil (tournées en marguerite). Puis suivront pour ne citer que les principaux :
 En 1945, Le Service Général d’Hygiène Mobile et de Prophylaxie (SGHMP)
 En1957, les services nationaux des Grandes Endémies qui vont s’attaquer à la trypanosomiase, au paludisme, à la lèpre, l’onchocercose, aux tréponématoses aux méningites à méningocoques et à la variole. La proclamation par l’OMS en 1976 de l’éradication de cette dernière en Afrique et dans le monde par la vaccination donnera lieu à la remise par le CDC d’Atlanta à l’Institut de médecine tropicale du Pharo d’une plaque commémorative rendant hommage aux médecins militaires qui n’ont pas hésité à « aller jusqu’au bout du chemin » pour remplir leur mission
En 1965, et donc au début des indépendances africaines. Labusquière crée le service de médecine préventive et d’hygiène publique avec un volet PMI et Couverture vaccinale. Viendront ensuite les Plans élargis de Vaccination (PEV) appuyés par l’OMS, UNICF, Rotarys …et pilotés par la nouvelle génération de médecins africains.

Épilogue :
 
En 2001, la Bioforce a cessé d’exister suivie en 2013 par la fermeture du Pharo. En cause, le désengagement de la France face à une coopération multilatérale dans les pays en voie de développement, la réduction des effectifs et des budgets et la réorientation du SSA vers le soutien exclusif des forces notamment dans le cadre des Opérations Extérieures (OPEX). Une page est tournée sur le savoir-faire de cet organisme qui n’a bénéficié que d’une communication interne et a reçu son coup de grâce le jour où des ONG, par médias interposés, ont réussi à imposer l’idée que « militaire ne pouvait rimer avec humanitaire ». Le SSA continue néanmoins au sein de l’Institut de Recherche en Biologie des Armées (IRBA) à suivre et à surveiller l’évolution des maladies infectieuses de par le monde dans le cadre de la prophylaxie des unités et de l’aptitude opérationnelle de ses personnels.

Et maintenant ? Face au Covid :
Le succès de la lutte contre les épidémies en Afrique comme en Asie fut le résultat d’une collaboration étroite entre des chercheurs et des hommes de terrain qui ont su partager les succès comme les échecs au prix d’un dévouement et d’une ténacité dans des conditions d’exercice difficiles, au péril de leur vie. En ont résulté des découvertes majeures (Peste, Paludisme) et la mise au point de nouveaux vaccins (Peste à Tananarive et Fièvre Jaune à Dakar).  Les 18 Instituts Pasteur OM étaient alors en mesure d’assurer la fabrication de la totalité des vaccins. 
  
Le  Monde  a changé :
Sous l’égide de l’OMS, La Santé Globale a émergé avec son mot d’ordre  « ONE HEALTH » Et Il faudra
s’habituer à la notion de Santé Internationale et aux programmes internationaux de lutte et d’aide humanitaire  aussi nombreux que concurrentiels.
Les Instituts Pasteur d’OM ne fabriquent plus de vaccins. Pas plus que Bio Mérieux (côté en Bourse)  orienté vers  la biologie industrielle, l’immunothérapie et la recherche en sciences nutritionnelles. 
Face au Covid 19, La vaccination s’avère le seul recours pour un retour à une vie sociale et économique normale mais avec un triple défi ; organisationnel, logistique et financier.
Les pays du Sud et de l’Union Africaine (UA) en particulier, qui n’ont pas de stratégie du carnet de chèques pour se procurer « ce bien commun universel », vont se trouver dans une situation d’apartheid vaccinal. Mais déjà la Chine vient combler ce déficit d’aide occidentale. 
La stratégie quasi militaire d’Israël, qui a déjà vacciné la moitié de ses 9 millions d’habitants, sera à suivre quant aux résultats à court et moyen termes.




 
Reste à espérer que cette période critique soit propice à l’imagination et à l’innovation. C’est déjà le cas avec le pistolet hypodermique canadien Med-Jet (tiens le revoilà), le nanopatch vaccinal de l’australien M. Kendall ou le spray nasal thérapeutique qui s’avèrent prometteurs.
                                                                    Michel Robert, le 24 Février 2021
 
 
 
 
DJIBOUTI 93 À REBROUSSE CHEMIN :
Dr. Michel Robert
 
C’est en ce début de juillet 93, une arrivée sur fond de Khamsin, ce vent du désert qui fleure bon le 3 fois 50 (50 Km/h, 50° à l’ombre et 50j.). Nous n’en souffrirons, paradoxalement, que pendant nos périodes de repos !
C’est l’extraordinaire travail de la Légion Etrangère (13°DBLE) qui nous a livré en 48h chrono un hôpital sous tentes avec une poche d’eau de 4000l, l’électricité et une dizaine de toilettes abritées en bord de plage, un luxe.
C’est du crésyl et du Chlore à volonté, deux ingrédients essentiels.
C’est la rencontre avec l’ONG. MSF Hollande présente depuis plusieurs mois, assez démunie face à une épidémie mais disposant d’une charmante porte-parole anglais, qui, chaque samedi, se rend à Nairobi pour faire un point presse auprès de Reuter, AFP… No Comment !! 
C’est l’aéroport bouclé tous les midis alors qu’on y attend le ravitaillement sanitaire. Une très haute personnalité vient y contrôler la qualité du Khat frais en provenance d’Addis-Abeba.
Mais c’est surtout une aventure humaine sans précédent, sept semaines durant, marquée par la reconnaissance (des yeux) de nos soignés qui, malgré leur extrême pauvreté, s’accrochent encore à la Vie silencieusement et avec dignité.

09/03/2021 INFOS CORONAVIRUS  DERNIÈRE MINUTE
Dr. Michel Robert
 
 Où l’on apprend que :
    -Le service SSA des armées a ouvert au Public 4 centres de vaccination dans ses hôpitaux de Clamart (Percy), Bordeaux, Metz et Toulon et qu’il est présent à Mayotte en renfort de lits de réanimation, la surpopulation de l’Ile s’avérant être un très bon starter d’épidémie,
    -L’Institut Pasteur a encore 3 candidats vaccin à l’étude qui seront validés sans doute en fin d’année 2021. Mais quid de la chaine de production ?
    – la France, n’ayant sans doute pas confiance en ses ressources humaines ou étouffée par ses organismes de Santé Publique tentaculaires, fait appel depuis plusieurs mois à des cabinets privés étrangers (Mc Kinsley Compagny, Kantar Health) pour leurs conseils en stratégie vaccinale. Un comble !
    -Que l’Europe, par la voie de Thierry Breton, est sur la voie d’un partenariat avec les USA pour la mise en place de chaines de production mondiales localisées sur ces 2 continents. Vous avez dit Guerre au Coronavirus et Conseil de défense ? Voici venir son industrie d’armement.
 
 
CONCEPT BIOFORCE ET VACCINATION DE MASSE
Dr Gérard DESMARIS

Septembre 1976, frais thèsé je suis invité comme tous les camarades de la promotion 69 par « Monsieur Jean » (Mérieux). Visite de l’usine de production de Marcy l’Étoile suivie comme il se doit à Lyon d’un bon repas. L’Institut Mérieux est encore tout auréolé de son succès brésilien contre la flambée de méningite cérébrospinale A (MCSa) deux ans plus tôt.
Mais revenons aux années 60, au début de cette histoire, c’est-à-dire l’épopée de Léon Lapeyssonie et Charles Mérieux.
Le médecin général Lapeyssonie est alors détaché par l’IMTSSA comme consultant à l’OMS pour sa connaissance des épidémies africaines et notamment celles de MCSa. Il est très inquiet de l’observation in vitrod’une sulfamido-résistance grandissante de souches de méningocoques sérogroupe A qui sont les plus fréquentes au sahel. Un vaccin serait le bienvenu. Louis Greenberg du Laboratoire d’Hygiène d’Ottawa qui avait réalisé deux types de vaccins antiméningococciques (germe entier et germe lysé) apparemment bien supportés, mais à l’efficacité pas assez démontrée, laisse tomber ses recherches. L’OMS envoie alors Lapeyssonie discuter avec l’Institut Pasteur de Paris. Le secrétaire général adjoint de l’IP, le Dr Mercier, ne croit pas au danger de la sulfamido-résistance sur le terrain (c’est avant l’épidémie de FÈS de 1966-67) et refuse de s’investir dans la mise au point d’un vaccin. L’OMS se tourne alors vers l’Institut Mérieux. Lapeyssonie avait rencontré Charles Mérieux à Tunis en 1960. Après réflexion avec ses équipes (Triau, Donikian), reconnaissant qu’il n’avait aucune compétence dans le domaine de ce type de vaccinations, il accepte néanmoins le challenge assuré de l’aide de l’IMTSSA /Pharo (Dr Faucon) mais aussi de l’OMS, de l’Institut Rockefeller (Emil Gotschlich et son vaccin polysaccharidique).
Plusieurs essais du vaccin à germe entier menés à partir de 1967, le premier à Yako, ne peuvent prouver leur efficacité ; enfin ceux menés avec un vaccin polysaccharidique en 1972-73 en Égypte et au Soudan sont totalement concluants.
Les flambées épidémiques dans la ceinture africaine dite de Lapeyssonie commencent à être circonscrites, comme celles en lien avec les pèlerinages vers La Mecque. 
C’est dans ce contexte que surgit en 1974 au Brésil une épidémie de méningite de souche africaine. Un début d’épidémie de MCS à sérotype C, fréquent en Amérique, avait débuté en 1971. Puis était apparue à l’hiver 1973 une épidémie à sérotype A qui, étant plus épidémiogène avait supplanté le C. Le but est de vacciner 80% de la population soit environ 80 millions d’habitants contre les deux sérotypes.
En 1974 l’Institut Mérieux était le seul au monde à avoir développé et produit un vaccin antiméningococcique A. Il sera seul à traiter avec le Brésil sur le sol duquel il est présent depuis 1946. 
Nous sommes en période estivale ; les personnels sont rappelés, les chaînes de production tournent nuit et jour. Tous les fermenteurs, centrifugeuses, lyophilisateurs sont réorientés vers cette production au détriment de certains vaccins vétérinaires. La construction d’une nouvelle usine est programmée. 90 millions de doses seront produites en six mois ! La production journalière des chaînes a été multipliée par cent. A cette date Alain Mérieux a pris la direction exécutive de l’Institut, Charles qui rêvait de « vacciner tous les enfants du monde » préside sa fondation.
Cependant l’aspect logistique a été sous-estimé. Finalement Air Inter assure le pont aérien entre Lyon et Paris, puis la Varig entre Paris et les villes brésiliennes. Les autorités locales assurent la logistique pour vacciner la population au moyen du Ped’o jet américain, pistolet hydraulique injecteur sans aiguille. Le Brésil est un état fédéral de plus de 8 millions de kmavec des mégapoles et des étendues de faible densité humaine. Ceci explique la disparité d’efficacité de la logistique. Les dix millions d’habitants de São Paulo sont vaccinés en cinq jours, quasiment toute la population brésilienne le sera en six mois. L’épidémie est jugulée.
L’Institut Mérieux est depuis longtemps un spécialiste des sérums (antirabique, antitétanique, anticoquelucheux…). Il extrait aussi des gammaglobulines à partir de placentas. Lapeyssonie avait déjà convaincu Mérieux de l’intérêt des gammaglobulines spécifiques antiméningoccociques en traitement préventifou curatif, surtout pour les plus jeunes enfants ; elles doivent être injectées dans le liquide céphalorachidien. Leur intérêt est aussi d’être plus rapidement et facilement produites.
L’opération Jeanne d’Arc n’aura pas lieu ! Charles Mérieux a obtenu l’accord de l’amiral Joire-Noulens, chef d’état-major de la marine pour faire vacciner par le SSA les quelques 1100 membres des équipages de la Jeanne (capitaine de vaisseau Brac de la Perrière) et de la frégate Le Forbin qui doivent faire escale à Rio de Janeiro après une relâche aux Antilles françaises. Lors de cette relâche le Centre de transfusion des armées ferait les prélèvements de sang qui seraient expédiés à Lyon pour extraction des gammaglobulines à livrer aux brésiliens. Paulo de Almeida Machato, le Ministre de la santé du Brésil y était apparemment favorable mais l’importation/exportation de produits sanguins est un sujet sensible pour Brasilia qui ne donnera pas son feu vert.
L’expérience du Brésil aboutira 10 ans plus tard, à la création de la BIOFORCE.
Son but : frapper vite et fort avec une organisation du travail sans faille.
En fait il faudrait dire bioforces, avec la création à Lyon, sous l’impulsion du Dr Charles Mérieux, de la première école de logistique humanitaire ainsi que d’une bioforce militaire.
La Bioforce militaire résulte d’une convention signée en 1983, entre le Ministère de la Défense, le Ministère des Affaires Etrangères, le Ministère de la Coopération et la Fondation Mérieux. (Elle sera révisée en 1996 Meccano industriel de parties prenantes oblige).
En mai 1983, Charles Hernu, ministre de la défense, Etienne Carrot, président de la chambre de commerce et d’industrie de Lyon, signent deux protocoles d’accord qui fixent les conditions de la mise en place sur l’aéroport de Lyon-Bron, situé à proximité de l’école de santé militaire, de la Force d’assistance humanitaire militaire d’intervention rapide (FAHMIR), conçue comme une  » force de frappe humanitaire capable en moins de vingt-quatre heures d’être à pied d’œuvre en n’importe quel point du globe « . Les industriels s’engagent à stocker des lots de certains vaccins et produits biologiques.
La FAHMIR groupe plusieurs éléments complémentaires qui, isolément ou associés, peuvent intervenir, à la demande d’États touchés par des catastrophes naturelles ou par des épidémies de grande ampleur. Ces éléments sont : une antenne chirurgicale aérotransportable ; l’élément médical militaire d’intervention rapide (EMMIR) et la bio-force militaire. On peut ajouter la Cellule d’Identification des Victimes de Catastrophes (CIVIC). Le ministre avait auparavant déclaré de façon lyrique :  » J’aime cette image du soldat auxiliaire de la médecine, qui connaît la force des armes mais qui, en même temps, et dans la même action, soigne, nourrit, construit, bref sait également être une force de paix « .  » Pourquoi ne pas créer une force européenne d’intervention humanitaire, pas nécessairement militaire, d’ailleurs, et l’implanter ici, à Lyon-Bron, au cœur de l’Europe ? « 
La Bioforce militaire interviendra une vingtaine de fois en 25 ans pour des vaccinations de masse (MCS, choléra, rougeole), maîtrise d’épidémies de paludisme, surveillance épidémiologique (dans les camps réfugiés par exemple). Après 2000 le contexte change, le format du SSA change. Il intervient de façon plus interministérielle et internationale comme par exemple lors de l’épidémie meurtrière à virus Ébola en 2014. (C’est dans le laboratoire P4 à Lyon que la souche du virus à l’origine de l’épidémie a été identifiée en mars 2014).
La bioforce civile dans laquelle la Fondation Mérieux est encore aujourd’hui partie prenante, continue à former environ 1500 étudiants par an aux nombreux métiers de l’humanitaire. En 35 ans elle a changé plusieurs fois de nom (association, institut), de direction et de locaux.
Il a toujours existé des relations entre le SSA, les armées et cette école. Le médecin général Lapeyssonie sera de son vivant le parrain de la promotion 1983.

POUR RÉSUMER ET CONCLURE
BIOFORCE est née dix ans après une meurtrière épidémie de méningite cérébrospinale au Brésil jugulée par une vaccination de masse. Il est tentant d’interroger l’histoire pour savoir si toutes les leçons en ont été tirées et si certaines auraient servi à combattre la COVID-19. Il convient cependant de rester prudent car le « monde », les sociétés humaines, les organisations, les industries…ont bien changé.
Nous avons d’abord une bactérie, le méningocoque A qui devient résistant aux antibiotiques et va supplanter le méningocoque C en Amérique, particulièrement au Brésil en 1973/74. Aujourd’hui nous avons une pandémie virale à COVID-19 avec des mutants plus contagieux, plus agressifs que le virus originel dont ils prennent la place. Le monde entier est touché mais le Brésil, encore une fois particulièrement. On observe cette capacité d’adaptation des germes, bactéries comme virus. Dans les deux cas une vaccination de masse semble l’espoir ultime.
Oui, à l’époque, l’Institut Mérieux a rapidement mis au point et produit un vaccin contre la MCSa. Mais n’oublions pas qu’il a tâtonné plusieurs années avant d’opter pour un vaccin innovant à polysaccharidescapsulaires en place du vaccin à germe entier. C’était alors le seul institut au monde à pouvoir proposer ce vaccin.
Aujourd’hui nous avons plusieurs vaccins disponibles contre le Covid-19. Ils ont été développés en moins d’un an. Les plus efficaces résultent encore d’une innovation savoir l’utilisation d’un ARN messager de synthèse. L’utilisation de l’ARNm est vraiment une rupture technologique et peu sont ceux qui y ont cru. Elle vaudra peut-être un prix Nobel à Katalin KARIKO.
Disposer d’un vaccin c’est bien, encore faut-il pouvoir le produire rapidement en quantité suffisante.
En 1974, l’Institut Mérieux avait réussi à multiplier sa production journalière du vaccin antiméningococcique par cent. Ceci au prix d’un effort exceptionnel de ses personnels et en réorientant ses chaînes sur ce seul vaccin, quitte à acheter les vaccins amenés à manquer auprès des concurrents. Dans le même temps une nouvelle usine, seule solution pérenne sortait de terre. Aujourd’hui, encore une fois, nous constatons un souci de production des vaccins. Elle est rendue peut-être plus difficile du fait de leur complexité et de la technicité demandée. Cependant l’on voit la bonne volonté de certains laboratoires pour produire ou aider à produire un vaccin. C’est aussi leur intérêt lorsque des chaînes sont peu sollicitées. Sanofi va produire des vaccins Pfizer BioNtech et Johnson and Johnson, en attendant de produire son propre vaccin pas encore homologué. Force est de constater que l’on n’a pas d’industrie de production adéquate pour répondre à un besoin urgent massif.
Le point faible de la campagne de vaccination de masse au Brésil en 1974 a été la logistique. État fédéral, avec de grande disparité de densité de population, chaque région a été responsable de la logistique locale. Son efficacité a été jugée inégale. Cependant l’objectif de vacciner 80% de la population soit 80 à 90 millions de personnes a été atteint en six mois. Pour la pandémie actuelle Covid-19, il est peut-être un peu tôt pour tirer des enseignements tant que l’on ne dispose pas de suffisamment de doses. La discussion porte plutôt sur la stratégie vaccinale : qui vacciner en priorité et avec quel vaccin.
Un point soulevé en 1974 est important : pour juguler une épidémie il vaut mieux compter sur un ensemble de moyens car la seule vaccination peut être insuffisante car pas assez rapide ou inadaptée à certaines catégories de personnes (voir la proposition de recours à la sérothérapie). C’est toujours vrai aujourd’hui et peut être encore davantage. En effet après-guerre la société était pro-progrès et pro-vaccination, ce qui n’est plus le cas.
Enfin je terminerai par l’interview du 14 janvier dernier d’Alain Mérieux « vieux sage aux fulgurances » selon les journalistes du média Lyon décideurs.
« Humilité, ambition, goût du risque et innovation, ardente nécessité du partage » sont les cinq leçons à retenir.
Pour en savoir davantage :
–        Histoire du développement, de la production, et de l’utilisation du vaccin contre la méningite A (1963-1975) Baptiste Baylac-Paouly Thèse soutenue le 22/11/2018 LYON IHAL Id: tel: 02003244https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02003244
–        Interview Claude Lardy ancienne secrétaire générale de la fondation Mérieux et présidente d’honneur de Bioforce. https://www.youtube.com/watch?v=zPPGLzWYNHE
–        Interview Alain Mérieux président de la fondation Mérieux https://www.youtube.com/watch?
–        La BIOFORCE Militaire, exemple de moyen humanitaire gouvernemental J.P. BOUTIN Med-Trop2002; 62:386-390

LES VŒUX DU PRESIDENT ET DES MEMBRES DU BUREAU ET DU CA

18/01/21

Edito du Président du 18/01/2021

Chères et chers camaradesNous sommes entrés dans la deuxième année de la pandémie de Covid-19 et tentons de faire face à ses vagues meurtrières successives. En cette mi-janvier le couvre-feu a été avancé de deux heures et généralisé à tout l’Hexagone en espérant éviter un nouveau confinement dur. L’apparition de variants du virus originel, a priori plus transmissibles, inquiète. Le britannique VOC 202012/01 a déjà été retrouvé dans 50 pays, le sud-africain 501Y.V2 recensé dans 20 pays et récemment un nouveau variant  « amazonien ? » a été identifié au Japon sur quatre personnes en provenance du Brésil.La vaccination débutante donne l’espoir d’un contrôle de la crise sanitaire dans quelques trimestres. L’émulation et la coopération entre instituts, laboratoires, start-up ont permis la mise au point de vaccins efficaces et sûrs en un temps record. Cependant, mi-décembre, la France était le pays le plus réfractaire à la vaccination 56% des français n’envisageaient pas alors de se faire vacciner contre la Covid 19. Aujourd’hui, mi-janvier, un sondage indique un renversement de tendance, c’est heureux au pays de Pasteur. La crainte d’effets secondaires après une mise au point très rapide explique une grande partie des réticences, ce qui se comprend. Une partie de la défiance a pour origine les campagnes de vaccination contre l’hépatite B des années 90, vaccin à l’époque incriminé dans l’apparition de scléroses en plaque. La campagne vaccinale contre la grippe H1N1 en 2009 a aussi semé la confusion dans l’opinion publique. Une partie de la population reste persuadée que la campagne de vaccination sert à enrichir l’industrie pharmaceutique dans le cadre d’une collusion avec le Gouvernement. En cause, les théories conspirationnistes sur l’origine de l’épidémie et sur les vaccins qui circulent sur les réseaux sociaux. Le succès du documentaire « Hold Up » en atteste. Les réseaux sociaux ont changé la politique. Massification et dérèglementation de l’information auraient aussi des effets sur le cerveau humain et sur notre manière de débattre écrit Gérald Bronner- sociologue membre de l’Académie nationale de médecine-dans son livre « Apocalypse cognitive ». Nous aurions une tendance naturelle à privilégier les contenus les plus clivant, les plus simples et les plus violents, au détriment des plus nuancés propices aux compromis. Il y a là un grand défi pour les années à venir.Si les armées françaises ont pour l’instant été peu mises à contribution dans la campagne débutante de vaccination contre le Covid-19, elles ont assuré le transport de super-congélateurs outre-mer et des 30 000 premières doses de vaccin en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie. Quatre spécialistes de la logistique ont été détachés au ministère de la Santé.La médiatisation de la vaccination a éclipsé les recherches sur les traitements, notamment le repositionnement d’anciennes molécules comme l’ivermectine ou la nitazoxamide ; c’est dommage.Les gestes barrières resteront longtemps encore nécessaires. Le port du masque n’est plus uniquement obligatoire dans les espaces clos mais aussi aux abords des écoles, dans certaines rues très fréquentées, et même dans des villes entières comme Paris. Nous ne retrouverons sans doute jamais plus le monde d’avant, nous ne pouvons qu’espérer un monde d’après crise plus vivable socialement parlant.Une pandémie se nourrit toujours de la misère et du désordre du monde. Ce sont malheureusement des maux en pleine expansion.Depuis des décennies, les armées françaises interviennent pour maintenir un certain ordre, sous pavillon ONU, UE, OTAN ou national. Aujourd’hui, l’épicentre militaire de la crise dans la bande sahélo saharienne se trouve au Liptako Gourma, aux frontières du Mali, du Niger et du Burkina Fasso, zone abandonnée par ces états africains. Trois groupes terroristes distincts sont en rivalité pour son contrôle. Les djihadistes laissent faire les trafiquants d’armes, de drogue, de carburant, de médicaments, en prélevant des taxes ou une part de la marchandise. La moitié des militaires français tués en OPEX depuis 2013 l’ont été dans cette zone, dont le jeune médecin Marc Laycuras en 2019. Nous pensons bien sûr fortement à eux. De nouveaux véhicules blindés légers vont être livrés, mais face à 40 kg d’explosif le meilleur VBL ne peut protéger ses occupants. La détection des engins explosifs improvisés IED pourrait être améliorée avec l’utilisation de radars pénétrateurs de sols.Les militaires et leur famille sont, comme la population générale, touchés aussi par la Covd-19 ; de nombreuses et intéressantes mesures ont été prises. Je vous invite à les consulter sur le site https://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/ministere-des-armees-covid-19. La crise sanitaire impacte fortement l’activité opérationnelle qui devrait revenir à un niveau satisfaisant en septembre d’après l’état major.La crise sanitaire a des répercussions politiques sur le calendrier des réformes. La fermeté sur les dossiers régaliens comme la sécurité globale est affirmée, le projet de loi sera examiné dans les prochaines semaines. Le projet de loi « climat » sera défendu au printemps. En revanche le report au prochain quinquennat de l’emblématique réforme des retraites est acté. Cependant, Bruno Lemaire, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, réaffirmait la nécessité de cette réforme qui fusionnerait tous les régimes en un seul. Du coup la réforme devrait devenir un sujet pour la présidentielle.Le Haut Comité d’Evaluation de la Condition Militaire dans son 14 ème rapport, de juin 2020, intitulé « Les pensions militaires de retraite, finalités, état des lieux, enjeux d’une réforme » fait part de ses réflexions. Je vous joins une synthèse de cet épais document qui met en relief les points qui pourraient avoir des effets bénéfiques et ceux qui pourraient être négatifs. Il formule des recommandations qu’il conviendra de soutenir lorsque le projet de réforme viendra en discussion au Comité Permanent des Retraités Militaires CPRM. Il s’agira en particulier de maintenir la spécificité des pensions militaires qui ne sont pas qu’une assurance vieillesse mais aussi un outil de gestion des ressources humaines des armées qui permet de régénérer les forces et de conserver leur jeunesse relative. Le Haut Comité souligne qu’en assumant les neuf dixièmes du régime des pensions militaires, l’Etat ne finance pas tant un déficit qu’une politique de défense. Je vous demande de bien vouloir me faire part de vos commentaires.Le Médecin général des armées Philippe Rouanet de Berchoux, nommé directeur central du service de santé des armées à compter du 31 octobre 2020, a favorablement répondu à la demande d’entretien avec le SAMA formulée par notre secrétaire général. Notre présence au CPRM doit être un atout important pour le SSA en vue de faire remonter des messages hors chaîne institutionnelle directe. Plus nous serons nombreux, plus nous seront entendus. C’est pourquoi il est capital aujourd’hui d’enrayer la chute naturelle de nos effectifs. Nous n’avons plus la ressource humaine nécessaire, déjà pour gérer au jour le jour le syndicat et encore moins pour participer à des études et faire des propositions en tant que syndicat. Le devoir de mémoire, partagé avec les associations, est important mais pas suffisant. Au-delà de la ressource humaine, la ressource pécuniaire s’amenuise et devient problématique. Mon (votre) assistante dévouée part en retraite dans six mois. Notre bail au GOMED se termine en 2023. La revitalisation du SAMA sera le thème de réflexion primordial de notre AG qui se tiendra en principe le 27 mars prochain. Avons-nous tout tenté pour attirer de nouveaux adhérents ? Faut-il modifier nos statuts pour recruter au-delà des anciens médecins militaires de carrière ?Je vous adresse, ainsi que les membres du Bureau et du C.A. du SAMA, à vous-même et à vos proches, tous nos vœux en espérant que  l’année 2021 sera meilleure que celle que nous venons de connaître.
Gérard DESMARIS
Président du SAMA      

LA NEWSLETTER DU SAMA 

Covid 19 : 2021, année vaccinale !
Pierre SALIOU
Professeur agrégé du Val-de-Grâce, 
Ancien Directeur médical de Pasteur-Vaccins
Administrateur du SAMA
 
En avril 2020, dans cette même « Newsletter », en plein premier confinement, j’écrivais qu’il serait miraculeux que le virus SarsCov2 disparaisse spontanément et que c’était la raison pour laquelle la recherche vaccinale était si active. J’ajoutais : « À terme (un ou deux ans, pas avant), seul un vaccin efficace devrait nous protéger de ce nouvel ennemi ».
Ma première prédiction était bonne… mais pas la seconde et je m’en réjouis ! 
En effet, dès la fin du mois de décembre, à peine un an après le début de la pandémie, le vaccin mRNA de Pfizer/BioNtech a été enregistré en Europe pour les personnes à partir de 16 ans, suivi début janvier par celui de Moderna.
C’est vraiment une grande chance de pouvoir bénéficier si rapidement de vaccins aussi efficaces dans un laps de temps aussi court !
En fait, depuis une dizaine d’années déjà, plusieurs laboratoires dont BioNtech et Moderna, travaillaient sur cette technique innovante du mRNA qui s’était révélée très immunogène, pour la mise au point de vaccins contre d’autres virus (Zika par exemple). Ils l’ont immédiatement appliquée avec succès au SarsCov2. Quant aux études d’efficacité de ces nouveaux vaccins, elles ont bénéficié de la forte incidence de la covid19 pour aboutir si vite. Leur bonne tolérance montrée pendant le développement clinique est actuellement corroborée par plus de 2  millions de doses administrées dans le monde.
D’autres vaccins développés selon d’autres techniques suivront en Europe. Les dates ne peuvent être précisées (à part celui de Astra Zeneca, déjà autorisé au Royaume Uni, qui ne devrait pas tarder). Beaucoup d’aléas pèsent sur le développement des vaccins sans que l’on puisse jeter l’anathème sur les laboratoires !
Aujourd’hui, mi-janvier 2021, compte tenu de l’évolution de la pandémie, il est évident que seule la vaccination la plus large possible permettra de la contrôler et, à terme, de nous affranchir des gestes barrières et des diverses restrictions que nous subissons. Nous pourrons alors reprendre une vie normale. Ce n’est pas encore pour demain !
L’objectif final est évidemment d’atteindre une couverture vaccinale la plus universelle possible qui puisse interrompre la transmission et donc la circulation du virus. On en est encore loin. En effet, si les vaccins disponibles sont extrêmement efficaces pour prévenir les cas cliniques de la maladie, formes graves incluses, les données sont encore insuffisantes pour savoir avec certitude s’ils empêchent l’implantation du virus au niveau du tractus respiratoire supérieur et donc, s’ils sont efficaces contre les formes asymptomatiques. 
Compte tenu de l’état des connaissances…et du nombre de doses de vaccins à notre disposition, la stratégie de vaccination retenue en France qui est d’ailleurs pratiquement la même dans tous les pays européens, est la bonne. Avant tout, l’objectif de la campagne est de sauver des vies. D’où la vaccination prioritaire des personnes les plus à risque de contracter des formes graves pouvant être mortelles : non seulement les personnes âgées vivant en EHPAD mais aussi toutes les personnes de plus de 75 ans ainsi que les sujets présentant des co-morbidités. Rapidement, la mortalité due à la covjd 19 devrait diminuer très significativement. 
Bien sûr, la vaccination du personnel soignant est également capitale et l‘idéal serait de vacciner tout le monde sans limite d’âge, 
Cette campagne de vaccination qui débute sera évidemment tributaire du nombre de doses reçues. Il faut espérer que l’approvisionnement en vaccins sera conforme aux prévisions.
Concernant la logistique, la conservation des vaccins à température négative ne facilite pas la tâche. Mais elle ne devrait pas être insurmontable dans un pays comme le nôtre !
J’ajoute deux commentaires :
L’estimation totale du nombre de doses disponibles pour le monde entier en 2021 est de 5 à 6 milliards au maximum. A la fin de l’année nous serons donc encore loin de la vaccination universelle.
Point très positif en France, depuis le début de l’année, le nombre « d’hésitants à la vaccination » semble fondre comme neige au soleil ! Ils commencent à comprendre que le vaccin sera la meilleure façon de « nous en sortir » 
Que chacun d’entre nous puisse se faire vacciner dès que possible, c’est le souhait que je formule en début d’année !
 

LA NEWSLETTER DU SAMA DE NOVEMBRE 2020

02/11/2020EXTRAIT DU BULLETIN DE LA LEGION D’HONNEUR : TEXTE D’YVES PIRAME
A
Edito du Président

Chères et chers camarades, Le samedi 3 octobre, Florence Parly, ministre des Armées, s’est rendue aux Écoles de santé des armées de Lyon-Bron (EMSLB) pour présider la cérémonie de baptême des 134 élèves médecins et pharmaciens de la promotion 2019. Cette nouvelle promotion a pris le nom de « Médecin-colonel Guy Charmot » en l’honneur de ce grand ancien formé à Lyon, résistant fait compagnon de la Libération par le général de Gaulle. « Après une carrière militaire fulgurante, professeur au Pharo, il a exercé une brillante seconde carrière civile et son parcours est un parfait exemple d’une reconversion réussie et de haut niveau qui honore le Corps de Santé des Armées au cœur de la médecine civile » pour reprendre les mots de Louis Reymondon. La Covid 19 a contraint le préfet du Rhône à réduire le nombre des invités à vingt. Traditionnellement conviés, les associations et notre syndicat n’ont pu assister à cette belle cérémonie de nuit clôturée par un feu d’artifice.
A voir sur https://www.youtube.com/watch?v=T0Ut1lenMIc
Notre toujours vaillant secrétaire général honoraire Yves Pirame (promotion 1948), ancien élève de Guy Charmot en a été très malheureux. Il nous fait part dans l’article joint de ce qu’il aurait pu dire de vive voix à nos jeunes héritiers. Dominique, la fille de Guy Charmot que nous avions rencontrée au Muy lors de la dernière AG reste toujours très impliquée dans la transmission mémorielle du service. Elle a pu remettre le fanion au major de promotion. « Magnifique et émouvante cérémonie qui fait vivre la mémoire d’un homme discret. Que Guy Charmot vous accompagne le plus longtemps possible » a-t-elle commenté.« Comme votre parrain, vous irez là où on vous dit d’aller, pour servir. Vous devrez donc adapter votre vocation médicale, comme l’a fait votre parrain, à un contexte dur, jamais choisi, toujours changeant, pour perpétuer et développer une pratique originale et performante que nous sommes seuls à maîtriser : la médecine militaire », a déclaré le médecin général Ausset, commandant des EMSLB.
Dans son allocution, la ministre a présenté son ambition portée dans le cadre du projet Service de santé des armées 2030, succédant au projet SSA 2020. Nous aurons l’occasion d’en reparler car au-delà des beaux discours il faudra continuer à revitaliser le service. Mobilisé de tout côté et en sous-effectif chronique malgré le renfort des réserves, ses personnels s’épuisent. Ce sera la mission du nouveau Directeur central (ou directrice)  début 2021, la MGA Maryline  Gygax Généro étant appelée à rester auprès de la ministre en tant que conseillère  du gouvernement pour la défense. Nous sommes à nouveau confinés pour au moins quatre semaines ; dans ces conditions il semble difficile de maintenir la date du 5 décembre pour notre AG. Continuons néanmoins à la préparer pour être prêts dès que les conditions seront plus favorables.  

Gérard DESMARIS
Président du SAMA    


1 – Si nous avions été invités au Baptême de promotion Guy Charmot, le Dr Yves Pirame aurait pu nous dire : Ce Compagnon de la libération Professeur du Pharo, après une très belle carrière militaire, a réussi une formidable reconversion suivant son départ de l’Armée. Ce parcours exemplaire honore le SSA (PDF joint) 

2 – L’Assemblée Générale du SAMA : Celle-ci devrait se tenir le Samedi 5 Décembre 2020 : de 9H30 à 12H au siège de l’ASNOM, 19 rue Daru Paris 8, Métro ligne 2, station Courcelles, si les précautions sanitaires le permettent. Un repas amical avec épouses et invitation des personnalités clôturera cette réunion.  

APPEL A CANDIDATURE

Notre Secrétaire Général ayant fêté ses 85 printemps considère qu’un nouveau secrétaire général d’une promotion plus jeune serait le bienvenu, d’autant plus s’il s’agit d’une femme, qui représenterait davantage la profession qui se féminise de plus en plus. Le relais se ferait avec l’aide de l’ancien secrétaire général et de notre assistante. Les candidatures seront débattues au cours de notre Assemblée Générale qui si les conditions sanitaires le permettent, aura lieu le Samedi 5 Décembre 2020. 

Ci-joint un bulletin de présence et de candidature à nous renvoyer avant le 25/11/2020.

L’ordre du jour de l’AG vous parviendra ultérieurement.

Merci à tous.

Docteur Louis Reymondon, 

Secrétaire Général du SAMA

P. J. : coupon 2.

TRISTE NOUVELLE

Notre camarade le Docteur Jean Charles Remy vient de nous quitter, le vendredi 30 Octobre 2020.

C’est maintenant pour lui l’heure du repos, ô combien, mérité.

Il aura eu une vie assez extraordinaire marquée par la maladie et par son dynamisme à surmonter cet handicap : il était rayonnant et discret, généreux et fidèle en amitié. Il va rester pour moi cet exemple d’humanité et de grandeur d’âme vers lequel nous tendons.

Il avait accepté l’ingrate tâche de trésorier qu’il a vécue généreusement dans toutes ses vicissitudes jusqu’à la limite de ses forces. Jean Charles était une belle personne et nous a prouvé son dévouement à toutes les causes qu’il a défendues.

Nous témoignons notre immense respect et notre gratitude pour ce camarade attachant et si généreux (avec toujours une pointe d’humour). Il reste une grande Figure du SAMA, inscrit aux Tables de mémoire.

Le Bureau du SAMA

Paris, lors du repas de fin d’année de Décembre 2019 sur la Seine

LA NEWSLETTER DU SAMA d’OCTOBRE 2020



         
05/10/20201 – COVID 19 UN POINT FIN SEPTEMBRE : ENTRE ESPOIRS ET CRAINTES
2 – LE POINT SUR LES RETRAITES 
3 – ASSEMBLEE GENERALE 2020

Edito du Président
Cher(e)s camarades,
En cette rentrée du SAMA, j’espère que vous et vos proches ont échappé à la COVID 19, tout au moins à ses formes graves. La rentrée est maintenant avec nous, le virus Sars- CoV-2 toujours aussi présent.
A la faveur du déconfinement et du relâchement des gestes barrière durant la période estivale, socialement compréhensible, le virus s’est propagé à nouveau plus rapidement dans certaines régions de l’hexagone et particulièrement dans les grandes métropoles. Au 24 septembre, 20% des lits de réanimation en Ile de France étaient occupés par des malades du COVID ce qui obligeait à nouveau l’APHP à déprogrammer des interventions chirurgicales. La Guadeloupe aussi est passée sous tension, la réserve sanitaire ainsi que des infirmiers et médecins du SSA sont envoyés en renfort.
Heureusement le virus et la maladie sont mieux connus. Le protocole thérapeutique a changé avec par exemple l’utilisation de corticoïdes et la diminution des indications d’intubation. Il y a moins de mortalité. Les recherches appliquée et fondamentale sont prometteuses. Malgré des rivalités, il existe une coopération internationale sur le sujet.
Mais s’il y a des raisons d’espérer, il y a aussi des raisons de craindre le futur en raison de la situation géopolitique et l’utilisation jamais égalée par le passé de la désinformation. (Voir mon article dans cette newsletter).
Début Juillet, HSBC nous a signifié qu’elle ne voulait plus gérer le compte du SAMA et donnait trois mois pour trouver une solution. Le SAMA dès sa création avait choisi la britannique Hong Kong and Shanghai Banking Corporation. Pour quelle raison ? Son parfum d’exotisme ? N’ayant eu aucun découvert, cette décision unilatérale a choqué plus d’un adhérent. Mais en y réfléchissant, il faut bien voir qu’avec la baisse importante de nos effectifs, l’encours bancaire est devenu bien maigre. La HSBC est dans une très mauvaise passe, tiraillée entre la Chine, le Royaume Uni et les USA, elle est de plus encore empêtrée dans des affaires sulfureuses. Elle fait donc le tri de ses clients en fonction de leur rentabilité. Il ne faut pas regretter de la quitter. La BNP nous accepte mais il faudra absolument que nos finances remontent et j’appelle instamment tous les retardataires à verser leur cotisation 2020.Votre serviteur a accepté de prendre la suite de Bernard Lefebvre comme participant au conseil d’administration de la CNMSS et comme membre du CPRM. Ces candidatures ont été acceptées, la dernière par décision ministérielle du 13 août 2020. Mais, là encore, il faut bien voir que je représente notre syndicat. Il faut donc qu’il continue d’exister et que le nombre de ses adhérents ne prête pas à la dérision. Il me semble important que nous soyons présents dans ces instances comme Philippe Peu Duvallon l’est à la CARMF. Si la COVID a suspendu des réformes majeures comme celle des retraites, elles ne sont pas abandonnées ! Il sera important que la spécificité militaire soit prise en compte ; l’action du CRPM sera capitale.
Gérard DESMARIS
Président du SAMA      

 1 – COVID 19  UN POINT FIN SEPTEMBRE : ENTRE ESPOIRS ET CRAINTES : Gérard DESMARIS A la faveur du déconfinement et du relâchement des gestes barrière durant la période estivale, socialement compréhensible, le virus Sars-CoV-2 s’est propagé à nouveau plus rapidement dans certaines régions de l’hexagone et particulièrement dans les grandes métropoles comme Paris, Aix Marseille, Lyon. Au 24 septembre, 20% des lits de réanimation en Ile de France étaient occupés par des malades du COVID ce qui obligeait à nouveau l’APHP à déprogrammer des interventions chirurgicales. Le 27 septembre Patrick Bouet, président de l’Ordre de médecin fait part de son inquiétude « La deuxième vague arrive plus vite que nous le redoutions ». Il craint une épidémie généralisée, regrette l’absence d’un retour d’expérience et souhaite que les acteurs soient associés à la gestion de crise via une nouvelle instance.
La Guadeloupe aussi est passée sous tension, la réserve sanitaire ainsi que des infirmiers et médecins du SSA sont envoyés en renfort.En Europe Madrid a été confiné à nouveau. En France si des mesures spécifiques sont prises dans les départements et les territoires en fonction de leur catégorisation et des spécifiés locales, le ministre de la santé exclut un nouveau confinement « avant Noël ». Les USA sont le pays le plus touché par la COVID 19, sans doute à cause des comorbidités plus nombreuses (obésité, diabète, cardiopathies) et du manque de préparation des structures de santé surprises par la pandémie. La menace y a été minimisée comme au Brésil.
Heureusement le virus et la maladie sont mieux connus. Le protocole thérapeutique a changé avec par exemple l’utilisation de corticoïdes et la diminution des indications d’intubation. Il y a moins de mortalité. Les recherches appliquée et fondamentale sont prometteuses. Malgré des rivalités, il existe une coopération internationale sur le sujet.Mais s’il y a des raisons d’espérer, il y a aussi des raisons de craindre le futur en raison de la situation géopolitique et l’utilisation jamais égalée par le passé de la désinformation.
Le virus Sars-CoV-2, naturellement, continue de muter ; d’ailleurs assez lentement comme tous les coronavirus. Les mutants sont-ils plus contagieux et moins virulents ? « Le consortium Gisaid, qui centralise plus de 80 000 séquences rappelle qu’aucune mutation repérée n’est « connue pour sa gravité ». Autrement dit, toutes les mutations sont neutres, ne conférant a priori aucun avantage adaptatif.
Les tests de dépistage sont au cœur de la stratégie sanitaire. Sur ce plan, on constate un goulot d’étranglement au niveau des laboratoires qui n’arrivent pas à analyser tous les prélèvements effectués pour de bonnes ou moins bonnes raisons. C’est non seulement une gabegie mais les retards au diagnostic peuvent se révéler dangereux. La politique du dépistage massif non discriminé est en échec.
De nouveaux tests arrivent dont des tests sérologiques de recherche d’anticorps. Par exemple celui de NG Biotech de type « bandelette » à partir d’une goutte de sang prélevé au bout du doigt et résultat en 15 minutes ; ce test a été réalisé avec le soutien financier de la DGA.
A l’arrivée de la saison hivernale on pouvait craindre une grande confusion avec les autres virus respiratoires traditionnels. En quelques mois BioMérieux a développé avec le soutien de la défense américaine des tests RT-PCR spécifiques SARS-CoV-2 mais aussi un panel qui teste simultanément en 45 minutes 19 virus et 4 bactéries responsables d’infections respiratoires.
La crise sanitaire actuelle a braqué les projecteurs sur la vaccination. Plusieurs pistes sont explorées. Le laboratoire chinois Sinovac a choisi la classique inactivation virale, les essais sont bien avancés ; il a déjà lancé une production avec l’objectif de disposer de 600 millions de doses début 2021. D’autres laboratoires explorent de nouvelles voies. L’une consiste à utiliser le vaccin de la rougeole comme vecteur de parties de génome du Covid. Un aparté cocorico : fin 2019, notre consœur militaire Marie MURA de l’IRBA a été lauréate de l’Académie Nationale de Médecine pour ses travaux sur «la caractérisation des génomes défectifs de la plateforme vaccinale rougeole ». En collaboration avec l’Institut Pasteur de Paris et le WalterReed Army Institute of Research, une stratégie vaccinale antipaludique est en développement.
Nombreux sont ceux qui attendent impatiemment l’arrivée d’un vaccin contre la Covid 19. Le Royaume Uni pour aller plus vite pense avoir recours à des volontaires sans attendre les résultats de phase 3 puis de leur inoculer le virus pour s’assurer de l’efficacité et de la totale innocuité du vaccin. Est-ce éthiquement responsable ? La France serait-elle disposée à acheter ce vaccin ? Globalement, les recherches avancent relativement rapidement, plusieurs essais cliniques phase 3 sont en cours, mais, contrairement à certaines annonces d’avantage apparentées à de la propagande, aucun vaccin n’a encore franchit toutes les étapes pour une autorisation de mise sur le marché.
P. Karoyan et son équipe du CNRS travaille sur une alternative à la vaccination savoir l’utilisation de petits peptides qui miment le récepteur cellulaire sur lequel se fixe le virus grâce à une protéine spécifique (récepteur ACE2/protéine Spike). Il s’agit de leurrer le virus et le détourner des cellules humaines cibles.
Bertin Technologies a adapté son détecteur de menaces bactériologiques dans l’air pour évaluer la contamination de l’air en virus Covid 19 dans les zones critiques comme les hôpitaux.
La recherche plus fondamentale a également été réorientée, comme par exemple la visualisation des molécules virales à l’échelle atomique ou la modélisation du tissu respiratoire. La compétition entre chercheurs à la recherche de financement, les ont conduit à la publication quasi instantané des résultats de leurs travaux ou études pas encore validés par les pairs ou la communauté scientifique (pré-print). Ceci a participé à une certaine confusion des concitoyens qui n’ont pas tous les prérequis pour faire la part des choses. Si le niveau des connaissances scientifiques s’est considérablement accru depuis le début de la pandémie, et l’on peut s’en féliciter car cela donne de l’espoir, l’on ne peut passer sous silence de sérieuses craintes pour l’avenir vu l’abondance des désinformations observées. La désinformation qui a toujours existé, s’est intensifiée ces dernières années. Elle atteint aujourd’hui des sommets grâce aux réseaux sociaux et la création massive de faux comptes par des officines étatiques ou mercenaires. Ainsi, Pékin amplifie une rumeur selon laquelle le virus proviendrait d’un laboratoire militaire US (Fort Detrick selon les tweets de l’ambassade de Chine à Paris) et aurait été introduit en Chine pour la déstabiliser ; désinformation vite relayée par Moscou. Dès le printemps, des reportages russes insinuent que la France maltraite ses anciens et les chinois que « l’on a fait signer aux pensionnaires des maisons de retraite (sic traduction) des attestations de renonciation aux soins d’urgence », que « les personnels soignants ont déserté collectivement, laissant mourir leurs pensionnaires de faim et de maladie. »
Le 20 juin Ursula von der Leyen lors d’une visioconférence au sommet Europe /Chine dénonce les cyberattaques sur les systèmes de santé menés en rétorsion à un rapport de la Commission Européenne dénonçant les mensonges du régime au début de la pandémie. Ces infos bidon (fake news) sont recensées par le site EUvsDesinfo. Aussi grossières soient elles, elles sèment le doute et influencent les opinions dans un but de déstabilisation. Elles ont réussi à exacerber la défiance envers les élites mais aussi vis-à-vis des vaccinations. En voici un exemple récent. Le 25 août l’OMS annonce l’éradication de la poliomyélite du continent africain, maladie causée par le poliovirus sauvage. Des cas réapparaissent au Soudan. Annonce prématurée ? Bien que les poliovirus dits « sauvages » soient désormais éradiqués en Afrique, il subsiste des virus dérivés d’une souche vaccinale ayant muté de manière fortuite au contact de populations peu ou pas vaccinées. Une publication, très relayée sur les réseaux sociaux, affirme qu’un vaccin financé par Bill Gates serait à l’origine d’une grave épidémie de polio en Afrique. Pourtant, ce même vaccin a permis de réduire le nombre de cas de poliomyélite de plus de 99%.
La pandémie de COVID 19 même si elle a provoqué moins de morts que d’autres dans le passé va laisser des traces du fait de ses conséquences économiques et sociales. Les cartes vont être rebattues sur le plan géopolitique. Certains pays vont perdre en influence et puissance, d’autres y gagner. La paix sera-t-elle aussi une victime de la COVID 19 ? 

2 – Le point sur les retraites : Philippe Peu Duvallon, Président d’honneur du SAMA, Délégué régional dans le Collège des Retraités de la CARMF.   
Le 12 septembre 2020, j’ai participé à l’Assemblée Générale des délégués régionaux élus de la CARMF. Notre Caisse autonome se porte bien. Des provisions, faites avec nos cotisations et une gestion très bonne ont été faites pour assurer le versement de la retraite complémentaire jusqu’en 2035. Celle-ci est la seule qui soit gérée directement par la CARMF et constitue la partie principale de nos pensions. Ces provisions ont été constituées en raison de l’augmentation du nombre des retraités et la baisse du nombre des cotisants (médecins en activité) du fait de la crise démographique de la profession, comme d’ailleurs de la France. Elles font des envieux. Pour le moment la CARMF a résisté par des actions judiciaires aux tentatives de l’Etat.
MAIS LA LOI SUR LA REFORME DES RETRAITES a été adoptée par l’Assemblée Nationale, sans vote, grâce à l’article 49-3. Si elle est appliquée les cotisations seront sensiblement augmentées et les retraites diminuées de 30%.  Déjà, à deux reprises, l’URSSAF a tenté, sans succès, de prélever elle-même les cotisations et de reverser à la CARMF les sommes nécessaires à son fonctionnement selon quels critères ? Un décret spécial a été pris pour annuler une élection du Conseil d’Administration de notre Caisse et éliminer un président trop récalcitrant   Il a fallu, il y a deux ans élire un nouveau Conseil et un nouveau président qui a d’ailleurs pris la suite de son prédécesseur avec les mêmes principes. Actuellement, les tentatives d’action auprès des autorités ne sont pas écoutées et les relations fraiches.
Au SAMA on s’en préoccupe. J’étais présent à ces Assemblées. Il serait bon que d’autres camarades du SAMA se fassent élire dans le collège des cotisants et dans celui des retraités. Ce n’est pas très difficile et peu prenant.
Au SAMA, on se préoccupe aussi des PENSIONS MILITAIRES. Notre président du SAMA participera à la prochaine réunion du CPRM qui dépend du Ministère des Armées et en rendra compte aux membres du SAMA à jour de leurs cotisations.  

3 – L’Assemblée Générale du SAMA : Celle-ci se tiendra le Samedi 5 Décembre 2020 : de 9H30 à 12H au siège de l’ASNOM, 19 rue Daru Paris 8, Métro ligne 2, station Courcelles. Un repas amical avec épouses et invitation des personnalités clôturera cette réunion.  

LA NEWSLETTER DU SAMA DE JUILLET 2020: COVID ET CHIRURGIE

05/07/2020SAMA COVID ET CHIRURGIE
Edito du Président Cher(e)s camarades,La newsletter de juin était conséquente mais forcément incomplète. Voici donc la contribution de Xavier notre ancien président qui exerce la chirurgie en clinique du secteur privé. Si vous aussi voulez faire part de votre ressenti n’hésitez pas. Vous n’avez peut-être pas toujours le temps ou hésitez à écrire un texte bien léché qui sera lu par tous; c’est pourquoi Bernard Lefebvre propose une communication interactive plus facile et moderne avec une application dédiée sur smartphone. Pourquoi pas, nous allons examiner cela. Aujourd’hui les mesures d’exception sont partiellement levées, en particulier le confinement général depuis le 11 mai en France métropolitaine. L’épidémie semble contrôlée mais le virus continue à circuler pour preuve les presque trois cents clusters identifiés, heureusement sans malades graves. L’hypothèse d’une future « deuxième vague » est cependant toujours activement débattue. L’observation en hémisphère Austral, comme pour la grippe, sera une indication. Malgré des avancées scientifiques rapides et indéniables, ce virus, sur bien des plans comme les facteurs de pathogénicité ou l’épidémiologie, reste encore mystérieux. C’est à l’évidence un virus très dangereux pouvant tuer rapidement un grand nombre de contaminés. Aussi nous ne pouvons qu’approuver les moyens exceptionnels donnés rapidement à la recherche. Cependant il ne faudrait pas oublier les autres grands fléaux de l’humanité déjà connus et pourvoyeurs d’un très grand nombre de décès. Je vous souhaite de bons mois de juillet et août en attendant de se retrouver en forme à la rentrée.
Gérard DESMARIS,
Président du SAMA.

COVID ET CHIRURGIE

12 mars 2020, je suis tout bonnement en vacances depuis une semaine dans le midi chez un ami qui a bien voulu me recueillir mon épouse et moi-même, la station de ski où nous avions prévu d’aller ayant eu le « bon goût » de fermer en 24heures sans préavis.

Problème comment revenir à Paris où le travail m’attend : programme complet, nombreuses consultations… ? En fait, pas de problème, le caducée est un sésame qui pour une fois est très utile face à la vindicte gendarmesque. En deux mois de confinement, on ne m’a demandé qu’une seule fois ma carte de médecin… Efficace.

Retour à Paris, et là, c’est la confusion la plus totale. Appels désespérés de malades :

  • Dr vous allez m’opérer mercredi ?
  • A priori oui, pourquoi ?
  • On a reçu un SMS de la clinique disant que toutes les interventions sont ajournées.
  • Ah bon ! On ne m’a rien dit. Je n’ai pas eu de messages m’informant de cela. Je me renseigne….

Appel à la clinique :

  • la chef de bloc est en télétravail…, elle ne répond pas au téléphone. Envoyez-lui un mail. De toute façon l’ARS a lancé le « plan blanc » et a décidé l’arrêt de tous les programmes opératoires pour transformer les blocs et les salles de réveil en réa COVID
  • Mais, mes interventions sont dans 2 jours !!!!
  • Personne ne sait rien, si vous voulez être sûr, annulez-les. On vous dira quand les reprogrammer. On n’opère plus que dans une seule salle et seulement les urgences vitales.
  • Et pour les consultations ?
  • Ah, vous n’avez pas suivi les échanges sur le forum « what’s app » ?
  • Euh non, je n’étais pas informé, pas destinataire, pourquoi qu’est-ce qui se passe. Eh bien votre bureau n’est plus disponible, il est devenu un sas de détection Covid.
  • Et je vais recevoir mes patients où ?
  • Ça va être compliqué car il ne reste qu’un seul bureau pour les 6 chirurgiens et vos confrères se sont répartis toutes les plages en votre absence.
  • Comment je fais alors ?
  • Annulez !!!

Heureusement, j’ai un cabinet personnel dans Paris où je peux m’organiser comme je veux. Je suis chez moi et ne dépend de personne. Avec ma secrétaire (en télétravail) nous passons plein de coups de fils pour déplacer les rendez-vous. Mais évidemment plusieurs patients confondent les lieux de consultation et se rendent au mauvais endroit…Ambiance.

Le problème des masques vient immédiatement au premier plan. Heureusement j’ai retrouvé la dotation que le Gouvernement nous avait fait envoyer en 2011 : 50 masques dont une vingtaine de FFP2. Un trésor périmé peut-être, mais qu’importe…. J’ai aussi stock de gel que j’avais mis de côté au cas où… Je suis prêt à recevoir mes patients en serrant un peu les fesses. Gare à celui qui tousse. J’espace les rendez-vous pour n’avoir pas plus de deux personnes dans la salle d’attente en même temps. Je donne des masques aux patients qui n’en n’ont pas. Ils semblent partir plus content de ce cadeau que d’être venu en consultation.

Cette période de bouleversement social va voir apparaitre un nouveau concept : la téléconsultation. Prévue par la loi depuis plusieurs années, sa mise en place était restée lettre morte parce que la Sécurité Sociale refusait d’en assurer le remboursement. Et oui les fonctionnaires des administrations ont toujours le dernier mot malgré les bonnes intentions de nos députés. Mais là, devant la panique et la nécessité du confinement, elle se décide enfin, mais évidemment avec une minoration du remboursement de 25%. Y-a pas de petites économies. Doctolib s’est engouffré dans la brèche en nous proposant un nouveau service, certes payant mais tellement commode, ce d’autant que ce prestataire assure la perception des honoraires. Un vrai progrès. Mais finalement, ça n’a pas été le raz de marée auquel on aurait pu s’attendre. Une ou deux demandes par journée de consultation. Finalement ça coûte plus cher que ça ne rapporte, mais, bon, ça permet de garder le contact ce d’autant que j’ai beaucoup de patient qui résident en province et pour eux il n’y plus de train, des gendarmes aux péages des autoroutes… Ils restent chez eux.

Au total l’activité tant de bloc que de consultation s’est effondrée. La plupart de mes confrères spécialistes ont carrément fermé leur cabinet et sont partis se confiner dans leur maison de campagne. Pour ma part j’ai laissé mes consultations ouvertes mais j’ai eu une baisse d’activité de 76% de mi-mars à mi-avril.

Au bloc je n’ai eu presque rien et en bataillant rudement. Au début je ne me suis pas trop méfié, je pensais que ça marchait comme d’habitude, mais quelle erreur !

Ainsi un de mes consultants s’est présenté pour une sciatique paralysante. Il fallait l’opérer rapidement. J’ai appelé la clinique pour le programmer dans les jours qui suivaient. Certes ce n’était pas une urgence vitale, mais son déficit risquait de devenir définitif si on ne faisait rien. J’en ai parlé à un anesthésiste et à la directrice. Tout le monde était d’accord : il fallait l’opérer. Hélas c’était sans compter avec la bêtise humaine : la secrétaire des anesthésistes a éconduit le patient de sa propre initiative en lui disant que le bloc était fermé. Désespéré, le patient est allé se présenter aux urgences d’un hôpital de l’Assistance Publique de Paris. Là, réponse positive sans hésitation :« pas de problème cher monsieur, on va vous opérer demain » !!!. Pourtant l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, centre régional de référence, était censée se concentrer exclusivement sur le COVID.

Branle-bas de combat à la clinique de l’Alma. Comme je vous l’ai dit, l’ensemble du bloc, salle de réveil inclue, est transformé en Réa Covid, tout le 4ème étage en secteur Covid pour les patients ne nécessitant pas de réanimation. Les patients affluent de toute l’Ile de France mais particulièrement des Ehpad du groupe qui déversent ainsi leurs patients très âgés contaminés. Presque tout le monde a prêté main forte à l’équipe des soignants pour les soulager car rapidement apparaissent des signes de fatigue chez ceux qui sont en première ligne : anesthésistes, infirmières, aides-soignantes, brancardiers… Finalement au bout du compte on ne déplorera que deux décès. Pas mal, pas mal pour une équipe peu habituée à soigner des insuffisances respiratoires.

L’annonce du déconfinement tombe. Je pense arriver au bout de mes contrariétés. Eh bien pas du tout car le « PlanBlanc » est maintenu. Plus personne ne sait exactement ce que l’on peut faire ou pas…. Chaque passage au bloc se négocie au cas par cas. Il faut justifier de l’urgence relative à faire l’intervention dont le report pourrait constituer une perte de chance pour le patient… Et voilà le juridisme qui revient par la porte de derrière alors que dans ces circonstances exceptionnelles on aurait pu penser que ce serait secondaire.

Actuellement, même si l’étau se desserre progressivement, le fonctionnement des établissements est encore bridé. Je n’imagine pas les pertes abyssales que vont avoir les cliniques privées. Bon nombre vont faire faillite. Une fois de plus la possibilité de choisir entre Public et Privé va être restreinte.

Que conclure de cette période exceptionnelle, sinon que j’ai noté que c’est bien grâce au « système D », à l’imagination de ceux qui était sur le terrain, « les mains dans le cambouis », que finalement pour l’instant l’épidémie de corona virus n’est pas devenue la « peste noire » du 21ème siècle.

Certes nous avons à déplorer 30 000 décès en moins de 3 mois, mais il faut plutôt porter notre regard sur les milliers de miraculés qui ont été sauvés parce que le système n’a pas sauté, car il n’a finalement de justesse pas été débordé par l’inadéquation entre les moyens disponibles et l’ampleur de l’épidémie. Le système hospitalier français s’estadapté à toute allure. Chapeau !

Maintenant, tournons-nous vers l’avenir. Des épisodes catastrophiques comme celui-ci, nous en connaitrons d’autres.Peut-être pas tout de suite, mais statistiquement, c’est inévitable. Il faut nous y préparer et probablement accepter certains sacrifices sur notre petit confort de tous les jours pour anticiper les moyens humains et matériels pour y faire face.

Dr Xavier Loniewski

Président d’honneur du SAMA

L’ASSEMBLEE GENERALE DU SAMA PREVUE LE SAMEDI 13 JUIN 

EST ANNULÉE ET REPORTEE

LA NEWSLETTER DU SAMA SPECIALE COVID 19: MAI 2020


 



               
au Sommaire de la New Letter du 05/06/2020
Bilan médico-militaire durant les 55 jours de confinement : Dr Louis Reymondon
– Enfants,Famille et confinement :  Dr Marie-Françoise LEFEVRE
La crise de la Covid 19 vecue par un médecin généraliste à Paris : Dr Bernard Dauba-Etchebarne
La médecine hospitalière publique et privée pendant le confinement : Dr François Chassaing
Les Sociétés d’assistance en mal de transports : Dr Michel Robert
Reflexions  6  mois après l’apparition de la COVID-19 : Dr Gérard Desmaris 
      Edito du Président Cher(e)s camarades. Notre vaillant Secrétaire Général nous a proposé un immense challenge : faire le bilan du confinement sous différentes approches médicales et sociales rapportées par des membres du SAMA, leurs proches et leurs connaissances professionnellement confrontés. Alors que le confinement en France est tout juste desserré et que la loi d’urgence sanitaire a été prolongée, il est difficile de tirer toutes les leçons de cet épisode exceptionnel d’autant que selon les régions les situations ont été bien différentes.
Je remercie d’abord vivement les contributeurs à cette newsletter qui ont bien voulu faire part de leur expérience ou donner leur point de vue.
A titre personnel je vais essayer, non de tirer toutes les leçons, ce qui nécessitera des mois voire des années, mais de vous faire part de quelques points qui ont retenu mon attention. Ces contributions très diverses n’engagent que leurs auteurs ; le syndicat n’a pas vocation à prendre position sur les nombreuses polémiques intervenues. Mais comme médecins et citoyens tous ses membres ont été particulièrement confrontés à cette situation inédite. La crise sanitaire a gelé les réformes en cours mais le temps viendra, avec la crise économique et sociale qui suivront, d’avoir des positions et propositions syndicales.
Portez-vous bien et passez d’agréables vacances si vous pouvez en prendre, en attendant de se revoir pour l’Assemblée Générale qui je l’espère pourra se tenir en décembre. 
Dr Gérard Desmaris, Président du SAMA 
 L’ASSEMBLEE GENERALE DU SAMA PREVUE LE SAMEDI 13 JUIN EST ANNULÉE ET REPORTEE    

LA NEWSLETTER DU SAMA  SPECIALE COVID 19

Bilan  médico-militaire durant les 55 jours de confinement

Soignants et chercheurs mobilisés contre la pandémie

LE SERVICE DE SANTE DES ARMEES

(Extraits du Site Internet du POINT, avril-mail 2020)

SECRETARIAT GENERAL DU SAMA

Les pays brutalement confrontés à la pandémie planétaire de coronavirus ont réagi diversement : En Chine, dans la mégapole totalement confinée de Wuhan, un hôpital dédié de milliers de lits sort de terre en 10 jours ; en Allemagne, on choisit d’aménager à très vive allure de grands gymnases réquisitionnés ; en France, c’est au Service de Santé des Armées, compte-tenu de la pratique opérationnelle de l’EMR (Elément militaire de réanimation), qu’est confiée l’installation d’un hôpital avancé de renfort au cœur de Mulhouse, ville du Grand-Est très infestée. Mais le choix du site en pleine ville, le temps  des terrassements, les huit jours nécessaires à dresser les tentes, les équiper et mobiliser 90 personnels dans les Hôpitaux régionaux et 30 autres, en soutien, du Régiment médical de l’Armée de Terre, pour une capacité d’accueil de seulement 30 lits, ont été des éléments tournés en dérision. Et ces écarts de méthodologie entre pays soumis à la même contrainte interpellent. Seule la MGA, Directrice du Service de Santé des Armées, dispose des arguments pour présenter cette réalisation comme un bel engagement de nos moyens militaires au secours des populations de la France en danger. Aussi, ne pouvant abuser de son temps pour une interview directe, le Secrétariat du SAMA lui emprunte les propos qu’elle a accordés au journaliste Guerric Poncet du Magazine Le Point avant le déconfinement du 11 mai. L.R.

La Médecin Générale des Armées Maryline GYGAX GENERO a reçu « Le Point » dans son bureau du Val-de-Grâce. Fille d’une institutrice et d’un sous-officier de l’Armée de Terre, elle est Directrice Centrale du Service de Santé des Armées (SSA) depuis 2017. Née le 19 mars 1959, mère de trois enfants, elle dirigeait lors des attentats de 2015 l’hôpital militaire Bégin, à Saint-Mandé, qui a accueilli une cinquantaine de victimes du Bataclan. Ne représentant que 1 % de la santé publique en France, le SSA a une absolue priorité : le soutien médical des forces armées. Voici l’interview :

Le Point : Quel est le rôle du SSA face au coronavirus ?

La MGA Maryline Gygax Généro Nous nous sommes mobilisés très tôt, j’ai créé une cellule de crise dès le 6 février. Le SSA participe activement à la réponse nationale à la crise, à hauteur de ses moyens et dans deux cadres : à travers son inclusion dans l’opération « Résilience » commandée par le Chef d’état-major des Armées, et par le biais de ses 8 hôpitaux militairesqui, comme tous les hôpitaux français, se sont mobilisés pour se réorganiser et augmenter leur nombre de lits de réanimation ou de lits de médecine consacrés aux malades Covid. L’Hôpital Bégin, à Saint-Mandé (94), a très vite été référencé hôpital de première ligne, et quatre autres de seconde ligne (Percy à Clamart, Sainte-Anne à Toulon, Laveran à Marseille, et Clermont-Tonnerre à Brest).

Le Point : Quelle différence pouvez-vous faire sur le territoire national ?

La MGA Maryline Gygax Généro : Le SSA dispose d’une vraie aptitude à concevoir en très peu de temps des structures de santé utilisables dans tous les environnements où nos armées sont susceptibles d’intervenir. Habituellement, nous le faisons pour des blessés de guerre. Ici, grâce à notre expertise historique en maladies infectieuses et notre expérience dans la prise en charge de patients Ebola il y a quelques années, nous avons su transposer notre savoir-faire pour créer des structures de réanimation délocalisées. L’un des exemples est l’Elément militaire mobile de réanimation du SSA (appelé « hôpital de campagne » dans les médias, NDLR), déployé avec l’Armée de Terre, et qui est en fait un authentique service de réanimation sécurisé, sous tente, pour 30 patients. Il a été entièrement conçu, déployé et mis en œuvre en 7 jours, exploit qui n’avait jamais été accompli pour des malades graves hautement contagieux.

Un autre exemple est l’évacuation aérienne de patients de réanimation, dite mission « Morphée ». Cette mission, qui revient à déployer un service de réanimation à bord d’un avion, est habituellement mise en œuvre pour les blessés de guerre que l’on va chercher très loin. Ici, c’est exceptionnel, car jamais nous n’avions réalisé de missions Morphée pour des patients contagieux, sur le territoire national, et en enchaînant ainsi un grand nombre de missions à la suite. Nous bénéficions du savoir-faire de l’Armée de l’Air et de son nouveau vecteur aérien, l’A330-MRTT « Phénix ». (Note du SAMA : Le transport ferroviaire a aussi été médicalisé et adapté).

Nous participons également aux missions effectuées par la Marine Nationale comme le transfert de patients Covid-19 de Corse vers le continent. La préparation de cette mission a nécessité beaucoup de savoir-faire, car il était important que les patients soient pris en charge dans de bonnes conditions, sans contaminer tout le porte-hélicoptères et son équipage. Les moyens sont donc ceux des opérations militaires, mais transposés et renforcés en prenant en compte le risque « coronavirus » et la gravité extrême des patients sur le plan respiratoire.

Le Point : Que vous manque-t-il aujourd’hui ?

La MGA Maryline Gygax Généro : Je compose avec les moyens dont je dispose. Il faut simplement évacuer un mythe : le SSA n’a pas vocation à remplacer les moyens de santé à l’échelle nationale.

Le Point : Quel est le rôle du SSA dans la recherche et l’innovation ?

La MGA Maryline Gygax Généro : Il n’y a pas de médecine ni de formation possibles sans recherche. Nous voulons que nos praticiens donnent libre cours à leurs idées ! Nos installations sont regroupées à l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA), à Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne. C’est un lieu de recherche ultramoderne, portant notamment sur l’adaptation des équipements à l’homme, et sur l’adaptation de l’homme aux nouveaux vecteurs et outils modernes des armées. Nous avons aussi une capacité de recherche fondamentale sur les agents biologiques, sur les effets des radiations ou des plaies par balle, ainsi qu’une recherche très intéressante sur les facteurs humains, par exemple, pour examiner les aspects de leadership, de conduite des opérations ou d’ergonomie collective. 

L’IRBA est doté d’un bâtiment confiné flambant neuf, qui regroupe des laboratoires de sécurité biologique de niveaux 2, 3 et 4 (habilités à travailler sur Ebola ou la variole, par exemple). Cela permet des avancées importantes, notamment pour la mise au point de moyens de protection pour nos troupes et de contre-mesures médicales qui trouvent parfois une application civile. L’IRBA est aussi doté d’un microscope électronique unique en Europe, capable d’examiner les virus et les bactéries dans une sécurité biologique très élevée, ce qui permet de ne pas les inactiver, et donc de les regarder de façon native.

(Note du SAMA : L’IRBA dispose d’une antenne décentralisée dans le cadre du Laboratoire Bio Médical du Pôle Infectiologie de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille, dans le sillage de l’illustre ancienne Ecole du Pharo. Elle travaille en partenariat étroit avec l’Institut Hospitalo-Universitaire de la Timone (IHU Méditerranée-Infection de Marseille) et a des chercheurs détachés dans l’équipe du Pr Didier Raoult).

Le Point : Où en êtes-vous de la réforme majeure « SSA 2020 » ?

La MGA Maryline Gygax Généro : Le SSA a en permanence évolué depuis sa création il y a trois siècles. L’année 2020 était déjà l’occasion de faire un bilan de la réforme que vous évoquez. À n’en pas douter, la crise sanitaire exceptionnelle que nous vivons dans le cadre de la pandémie Covid-19 va amener à tirer des enseignements pour la suite de l’évolution du SSA.

Le Point : Quelles sont les prochaines étapes pour le SSA dans ce combat ?

La MGA Maryline Gygax Généro : Il nous faut maintenant « durer sans faiblir », malgré les multiples missions déjà accomplies, à la fois pour continuer à être utiles dans la crise Covid sur le territoire national, mais aussi pour continuer à soutenir les armées dans toutes leurs opérations, notamment les opérations extérieures (OPEX), ce qui est notre raison d’exister.

               

ENFANTS, FAMILLE ET CONFINEMENT

Par Mme le Dr Marie-Françoise Lefèvre, pédopsychiatre-psychanalyste.

Un regard sur le vécu par les jeunes enfants et leurs familles de la période de confinement que nous venons de connaitre, si elle est propre à chaque situation, permet cependant de dégager quelques réflexions non exhaustives.

Dans cette situation nouvelle, le lien familial est davantage sollicité alors que les liens sociaux et affectifs extérieurs sont obligatoirement mis en stand-by. Les enfants, dont on connaît en général la grande capacité d’adaptation vont réagir en écho à celle des parents et ce vécu partagé va dépendre en partie du contexte ou il se déroule. On ne supporte pas les choses de la même manière dans un lieu exigu sans possibilité de s’isoler ou dans un grand espace où l’on peut avoir chacun un lieu à soi. De même, l’ambiance familiale préexistante est fondamentale : si les relations étaient déjà tendues la situation peut s’aggraver bien qu’il puisse aussi  parfois y avoir la possibilité de retrouver une meilleure qualité relationnelle.

Dans ces contextes divers, l’âge de ou des enfants joue également, dans ce vivre en commun replié sur soi qui n’est plus médiatisé par la crèche, l’école, le collège où le lycée. Plus l’enfant est jeune, plus il est dépendant de l’entourage, alors sollicité de manière nouvelle et continue, ce qui peut être supporté de manière très différente par les parents selon leur manière de réagir (angoisse, stress, déni), face à la situation sanitaire, professionnelle etc… Pour les parents des plus grands, être confrontés à la position de maître d’école où professeur (quand cela est possible…) n’a pas toujours été des moments faciles pour certains. Quant aux adolescents, tout le travail d’autonomisation progressive qui est le propre de leur âge risque d’être impacté par la régression à une vie familiale autocentrée.

Ces différentes sollicitations nouvelles pour l’adulte confronté brutalement à une situation inouïe vont l’obliger à s’adapter avec ses moyens, à relativiser ses projets et faire appel à son équilibre interne préexistant. D’où les multiples possibilités de réponse, depuis ceux qui sont séduits par ce nouveau style de vie qu’ils veulent faire perdurer en changeant radicalement leurs habitudes de vie (logement, lieu de vie voire métier) et qui redécouvrent le bonheur de la relation, jusqu’à ceux qui, dépassés dans leurs ressources personnelles, se dépriment ou décompensent (face à des enfants difficiles, agités, troubles du comportement, troubles du sommeil) jusqu’à l’épuisement. C’est là que peuvent aider les professionnels de la psychologie de l’enfant.

Ce qui est donc ici interrogé c’est le lien parents-enfants, comme est réinterrogé le lien social en général par l’obligatoire distanciation imposée par ce petit virus. Lien interrogé dans un moment où l’on s’est arrêté de courir derrière le temps.

Ainsi, certains parents comme certains enfants ont abordé une autre vision de la vie de famille. Retour des repas préparés et pris en commun, véritables découvertes pour certains, plaisir de faire et de vivre ensemble au jour le jour, de se redécouvrir parfois. Le pillage des stocks de farine pour le plaisir certes de cuisiner ensemble mais aussi pour lutter contre l’angoisse du manque et de l’inconnu du lendemain dont la seule certitude fut le dénombrement croissant des morts au jour le jour…. 

Les grands parents, d’emblée désignés comme victimes potentielles de ce virus gérontophile, ont grandement été aidés par les moyens multimédia, téléphone, face- time, mails, internet en général, abolissant la distance et minimisant l’isolement sans remédier pourtant au vrai contact des embrassades et des câlins si précieux à chacun. Le symbolisme et donc le langage y ont gagné, déployant des efforts pour essayer de pallier à ce manque de proximité. Manques ressentis de part et d’autres, hâte des retrouvailles qui font que les affects s’expriment plus qu’auparavant.

A des degrés divers dans les cas les plus favorables ce virus a permis le réinvestissement des liens et des processus évolutifs à l’œuvre chez tous tant dans la famille que dans le corps social en général (les gens ont redécouvert leurs voisins, la solidarité est apparue plus évidente ou réapparue), toute période critique pouvant générer de nouveaux modes de fonctionnement plus satisfaisants.

 Ces situations de crises entrainant manque, incertitude et anxiété quant aux lendemains sont facteurs d’évolution vers des stades de fonctionnement plus élaborés, le manque créant l’envie et le désir, éléments nourrissant un imaginaire qui s’enrichit (envie de changer son mode de vie, de consommer moins et mieux, de revoir son échelle de valeur, etc…). L’envie de lire a connu une croissance exponentielle durant cette période, cela étant confirmé par une augmentation sensible d’achats de livres, par ailleurs beaucoup ont signalé avoir rêvé plus que d’habitude.

Ce virus qui a finalement ramené la mort dans notre champ d’angoisse quotidienne où on l’avait un peu mise de côté voire tabouisée dans nos pays gavés de tout et plutôt sécures en général. Ce « coup de réel dans la gueule » (Aldo NAOURI dans une interview), donne la chance d’un sursaut de l’imaginaire : mais pour combien de temps et que saurons-nous en faire ?…

                       

LA CRISE DU COVID VECUE PAR UN MEDECIN GENERALISTE A PARIS

Dr Bernard DAUBA-ETCHEBARNE 

PREAMBULE

Je ne ferai pas l’historique de cette pandémie nouvelle qui n’est pas terminée mais rapporterai mon vécu confronté à sa réalité dans le contexte particulier d’un des plus grands centres de santé de Paris/Ile-de-France.

INTRODUCTION  

Le Centre Médical Europe (C.M.E.), où je consulte en qualité de Médecin Généraliste, est constitué sous la forme d’une Association à but non lucratif (Loi de 1901). Il est agréé et conventionné par la Sécurité Sociale et plus de 80 Mutuelles et pratique des tarifs homologués. Il a été créé en 1959 par son Président Fondateur, le Docteur Raymond DUPUY, ancien Médecin Militaire (†) devenu, après une réorientation de carrière, Contrôleur Général des Armées. Si, au moment de la création du Centre, le Dr. DUPUY était assisté de 10 anciens médecins militaires retraités, il y a actuellement 220 Médecins et Dentistes (dont 9 anciens militaires), représentant la plupart des spécialités, sauf la Neurochirurgie. En incluant les actes para-médicaux, le Centre enregistre environ 800 000 passages par an.

LE 14 MARS 2020, COMPTE TENU DU CONSTAT DE LA CIRCULATION DU VIRUS ET DE SA TRANSMISSION POSSIBLE SUR L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE, LA PHASE 3 DE L’EPIDEMIE EST DECLENCHEE PAR LE GOUVERNEMENT ET LE 17 MARS LE STADE DE CONFINEMENT EST DECRETE. Dès lors, le C.M.E. s’est réorganisé, pour être en mesure de prendre en charge l’évaluation et le traitement des cas de Covid-19, en se dotant d’un local ambulatoire totalement dédié  » Coronavirus « , hermétiquement isolé du reste des services, pour les prélèvements nasopharyngés RT-PCR. Dans le même temps, les consultations en « présentiel » sont réduites essentiellement à la Médecine Générale, lorsqu’elles sont indispensables, afin de prévenir la circulation du virus parmi les patients, habituellement très nombreux en consultation, et parmi le personnel indispensable au fonctionnement du Centre dans sa nouvelle configuration.

LA DECOUVERTE DE LA TELECONSULTATION (T.C.) – malheureusement sans vidéo que le Centre n’est pas parvenu à mettre au point – est un exercice nouveau pour moi, habitué à manipuler le stéthoscope, le tensiomètre, le marteau à réflexes et à examiner physiquement les patients. Elle se déroule ainsi : les patients s’inscrivent par téléphone comme pour un R.V. habituel auprès de notre centre d’appel en fournissant leur n° de téléphone, pour être rappelés par le médecin consultant, et une adresse mail, s’ils en disposent, pour la télétransmission des divers documents : ordonnances de médicaments, examens complémentaires, arrêts de travaillettres de correspondances auprès de spécialistes, voire d’hospitalisation. Les patients âgés ou étrangers ne disposant pas de messagerie reçoivent ces documents par la Poste, souvent avec retard du fait de la réduction des jours de levées et de distribution lors du confinement ; pour tous, les ordonnances de médicaments peuvent être également adressées à la pharmacie dont les coordonnées nous ont été communiquées.

EN PRATIQUE, dès l’ouverture de mon ordinateur, apparaît la liste des patients, majoritairement inscrits en T.C. et celle plus réduite de ceux présentant un cas particulier médical ou administratif exposé au Médecin filtreur, en attente à l’entrée du Centre, qui évalue la nécessité ou pas d’une consultation en PRESENTIEL : la consultation d’un patient masqué, ganté et orienté vers son médecin peut débuter. A partir des symptômes réputés pathognomoniques du Sars-cov2, l’Agence Régionale de Santé (A.R.S.) a défini un arbre décisionnel très utile permettant de catégoriser 4 sortes de patients :

* LES PLUS NOMBREUX sont des patients cherchant à se rassurer sur la nature de leurs symptômes suspectés par eux Covid à partir des nombreuses émissions « Radio/Télé » en continu les décrivant en détail par le « menu ». A chacun d’eux, une documentation écrite de recommandations-patients adultes, validée par l’A.R.S., est systématiquement envoyée, au cas où, avec les n° de téléphones dédiés : le 15 ou le 00 130 800 00.

* PUIS LES PATIENTS SUSPECTS COVID+ mais sans symptômes de gravité (Toux, Gêne respiratoire, Fièvre…) ni comorbidités (Obésité, Diabète, Pathologies respiratoires chroniques, Antécédents cardio-vasculaires, Age avancé …), sont invités à demeurer à leur domicile, confinés, protégés, sans Test PCR par défaut épisodique de réactifs, mis en arrêt de travail 14 jours pour ceux en activité et pourvus de la « Fiche Recommandations patient adulte à domicile « .

LES PATIENTS FORTEMENT SUSPECTS COVID OU + AU TEST PCR et présentant les signes de gravité indiqués supra sont dirigés vers le Centre 15 pour une hospitalisation ou hospitalisés directement par nos soins lorsque le 15 débordé ne répondait pas grâce à une liste d’ambulances dont nous avons les coordonnées téléphoniques.

LA DERNIERE CATEGORIE de consultations concerne des patients demandant un avis médical pour une pathologie courante, le renouvellement d’ordonnances pour des pathologies chroniques, la prescription d’antalgiques de palier 3 délivrés sur des ordonnances sécurisées pour des cancers évolutifs très algiques.

REMARQUE : Aux demandes plus ou moins associées des Autorités sanitaires, des patients et des employeurs, le nombre d’arrêts de travail tendant à réduire la transmission du virus a explosé.

LIMITES DE LA TELECONSULTATION 

Sans être cliniquement idéale la T.C. couplée à la vidéo peut être validée, par défaut d’autre choix, dans des situations particulières telle celle dictée par l’actuelle pandémie. Elle est justifiée dans les spécialités comportant l’interprétation d’images ou de résultats d’examens complémentaires télétransmis (Dermatologie, Imagerie, Bilans biologiques, etc…). Elle ne saurait, à mon sens, remplacer une consultation en présentiel en Médecine Générale et diverses autres Spécialités nécessitant un examen clinique et le contrôle objectif des paramètres physiologiques mesurés.

REMARQUES : 

* Combien de fois ai-je entendu, en consultation « normale », des patients venus exposer divers symptômes ressentis (Fièvre, problèmes cardio-pulmonaires…) non retrouvés au moment de l’examen clinique convenablement réalisé, ce que la T.C. ne permet pas. Deux exemples parmi d’autres récemment vécus au téléphone : des otalgies (impossibles à diagnostiquer sans otoscopie), une douleur abdominale (exigeant une palpation) ! 

 * La T.C. est indispensable et pratiquée depuis de nombreuses années dans toutes les situations où les personnels concernés se trouvent en positions d’isolement, éloignés des structures de soins convenablement dotées en personnels formés et matériels, à condition qu’en  » bout de chaîne  » il y ait un médecin ou un Infirmier capable de suivre les conduites à tenir avec les moyens à sa disposition. Il y a aussi le cas des volontaires des missions scientifiques, en séjour de 12 à 24 mois aux Terres Australes et Antarctiques Françaises (T.A.A.F.), des marins participant à la Course à la voile autour du monde, des spationautes plusieurs mois en orbite dans la Station Spatiale Internationale ( I.S.S. ), etc. …

ENSEIGNEMENTS DE LA T.C.

* Réduction importante du nombre de patients habituellement suivis pour des maladies chroniques, parfois déséquilibrées car mal contrôlées du fait de la sédentarité contrainte, de la modification de l’hygiène alimentaire, du stress et de la crainte d’une contamination Covid lors d’une consultation au Centre qui, en présentiel, était de toutes façons réduite.

* Je constate également que, depuis la fin du confinement, le 11 mai 2020, un certain nombre de patients continuent à prendre R.V. en T.C. alors qu’ils peuvent désormais venir consulter au Centre. Une Explication possible à cette démarche, peut-être temporaire, celle de la commodité : COMPREHENSIBLE pour la patientèle d’origine étrangère défavorisée, majoritaire parmi les consultants, du fait de l’éloignement de leur domicile et de la réduction importante des transports collectifs durant la période de confinement. DE NATURE DIFFERENTE pour la patientèle plus favorisée considérant, pour une partie d’entre elle, la Médecine, comme un bien de consommation reposant sur une demande d’examens complémentaires inutiles, de médicaments hors indications suggérés par un parent, un ami ou une émission de vulgarisation « mal digérée »DANS LE MEME TEMPS, j’ai entendu certains de mes confrères ou consœurs, souhaiter dans la mesure du possible la poursuite de la T.C., rejoignant ainsi l’état d’esprit des patients privilégiant ce mode de consultation la plus brève sans devoir se déplacer. « Time is Money  » ? DERNIERE HYPOTHESE CONCERNANT LES MEDECINS : les conditions pratiques de cette nouvelle expérience médicale m’ont permis de constater que la T.C. est plus confortable car les patients, étant en attente chez eux, acceptent davantage d’être appelés avec retard ce qui n’est pas le cas en salle d’attente au cabinet, en particulier avec les hypochondriaques difficiles à rassurer, les personnalités fragiles grandes consommatrices de temps médical, etc …

MES REFLEXIONS NON CONCLUSIVES SUR CETTE PANDEMIE NOUVELLE EN COURS D’EVOLUTION.

 » La critique est aisée mais l’Art est difficile  » (Notamment l’art médical).

 * Les mondes Médical et Politique ne sont pas dans la même temporalité vis à vis d’une pandémie nouvelle : le Premier, relevant  » en même temps  » de la science, de l’art et d’un certain pragmatisme, nécessite du temps long ponctué d’erreurs d’analyse avant de cerner la vérité, parfois temporaire car remise en cause au fil des ans.  Le Second, dont le pouvoir est limité par les échéances électorales rapprochées, dispose de peu de temps pour décider sans que la médecine soit en mesure de lui fournir les clés de la bonne décision faute de connaissances validées.

* « Les conseilleurs n’étant pas les payeurs  » (de revers politiques !), le médecin doit se garder d’entrer dans le champ politique en cherchant à faciliter une décision politique par son statut de « sachant » sur des connaissances médicales encore incertaines.

* Il est prématuré d’établir les responsabilités politiques et médicales dans la gestion hexagonale de cette pandémie avant son terme. Elles seront indispensables à son issue.

* Il devrait être possible d’appliquer à la gestion préventive de la santé la locution guerrière : « Si tu veux la paix prépare la guerre » en la remplaçant par :  » SI VIS SANITAS PARA SUBSIDIIS  » (si tu veux préserver l’état sanitaire du pays, prépare des réserves). Même si chacun de nous peut déplorer les gaspillages, la santé a un coût notamment en matière préventive, le parent pauvre de notre système de soins. A ce niveau, décidément marqué (déformé?) par 38 ans sous les drapeaux, permettez-moi un rapprochement osé entre la “dissuasion nucléaire” de notre pays – une arme de non emploi -, qui a prévenu le retour des grands conflits symétriques du passé (pourvoyeurs de millions de morts) mais pas la dissymétrie du terrorisme, et un barbarisme, « la dissuasion sanitaire (= sécurité)«  nécessitant, non seulement au niveau du pays mais au plan européen, une Réserve Sanitaire en équipements et le retour de la fabrication des médicaments stratégiques en Europe (sachant, à titre d’exemple, que la fabrication du PARACETAMOL  et de LA PLUPART DES ANTIBIOTIQUES est extra-européenne !). Cette relocalisation Européenne de la production de médicaments aura forcément un surcoût devant être simultanément accepté par la population et le pouvoir politique. Cela est essentiel à intégrer car, hélas, il est permis d’avoir un doute sur la réalisation de ce souhait, sauf à la marge,  par défaut de réelle volonté des Laboratoires, dont ce n’est pas l’intérêt, et des possibilités techniques rapides d’adaptation de l’outil de production.

Et pourtant, compte tenu de la récurrence de plus en plus rapprochée des Pandémies, Catastrophes naturelles, climatiques, Terrorisme … ces 40 dernières années,  l’Europe en général et la France en particulier doivent se préparer prospectivement et collectivement à les gérer dès le temps de « calme sanitaire » en se dotant de moyens prépositionnés. Ils ne serviront peut-être pas, devant être renouvelés, reformatés à l’échéance de péremption, sans avoir été utilisés mais leur besoin est incontournable.

 C’est le prix à payer de la SECURITE SANITAIRE DU PAYS A COURT, MOYEN et LONG TERME.

Gardons en tout cas à l’esprit que, par la polymorphie des symptômes présentés, leur disparition puis leur récurrence pendant de nombreuses semaines qui peuvent déstabiliser certains patients et nécessiter un soutien psychologique, le Sars-cov2, que Jean-François DELFRAISSY qualifie de  » saleté « , est loin d’avoir livré tous ses secrets !!!

                       

LA MEDECINE HOSPITALIERE PUBLIQUE ET PRIVEE PENDANT LE CONFINEMENT …

ET APRES LE DECONFINEMENT

Dr François Chassaing

Rappelons qu’au début de la crise -ou plutôt de la prise de conscience puis de décision d’action sanitaire globale et radicale, faites au niveau national – l’épidémie s ‘annonçait galopante, avec surcharge annoncée des structures hospitalières car les 5 % de formes graves de COVID 19 allaient vite nous arriver.

Les médecins militaires connaissent bien cette notion de pertes massives (beaucoup de blessés, volontiers graves, d’un seul coup) avec risque d’engorgement de la filière sanitaire (une armée encombrée de blessés est une armée paralysée).

La stratégie initiale était donc logiquement adaptée : services de réanimation « musclés » , filière COVID spécifique , précautions pour éviter la contamination de l’outil de travail (soignants et matériel) , et bien sûr allègement des autres services de soins avec report ou redistribution des soins non urgents.

C’était le plan au plus fort du confinement et il a plutôt bien fonctionné quand les différents acteurs ont bien joué leur rôle respectif :

– l’ARS avec la circulation de l’information (combien de cas d’hospitalisations, taux d’occupation COVID des hôpitaux, prise en compte des problèmes locaux, etc…).

– les hôpitaux et cliniques avec une bonne coordination entre eux :

pour faire simple, les cas les plus graves aux hôpitaux avec leurs moyens lourds.

En effet les patients graves ont été ventilés , mais aussi ranimés de plusieurs manières : le virus SARS CoV 2 est un tueur vicieux non seulement pour les épidémiologistes mais aussi pour les soignants avec des atteintes surprenantes de toutes les fonctions de l’organisme, en particulier la coagulation et le système nerveux central, qu’on ne soupçonnait pas au début de la crise, plusieurs patients ont bénéficié de l’ECMO – oxygénation artificielle du sang par pompe sanguine – avec allers  retours de patients intubés et endormis dans différents hôpitaux, surtout en région parisienne .

Et pour les clinique, dès que le taux d’occupation hospitalier devenait préoccupant accueil des patients les moins graves (pas de nécessité de réanimation invasive,  mais besoins de soins  lourds de type respiratoire et prise en charge des comorbidités) ou de patients pour lesquels une réanimation était écartée d’emblée, accueil des urgences habituelles pour décharger les hôpitaux.

Comme à la guerre, une réunion stratégique était organisée CHAQUE JOUR, bien sûr par visio-conférence : le plus souvent les directeurs hospitaliers (avec un médecin dans la boucle !) faisaient le point avec le directeur ARS (qui lui-même était abreuvé de directives parfois contradictoires du ministère de la santé),  puis réunion intra hospitalière (avec tous les médecins concernés par le COVID).

On peut commenter le résultat de cette stratégie à l’envie, les journalistes et les politiciens ne s’en sont pas privés. Je ferai seulement quelques remarques :

– importance de la logistique : les pharmaciens hospitaliers ont été mis dans une cocotte-minute !

Il leur fallait chercher tous les jours des masques, des gants, du gel pour les mains, des tenues de protection , surveiller le stock et le flux des drogues essentielles (curares, narcotiques et morphiniques notamment ), avec la prise en compte de Big Brother : l’État s’est réservé le droit de réquisitionner, donc crainte d’être dépouillés du jour au lendemain  de notre stock, si on comptait sur une grosse commande groupée avec la Région ou le groupe de cliniques, et avec la prise en compte des transporteurs : certaines sociétés ne travaillaient plus !

– mobilisation des personnes : tous les soignants ont fait leur devoir, sans se priver de critiquer telle ou telle mesure, mais ils l’ont fait. Les tâches ont été redistribuées : une infirmière de bloc se retrouve à l’entrée de la clinique pour prendre la température des entrants, une secrétaire de cabinet fait la circulation intra hospitalière pour les patients perdus dans les nouveaux circuits mis en place, les affectations changent sans cesse pour s’adapter au mieux à un dispositif changeant.

Par ailleurs, le soutien des non hospitaliers nous a aidé moralement : des pizzas livrées gratuitement, des fournisseurs s’adaptant à un système économique perturbé…

importance de la biologie et de l’épidémiologie : chacun suit encore au niveau national l’épidémie et les découvertes sur ce virus, mais à l’échelon hospitalier la déclinaison se faisait immédiatement !

Le médecin biologiste faisait le point CHAQUE JOUR sur la disponibilité mais aussi la qualité des tests PCR (30 % de tests PCR positifs dans une ville voisine, pas un seul malade ! Voilà le genre de test qu’il faut éviter d’utiliser …), et sur leur mise en place, avec utilisation des techniques manuelles ou des automates, la formation des techniciens de laboratoire et des préleveurs habillés en cosmonautes pour vous gratter le nez.

Qui tester, comment, qui paye, quelle conséquence, dans combien de temps le résultat …des questions triviales …et toujours débattues ce jour !

L’épidémiologie n’est pas en reste : nous avons constaté tant l’aggravation dans l’Est et en Région parisienne que la résistance à cette épidémie COVID ailleurs, et les foyers épidémiques locaux (les « clusters ») ont vite été repérés.

Le déconfinement : il y a un avant et un après

La crise a été vécue en direct : tous les français étaient devant leur poste de télévision qui ne parlait que de cela, on l’a bien vu  et la décrue et l’arrivée du déconfinement.

Mais le  déconfinement n’est pas la fin de la pandémie : le risque de surcharge hospitalière est  certes passé, mais  le virus reste toujours avec nous dans la population.

une nouvelle crise …qui était prévue ! C’est un truisme, mais ce qui avait été reporté (opérations et soins « non urgents ») doit maintenant être fait !!!

En chirurgie, une pathologie non urgente finit toujours par le devenir, il suffit d’attendre : un stock de patients doit se faire opérer, pour des hernies inguinales qui sont devenues insupportables et qui s’étranglent, des prothèses de hanche et de genou pour libérer de la douleur et du « confinement « au fauteuil des anciens et moins anciens, des cataractes qui rendent aveugle et dépendant, etc.

En médecine même combat : en principe les structures hospitalières ont continué à fonctionner pour soigner des cancers et autres pathologies graves, mais on voit bien arriver des patients qui se sont auto censurés : des cancers méconnus, des diabètes déséquilibrés, et surtout des patients qui ont peur de venir à l’hôpital ; la COVID est surtout dans la tête !

-des patients vont revenir et un « rattrapage « est à prévoir, mais comment les accueillir ?

Cette question n’est pas résolue.

En effet, les ARS et le ministère de la santé ont leurs idées … Mais aussi les assureurs !

Et ne parlons pas des patients ou des médecins : on oscille entre un confinement et un retour à la situation « d’avant » !

Nous sommes obligés de tenir compte de la pandémie, il est inacceptable que les professionnels de santé diffusent le virus, et donc quelques précautions s’imposent plus ou moins contraignantes tant pour les patients que pour les hospitaliers.

A ce jour :

-on remplit des papiers : a-t-on bien cherché la maladie avant de faire circuler le patient ? L’a-t-on testé (par PCR) ? Bien informé ? Bien fait signer la reconnaissance de risques ?

-nos procédures sont-elles bien en place (variables suivant les établissements) ? Nous verrons plus tard si elles sont pertinentes …ou démesurées !

-nous n’avons pas de pénurie de drogues essentielles (mais cela va-t-il perdurer, la fabrication étant hindoue et asiatique ? 

-les patients reviennent à l’hôpital (ce n’est plus la Grande Peur !), mais je ne les reconnais pas : tout le monde est masqué !

-les chirurgiens trépignent pour opérer plus, les directions hospitalières aussi, on s’attend à une absence de vacances d’été… mais les problèmes d’organisation sont loin d’être tous réglés …

– l’épidémie galopante n’étant plus là les services COVID sont démontés (ou allégés) … mais les plans de réarmement sont en place, et le matériel ne sera pas dispersé très loin.

On peut résumer le problème en une phrase : il ne faut pas rater le déconfinement

Pour les hôpitaux et les cliniques la solution idéale serait un test PCR rapide et fiable : au lieu de la température le patient et les personnels seraient testés à l’entrée et pourraient y évoluer ensuite normalement.

Les problèmes économiques et budgétaires sont encore et toujours là : les primes gouvernementales pour les soignants …sèment la zizanie ! Les personnels du privé et de nombre d’hôpitaux publics hors Région parisienne en sont écartés, l’augmentation des salaires du public va y faire fuir les infirmières du privé, qui paiera ces stratégies de dépistage massif et comment ? y aura-t-il des procès en infection nosocomiale si COVID ? Etc…

Comment dimensionner les services (la réanimation notamment) et le personnel ? Actuellement on gèle les recrutements car on ne sait pas quand la situation sera de nouveau sinon normale mais au moins prévisible.

En conclusion, la médecine hospitalière publique et privée a pu faire face à une crise …qui heureusement a été moins grave que prévue dans la plupart du territoire.

La COVID est toujours là et il faut la prendre en compte, comme nous l’avions déjà fait pour le SIDA et le risque prion, ou la tuberculose et la syphilis pour les plus anciens, elle est non seulement dans nos services de soin mais aussi dans les cabinets des généralistes, à la porte des EHPAD, elle a réussi à contaminer toute la société : à nous de nous adapter.

                       

LES  SOCIETES D’ASSISTANCE EN  MAL DE TRANSPORTS

Dr Michel ROBERT 

   La libre circulation des biens et des personnes englobe dorénavant les virus et les bactéries. Et ce à une vitesse folle avec le développement du trafic aérien. Le  coronavirus, qui fréquente  aussi la classe affaires, a de ce fait lourdement impacté les Sociétés d’Assistance (filiales pour la plupart de groupes  d’assurances françaises) dans leur activité de régulation et de transports médicalisés. Bon an mal an, c’est environ  8000 patients  français  qui sont rapatriés de l’étranger  par voie  aérienne (avions de ligne  et/ou avions sanitaires).

   Dès  le stade 2 du Covid 19, la fermeture des aéroports aux avions français a pratiquement cloué au sol avions, médecins et infirmier(e)s transporteurs. Des dérogations ont pu être obtenues pour des avions sanitaires avec des contraintes fortes  mais aussi des risques accrus de contamination pour les personnels soignants embarqués. A titre d’exemple, les  derniers vols sanitaires (Evasan) avec relais ambulances sur l’hôpital d’Ajaccio et ce avant l’arrivée du Porte-hélicoptères, ont exposé les personnels soignants, faute de masques adaptés, de blouses et de décontamination plus  poussée (pulvérisation) des aéronefs. 

 L’interdiction de décoller est une frustration importante pour les équipes  médicales et les gérants qui pourraient ne pas se remettre de cette inactivité si elle devait s’inscrire dans la durée.

   Les pathologies infectieuses et notamment respiratoires représentent  une part non négligeable des rapatriements par voie aérienne. Très souvent sans diagnostic initial précis, elles sont étiquetées Pneumopathies communautaires. En diagnostic rétrospectif, il n’est pas rare de retrouver des étiologies méconnues voire exceptionnelles (légionellose, tuberculose, allergie à la Cordarone,…)

   Depuis  une dizaine d’années, les rapports médicaux de transport comportent une case BMR (Bacilles Multi Résistants) à cocher le cas échéant  pour tout patient hospitalisé transféré depuis les territoires du Sud-Est asiatique. A leur arrivée en milieu hospitalier français, ces patients français seront placés  en chambre d’isolement de 24 à 36h.

   Enfin certaines pathologies virales importées (Dengue…) doivent être signalées à l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS).

  Le patient Zéro d’Ajaccio était un touriste Sénior hospitalisé pour une Pneumonie en apparence banale mais qui n’avait manifestement pas fait l’objet d’une recherche virologique et n’avait pas été replacé dans un contexte épidémiologique d’où l’importance d’un interrogatoire bien mené… Vous avez dit Interrogatoire ? Mais voyons ce n’est plus  d’actualité ! Hélas c’est vrai et regrettable s’agissant de très nombreux Mécanos de la Médecine que nous avons enfantés, victimes de la performance et de la rentabilité.

                       

QUELQUES REFLEXIONS SIX MOIS APRES L’APPARITION DE LA COVID-19

30 mai 2020

Dr Gérard DESMARIS 

Spécialiste de médecine aéronautique et spatiale,

Diplômé de l’école supérieure de guerre aérienne et du cours supérieur interarmées.

La société française face au nouveau virus

L’épidémie est apparue il y a environ six mois, dans des circonstances encore floues, dans la région de WUHAN métropole chinoise de onze millions d’habitants. Des voyageurs ont propagé le virus dans le monde entier sauf les régions extrêmement chaudes ou froides. En France il a rencontré une population qui, depuis plusieurs années, présente une extrême aversion au risque, non au risque objectif mais au risque ressenti. Elle a des exigences contradictoires, par exemple disposer immédiatement de traitements efficaces, sûrs et pas chers ; en forçant le trait avoir une assurance tout risque et gratuite.

L’importance prise par les média et twittosphères faisant appel à l’émotionnel est propice à tous les fantasmes dont les thèses conspirationnistes. 

Le plan de bataille sanitaire

La communication officielle est certes un exercice particulièrement difficile. Elle a, de mon point de vue, été anxiogène avec ses changements de pieds successifs. Il existait bien un plan de bataille général pour anticiper une pandémie, le plan Bertrand de 2006, calqué sur les recommandations OMS de l’époque. Mais le général en chef chargé de la manœuvre sanitaire a dû adapter la tactique aux moyens matériels, humains, logistiques et autres, rapidement disponibles. Ils se sont révélés notoirement insuffisants. Il faudra savoir pourquoi et en tirer les conséquences le moment venu. Il fallait donc un plan pour demain bien qu’imparfait rappelant ainsi les propos du général George SPatton: « A good plan violently executed now is better than a perfect plan next week. » Sauf que des arguments spécieux ont été avancés pour la communication grand public à chaque changement de tactique.

Le système de santé français

Il a souvent été dit après le rapport OMS de 2000 que le système de santé français était le meilleur au monde mais aussi, depuis quelques années, qu’il était à bout de souffle.

Il a globalement tenu le choc malgré les difficultés et a su s’adapter très rapidement dans certaines régions (ARS) malgré les lourdeurs administratives. Le nombre de lits de réanimation a pu être doublé.

Lors de cette période c’est surtout l’hôpital public, en première ligne, qui a focalisé l’attention des médias, particulièrement pour son manque de lits et son manque de personnels. La tarification à l’acte T2A, les 35 heures entre autres sont passées par là. Les conditions de travail difficiles, les bas salaires n’attirent plus les soignants dans le secteur hospitalier public. Pourtant, la France consacre 3,4% de son PIB pour l’hôpital public soit plus que l’Allemagne où les salaires sont par ailleurs meilleurs ! La différence pourrait venir d’une meilleure organisation et d’un moindre nombre de passages aux urgences en hôpital.

Selon une étude publiée récemment par la Commission Européenne et l’OCDE, la France consacre 11,3 % de son PIB à la santé toutes composantes confondues, soit la part la plus élevée de l’Union européenne. Mais le pays devrait renforcer son système de prévention, et compte relativement moins de médecins que la moyenne.

Une concertation « Ségur de la Santé » a été lancée le 25 mai pour « trouver les moyens d’accélérer la rénovation en profondeur notre système de santé. » Belle ambition mais les acteurs sont très nombreux (tous ne seront sans doute pas représentés) et avec des intérêts pas forcément convergents.

Recherche des origines du COVID-19

Quelques pays voisins de la Chine continentale ont mis en alerte leurs moyens de protections sanitaires dès les premières rumeurs. Cependant, peu d’experts et de médecins ont vu venir cette pandémie, excepté le petit groupe de médecins « lanceurs d’alerte » de WUHAN.

Le 30 décembre 2019, AI Fen, la chef des urgences de l’Hôpital central fait une inquiétante découverte. Depuis plusieurs semaines, de nombreux patients sont soignés pour une étrange infection pulmonaire. A la lecture des résultats d’analyses de l’un d’eux, elle apprend que le laboratoire en charge des tests affirme qu’il s’agit d’un coronavirus similaire au SRAS. Ces médecins seront, « conformément à la loi de la République Populaire de Chine (RPC)» interpellés et réprimandés pour diffusion de déclarations alarmistes susceptibles de « mettre  en péril l’ordre public. » L’un d’eux, le Dr LI Wenliang, ophtalmologue succombera au Covid-19. Sa mort provoquera une telle colère de l’opinion qu’une commission d’enquête désavouera la police et des autorités locales ; comme souvent en RPC.

Une ancienne et tenace propension de l’opinion publique française est d’opposer les gens de terrain et les sédentaires autrefois les « ronds de cuir ». On retrouve cet antagonisme même chez les chercheurs avec parfois des propos choquants. La confrontation des idées, la critique ont pourtant toujours été source de progrès.

Très rapidement, le professeur Didier SICARD s’est ému de la focalisation des recherches sur les traitements et vaccins et la négligence vis-à-vis de l’origine animale de l’épidémie. Il affirme qu’il faut retourner sur le terrain, étudier de plus près la chaîne de transmission des coronavirus. C’est ce qu’il essaye de promouvoir avec l’institut Pasteur au Laos.

Pour lui les serpents pourraient être des hôtes intermédiaires. « Lorsque les chauves-souris sont accrochées dans les grottes et meurent, elles tombent par terre et leurs cadavres sont dévorés par les vipères.» J’ai appris quelque chose car j’avais toujours vu les serpents se saisir de proies vivantes chaudes ! Alors, peut-être mortes et encore chaudes ?

Sur le fond on ne peut qu’être d’accord avec lui pour un retour plus important sur le terrain. 

En pratique pour ce qui concerne la Chine, encore faudrait-il que les chercheurs français ou occidentaux y soient officiellement invités. Les chercheurs chinois eux se rendent déjà régulièrement dans les grottes à chauves-souris situées à une centaine de kilomètres de Wuhan.

SHI Zhengli est une spécialiste mondialement reconnue des virus de chauves-souris. Francophile ayant étudié un temps à Montpellier puis à Lyon, elle avait convaincue Jacques CHIRAC et Jean Pierre RAFFARIN de l’aider et d’obtenir la construction d’un laboratoire P4 pour son futur institut de virologie.

TIAN Junhua est son concurrent du centre de prévention et de contrôle des maladies de Wuhan. On a pu le voir capturer et manipuler les chiroptères à mains nus ; provocation ? Ce chercheur dispose d’un laboratoire P2 situé à 300 mètres du marché aux animaux sauvages officiellement incriminé. Depuis 2003 le trafic et la consommation d’animaux sauvages sont pourtant officiellement interdits en RPC !

Virus naturel ou créé par l’homme ?

Actuellement il y a un consensus des scientifiques (contesté par le Pr Luc Montagnier) pour dire que ce nouveau virus est bien d’origine naturelle et non pas créé par des chercheurs. Mais cela ne clôt pas le débat sur le patient zéro et comment il aurait été contaminé.

Dans le passé au moment du SRAS il y a eu plusieurs fuites de virus à partir de P2 en Chine continentale, Taïwan et Singapour et certains avaient dit qu’il fallait manipuler le virus dans des laboratoires de niveau de sécurité minima P3.

Pour ce qui concerne l’Institut P4 de Wuhan, on manque d’informations fiables mais il ne paraît pas fonctionnel. Il faut dire que les « gardiens du temple sécuritaire » français puis américains se sont employés à torpiller ce projet s’agissant d’une technologie duale. Ceci non sans arguments. Savoir : on ne peut pas encore faire confiance à la RPC dirigé depuis 1921 par un parti unique dit communiste (le PCC) avec l’appui de l’Armée Populaire de Libération (APL). L’APL contrôle des entreprises comme celle qui a construit le P4 sur les plans d’une entreprise spécialisée lyonnaise. La RPC a aussi des alliés encombrants- le Pakistan et la Corée du Nord – qui ont été impliqués dans les affaires de proliférations d’armes non conventionnelles.

Questions posées par le potentiel dual civil ou militaire de recherches

S’agissant de dualité, rappelons un épisode de 2011 concernant le virus strictement aviaire le H5N1. Ron Fouchier (Erasmus Rotterdam) et Yoshihiro Kawaoka (Tokyo et Wisconsin Madison) ont créé un H5N1 « artificiel » en induisant 5 mutations. De spécifiquement aviaire ce redoutable virus se transmettait alors entre furets, mammifères privilégiés pour les études des virus grippaux.

Cela faisait suite à un moratoire sur ce type de recherche. Et partait d’un bon sentiment, à savoir avoir un temps d’avance sur l’évolution génétique naturelle pour trouver de nouveaux vaccins ou traitements. Bruno Lina et Hervé Raoul jugeaient ces recherches légitimes. Luc Montagnier pour sa part disait que les mutations qui surviennent (pour la grippe) ne sont jamais celles attendues. Pour sa part J.F Saluzzo disait que si un H5N1 devait infecter l’homme cela se serait déjà produit. Je dois cependant dire que HIS a mis plusieurs millénaires pour finalement passer du primate non humain à l’humain !

Quoiqu’il en soit  le NSABB biosécurité US a, si ce n’est interdit la publication des études, du moins imposé que les détails pratiques des procédures ne soient pas publiées. Bien sûr ces recherches peuvent avoir un caractère dual civil et militaire, encore faut-il pour avoir une arme B posséder le vaccin ou remède (comme pour la variole par exemple). Mais s’agissant d’un « savant ou terroriste fou  » désirant faire disparaître l’humanité et périr lui-même, cette précaution US est-elle utile ou est-elle au contraire néfaste car pouvant aiguiser l’intérêt et les appétits ?

Ces problématiques me semblent toujours d’actualité et les réponses difficiles.

A propos des traitements et des vaccins

Ces sujets ont suscité les polémiques les plus virulentes.

Revenons aux années 80. Apparaît alors au Canada une nouvelle méthode d’enseignement reposant sur la recherche de preuves comme méthode de raisonnement. Dix ans plus tard, l’ « evidence based medicine » EBM ou médecine fondée sur des [niveaux de] preuves s’est étendue à tout le secteur de la santé. 

Dans une société qui s’est judiciarisée, les praticiens, pas seulement les médecins, hésitent beaucoup à s’écarter des indications et des procédures pour éviter les procès. 

Dans l’ensemble, la société s’est satisfaite de cette évolution vers plus de science, plus d’objectivité, plus de sécurité. Ces études prennent un temps certains. Mais si l’on dit à un patient, même très instruit et occupant de hautes fonctions, qu’il n’y a pas de traitement pour son affection ou même que le traitement prescrit a peu de chance d’être efficace, il peut se tourner vers les « médecines ou pratiques alternatives. » Par ailleurs les preuves objectives sont difficiles à obtenir et toujours sujettes à contestations (validité statistiques, biais éventuels, méthodologie).

Pour le traitement du COVID 19, quel traitement prescrire ? En préventif ou curatif ? Une molécule unique ou en association, à quelles doses, à quel moment de l’affection ? Combien de patients inclure et avec quelles comorbidités ?

C’est ainsi qu’il semble bien improbable d’obtenir une réponse claire et définitive avant longtemps.

L’essai européen Discovery est devenu franco français, l’objectif de 3200 patients à moyen terme ne sera pas atteint. Certains pays ont rejoint l’essai Solidarity de l’OMS avec des critères méthodologiques moins contraignants, la Grande Bretagne conduit son propre essai ReCovery.

On observe aussi le peu d’enthousiasme des industriels à entreprendre ou pousser aux études de « repositionnement » des anciennes molécules. Leurs brevets sont tombés dans le domaine public et elles sont produites et vendues à bas coût. Les génériques font faire des économies à la sécurité sociale mais ont cet effet pervers secondaire ! Il faudra trouver des incitations.

Pour ce qui concerne les vaccins on observe aujourd’hui une course effrénée et paraît-il une recrudescence des essais de piratage de données. Plus d’une centaine sont à l’étude par de grands laboratoires ou instituts, aussi par des petites Start up. Les procédures d’essai ont été contractées pour gagner du temps et une procédure d’urgence de mise sur le marché est espérée. 

Seule une dizaine d’industriels ont cependant les moyens de production suffisants, heureusement assez bien répartis sur les différents continents. Ils seraient prêts à lancer une production avant d’avoir l’AMM au risque (financier  avec contrepartie ?) d’avoir à détruire les doses déjà produites. 

On ne peut cacher que la concurrence est grande entre eux mais aussi entre les différents états prêts à presque tout pour disposer de suffisamment de doses dans les meilleurs délais et ici les USA ont des avantages incontestables. La BARDA (Biomedical Advanced Research and Development Authority) service du ministère de la santé US soutient puissamment la recherche. Ils ont encore un moyen indirect mais imparable de contraindre toute entreprise commerçant avec eux ou en dollars, celui de l’extraterritorialité juridique (voir rapport Lellouche/Berger de 2016). 

Supposons qu’un vaccin soit efficace avant la fin de la pandémie, quel sera le pourcentage de la population prête à se faire vacciner ? Selon un récent sondage (projet Coconel Agence nationale de la recherche) 26% de la population française la refuserait et parmi les plus réticents se trouvent les plus vulnérables face au virus.

Le fleuron de la marine nationale victime du virus de même qu’un porte avion américain

De retour d’opération en Méditerranée Orientale, le groupe aéronaval, principalement le Charles de Gaulle, a été frappé par le COVID-19. La première contamination s’est faite à LIMASSOL (Chypre) et la principale à l’escale de BREST. Cette escale technique était nécessaire avant de repartir en exercice.

Des critiques ont reproché aux amiraux de ne pas avoir interrompu plus tôt la mission du navire et de ses bateaux d’escorte, à bord desquels 1 046 cas positifs au coronavirus ont été identifiés, 60% des effectifs du porte avion. Heureusement seuls deux marins ont été gravement atteints. 

Le général Lecointre a concédé que la question du maintien de l’escale à Brest s’était posée mais réitéré qu’au vu des connaissances du moment sur la propagation du virus, il n’avait pas été jugé nécessaire de l’annuler, la France n’étant pas encore entrée en confinement. « Les mesures qui ont été données d’autorisation de sortie en ville, qui semblaient à l’époque et en l’état de la connaissance du virus et de ce qui était appliqué comme règle en France à ce moment-là, et dans une région, en particulier l’Ouest breton dans lequel on n’avait aucune connaissance d’un moindre cas, paraissaient légitimes. ».

Deux enquêtes, une de commandement et une épidémiologique, ont été diligentées sur la gestion de la crise d’une part, le processus de contamination du bâtiment d’autre part.

La ministre des Armées, Florence PARLY, a déclaré devant la commission Défense de l’Assemblée nationale : «  Le commandement du porte-avions Charles de Gaulle et son équipe médicale ont eu une confiance excessive dans la capacité du bâtiment et de son escorte à faire face au coronavirus », mais n’ont pas commis de faute. »

Le porte-avions nucléaire américain USS Theodore Roosevelt, croisait en mars dans le Pacifique. Le commandant qui avait lancé un appel pour faire évacuer son navire contaminé par le coronavirus, a été démis de ses fonctions après avoir écrit, le 3 avril : «Nous ne sommes pas en guerre. Il n’y a aucune raison que des marins meurent » Un marin du porte-avions américain est mort de complications du Covid-19 sur l’île de Guam, où le navire contaminé par le coronavirus avait été partiellement évacué.

Le porte-avions est un lieu propice à la propagation du virus parce qu’à bord, pour les quelques 1.700 marins, la règle est la promiscuité. Pas de chambres individuelles, pour les matelots ce sont même de grands dortoirs, les sanitaires sont partagés, les coursives sont étroites et les escaliers très raides. De ce fait il est plus sensible qu’un paquebot.

Pour conclure :

La plupart des épidémies à coronavirus ou virus grippaux ont pour origine la Chine continentale. Les pays voisins qui ont dramatiquement connus le Sras, le Mers et le H1N1 comme Hong Kong, Taïwan, Corée du Sud, Singapour, Vietnam en ont tiré les enseignements et mis en place des plans et moyens de protection. Ils ont mis en place une chaîne de commandement forte et des procédures standards à activer sans attendre la confirmation officielle d’une épidémie et d’une transmission interhumaine du virus, ce qui permet de gagner un temps précieux. Leurs centres de contrôle et de prévention des maladies collaborent pour une évaluation de la menace bien plus réaliste qu’en Europe et aux États-Unis. 

Les frontières ne sont pas fermées mais les contrôles stricts sont effectifs. Les personnes pensant être infectées peuvent se faire tester facilement avec un résultat en six heures. L’hydroxychloroquine leur est recommandée en prévention. Les cas positifs se confinent avec civisme. Le port du masque est dans les mœurs et des réserves sont constituées et les approvisionnements sécurisés. Les résultats obtenus par ces pays pour lutter contre le COVID 19 ont été sans appel très positifs.

Les pays non préparés, comme la France, n’ont eu d’autre choix que d’instaurer un confinement large et de s’amputer d’une part importante de leur production économique pour aplatir la courbe des contaminations. En conséquence on observe une explosion du chômage, de la précarité et de la pauvreté.

Il y a une défiance envers les politiques ce qui est assez habituel mais aussi, ce qui l’est moins envers leurs experts. Les français ont confiance envers leur médecin traitant mais majoritairement plus envers la médecine. Peut-on vraiment leur donner tort ?

LA NEWSLETTER DU SAMA D’AVRIL 2020

COronaVIrusDisease(20)19. Que dire à ce jour ?
 Edito du Président 

Cher(e)s camarades,

Tout d’abord je formule des vœux pour que vous réchappiez, ainsi que vos proches, à cette épidémie de COronaVIrusDisease(20)19. Deuxième virus de l’espèce susceptible de provoquer des Syndromes Respiratoires Aigus Sévères SARS – CoV – 2.

J’aurais aimé vous revoir tous à l’AG du SAMA le 10 juin à Paris. A cette date le dé confinement « subtil » devrait être en cours mais je crains fort que les regroupements, surtout dans la capitale seront encore proscrits.

Pierre Saliou dont vous avez peut-être vu les interventions à la télévision a bien voulu nous donner ses commentaires éclairés sur cette pandémie et je le remercie vivement.

Au cours de ma carrière, sous différentes casquettes – d’aviateur, de compagnie aérienne, de conseil à l’industrie – j’ai été confronté à plusieurs crises sanitaires, SRAS 2003, Ebola 2014, MERS CoV 2019 et aujourd’hui le COVID-19.

A chaque fois c’est la panique chez les opérateurs aériens qui réclament d’urgence le désinfectant qui va bien pour traiter leurs avions. « Ce désinfectant est bien actif sur le COVID-19 ? Vous l’avez fait tester sur ce virus ? » Il faut alors expliquer que les laboratoires P3 qui ont la souche ont d’autres priorités comme celles d’étudier le génome du virus, de tester des médicaments ou des vaccins. Les tests d’efficacité des désinfectants ont été faits sur des souches plus anciennes de coronavirus dont la 229E qui provoque des rhinopharyngites hivernales chez l’homme depuis les années 60. Il ne faut donc pas être dupe d’arguments marketing comme « testé sur le coronavirus « , mais pour autant, le nouveau virus a comme ses cousins une enveloppe lipophile qui le rend sensible à la plupart des désinfectants dont ceux à base d’ammoniums quaternaires à concentration modérée. Bien sûr il s’agit de tests normés effectués en laboratoire, en conditions différentes de celles qui peuvent être rencontrées en réalité notamment pour ce qui concerne les souillures (sérum albumine et érythrocytes de mouton pour la norme), cependant un coefficient de sécurité est appliqué pour les concentrations en produits actifs. Il existe des guides qui présentent différents germes dans un ordre décroissant de résistance aux désinfectants. Ainsi un produit actif sur le H1N1 est réputé actif sur le corona.

Trop souvent, intuitivement, on peut penser que plus un virus est contagieux et agressif, plus il serait résistant à la désinfection. C’est loin d’être toujours objectivement vrai. Ainsi, le redoutable Ebola est relativement fragile. Lors de l’épidémie de 2014, pour que les équipages et même les équipes médicales acceptent d’aller en Guinée, il a fallu les assurer qu’ils seraient rapatriés dans leur pays d’origine s’ils venaient à contracter la maladie. Le problème principal fût le confinement et les caissons de transport. Dans l’armée de l’air française nous avions bien en stock quelques caissons NRBC mais ils n’avaient pas été sortis depuis longtemps et l’on s’est aperçu qu’ils n’étaient plus très étanches ! La quinzaine de malades évacués sur longue distance l’ont été avec des moyens essentiellement américains.

Pour la désinfection c’est l’eau chlorée qui a été utilisée en Afrique ; pas bon pour l’environnement ! Dans les structures hospitalières occidentales on avait pris, sans doute à juste titre, l’habitude d’utiliser les peroxydes et notamment l’acide péracétique auquel pas un germe ne résiste. Sauf que les cabines d’avion ne supportent pas les lavages à grande eau et surtout les agents corrosifs ! Pour être utilisé en aéronautique un produit doit être validé par Airbus et Boeing. De plus il doit être ininflammable, ce qui limite fortement l’emploi des alcools.

C’est compliqué mais on y arrive. Par exemple une association ammonium Q et aldéhyde pour les mycobactéries et spores qui sont particulièrement résistantes. A cette époque nous avions à transporter des tuberculoses ouvertes depuis Guantanamo (bagne américain à Cuba) et faire face à la psychose de la « poudre blanche » synonyme d’Anthrax !

Avec un industriel du traitement de l’avion qui avait un partenariat public/privé avec l’Université, nous avions pour objectif de proposer pour chaque cas un désinfectant adapté et utilisable en cabine d’avion. C’est alors que j’ai réalisé, au contact des virologues de VirPath Lyon, la complexité technique de la réalisation des tests d’efficacité. Ils sont même parfois impossibles, par exemple pour le virus de l’hépatite A. Il faut alors tester sur un petit virus nu légèrement plus résistant : un poliovirus. Si le produit est efficace sur ce dernier il sera réputé efficace sur celui de l’hépatite.

Après ces souvenirs personnels et considérations un peu techniques, je voudrais maintenant assurer de tout notre soutien nos camarades d’active et de réserve du SSA, aussi les volontaires qui se sont proposés de les aider. Ils sont fortement mobilisés dans les hôpitaux militaires d’infrastructure en métropole et dans les outremers ainsi que dans l’élément militaire de réanimation EMR mobile monté à Mulhouse. Sans oublier tous les personnels chargés des évacuations sanitaires par voie terrestre, aérienne ou maritime. Le SSA, seulement 1% des effectifs sanitaires du pays, démontre qu’il reste indispensable en situation de crise.

Enfin je n’oublie pas que d’autres personnels du SSA sont toujours très engagés au Sahel où se déroulent actuellement de nombreuses opérations militaires. Un autre virus, très contagieux et mortel, se répand rapidement au nord Mali près de la frontière nigérienne. Il atteint le cerveau de jeunes adolescents en complète déshérence.

L’apocalypse d’aujourd’hui peut être la chance de demain aurait dit un philosophe.

Bien amicalement.
Dr Gérard DESMARIS 

LA NEWSLETTER DU SAMA DE MARS 2020



               
LA PENSION MILITAIRE, UNE SPÉCIFICITÉ ?
 Edito du Président 

Cher(e)s camarades,

Le projet de réforme des retraites suscite toujours beaucoup d’inquiétude. Chaque jour apporte son lot de déclarations, de vraies ou fausses nouvelles ajoutant à la confusion.

Une certitude, aucun de nos adhérents ne sera impacté. Si j’osais, je dirais avec provocation « malheureusement ». En effet notre syndicat ne se renouvelle plus et depuis trop longtemps. Il n’empêche, le SAMA, par solidarité intergénérationnelle continue à se saisir du sujet des retraites. Il faut saluer la persévérance de notre président d’honneur Bernard Lefèbvre qui a participé jusqu’à ce jour aux débats du CPRM et au conseil d’administration de la CNMSS en tant que membre de la commission du CSMF.

Ce mois-ci nous allons nous intéresser  à nos jeunes camarades militaires.

Dans ses vœux aux armées, le Président de la république a insisté : « Quand on est militaire, on ne touche pas la retraite, on a une pension, c’est différent. »

C’est historiquement exact.

Dès 1670, l’institution de l’Hôtel des Invalides offre un lieu d’accueil aux soldats blessés ou trop âgés. La protection s’élargit, en 1764, avec la création d’une pension de vieillesse pour les militaires.

La Révolution française reprend l’héritage monarchique avec rationalité. Les lois des 22 août et 14 décembre 1790, prévoient l’accès à une pension à compter de l’âge de 50 ans (60 dès 1806) et après 30 ans de service.

La pension des militaires, « irrévocable, incessible et insaisissable », équivaut en principe à cette époque, au quart de la solde, son montant, calé sur les grades, prend en compte les campagnes et les blessures.

Qu’en sera-t-il demain ?

Une association nationale militaire acquiesce : «  il ne s’agit pas d’une retraite mais d’un mécanisme de revenu différé en contrepartie de nos contraintes spécifiques…astreinte permanente, éventualité du sacrifice suprême. »

Elément phare d’attractivité, cette pension est au cœur du modèle de gestion des ressources humaines des Armées. Il a été bâti sur une logique de flux pour s’assurer de disposer en permanence de soldats jeunes. A cet égard, souligne le CSFM dans son avis, l’article 47 du projet de loi ″fragilisera″ ce modèle et gommera la spécificité de la pension militaire telles que définie dans l’article 55 du Code des pensions civiles et militaires.

″Le conseil désapprouve les dispositions restrictives voir le recul significatif dans plusieurs domaines et la persistance d’incertitudes concernant le devenir des pensions militaires: ouverture des droits, réversion, modalités de calcul, cotisations employeurs, pensions minimales garanties, emploi des réservistes, disparition de la pension à jouissance différée…″.

Le coup de grâce suit. ″Le CSFM ne peut, en ce qui concerne la condition militaire, émettre un avis favorable″.

Vous trouverez dans ce numéro le compte rendu « brut » in extenso de la séance du CSFM de décembre 2019 rédigé par le collège des retraités militaires.

Bien amicalement.

Dr Gérard DESMARIS 

103 ème séance du CSFM

La 103 ème session plénière du CSFM, qui s’est déroulée du 16 au 19 décembre 2019, a bien évidemment eu pour thème central la réforme des retraites qui a donné lieu à d’intenses débats sur la tactique à adopter par le conseil. Outre la séance de clôture présidée par la ministre cette session a accueilli quatre intervenants : 

  • l’amiral Casabianca, major général des armées ;
  • le vice-amiral d’escadre Philippe Hello, DRHMD ;
  • le contrôleur des armées Étienne Knapp, chef du projet NPRM (nouvelle politique de rémunération des militaires)
  • le contrôleur général Christian Giner, chef de la cellule THEMIS.

L’amiral Casabianca s’est montré conscient de la difficulté à recruter et fidéliser et considère que la stabilité des armées repose sur leur cohésion dont les principaux éléments sont la finalité opérationnelle et le statut militaire. A cet effet il a mis en parallèle les deux dualités : ingénieur atomicien/militaire et commissaire/militaire. Abordant le sujet de la réforme de l’organisation centrale du ministère (OCM) il a précisé que c’était une réponse à une demande interministérielle et qu’il s’agissait de redonner de la subsidiarité aux états-majors et services. En effet le principe de subsidiarité est aujourd’hui parfois considéré comme une délégation sans contrôle. Par ailleurs l’administration centrale représente 6 000 personnes dont 25 % de célibataires géographiques et il est souhaitable d’avoir moins de gens à Paris pour une vie meilleure. Aussi est envisagée la création de 3 centres en région :

  •  un pôle RH à Tours ;
  • un pôle cyber à Rennes ;
  • un pôle espace à Toulouse.

En matière de réflexion capacitaire le major général  estime qu’il faut intégrer le soutien et donner sens à ses acteurs qu’ils sont toujours terriens, marins ou aviateurs. Le chantier devrait se traduire par une manœuvre infra et RH sur deux ans avec une réinjection de cadres dans les forces.

Sur le sujet de la transformation hospitalière il faut dire que le partenaire du service de santé, l’assistance publique, n’est pas au mieux de sa forme. Les hôpitaux militaires doivent être préservés et ne pas se laisser contaminer.
Par ailleurs il manque 150 médecins dans les centres médicaux des armées.

L’amiral Hello, DRHMD, a annoncé la prochaine parution d’un guide à l’usage des officiers généraux  de la 2ème section (comportement, expression…). En ce qui concerne le chantier OCM il a précisé que 5 000 postes seraient sortis du périmètre de l’administration centrale dont 3 400 pour l’EMA  et 500 fermés au profit des forces. Il souhaite conserver des commissaires et des ingénieurs militaires mais il prend bien soin d’affirmer que le rapport entre les directeurs et l’EMA est du niveau d’un arbitrage entre cabinet de la ministre et EMA : ce n’est plus un sujet de concertation. Pour lui le service de santé est devenu  quasi interministériel. En 2019 il y a eu 1 000 départs de plus que l’année précédente. Pour finir il y aura une simplification des droits du conjoint survivant.

De l’intervention du contrôleur général Giner il faut retenir les chiffres suivants :

  •  95 % des saisies de la cellule THEMIS se font de manière directe ;
  • il y a eu 93 dossiers en 2018 et 140 en 2019 ;
  • suite à un sondage parmi les militaires, 45 % des sondés connaissent la cellule  THEMIS, 39 % vaguement et 16 % pas du tout ; preuve d’une certaine confusion 2 appels sur 3 concernent le harcèlement moral.

Le contrôleur Knapp a continué de présenter le chantier NPRM mais d’une manière un peu trop décousue et éthérée sans trop être conscient de la perception de certains de ses auditeurs puisqu’il s’est pris sans trop comprendre une réaction plutôt vive d’un militaire du rang.

Le contenu de l’avis, traitant à une large majorité de la réforme des retraites  a été très débattu entre les partisans sur la forme d’une ligne modérée et ceux d’une rhétorique beaucoup plus offensive. Il n’a finalement été définitivement arrêté que le jeudi 19 décembre à midi alors que la séance de clôture débutait à 15h30. Voté tout de même à 90 % il affirme entre autres que le discours de la confiance ne tient plus et que la proportion de militaires fondamentalement contre cette réforme devenue illisible ne cesse d’augmenter. Sur le même sujet le conseil a aussi discuté de l’opportunité de demander comme en 2013 la venue du président de la république ce qui a été approuvé à 63 %. Par ailleurs si le fait de poser une question à la ministre sur la transformation hospitalière a été voté à 84 % l’insert d’un encart relatif au devenir du corps des commissaires dans le cadre du chantier OCM n’a lui été approuvé que de justesse à 50 % et 2% d’abstention. Comme cela a déjà été constaté le service du commissariat souffre d’un déficit d’opinions favorables. Comme plusieurs fois depuis l’arrivée de madame Parly  la séance de clôture a commencé par le discours de la ministre ce qui à l’usage ne s’avère pas forcément l’idéal car cela ne lui permet pas de prendre en compte l’avis du conseil. Dans ses propos elle a repris les éléments annoncés en petit comité six jours plutôt à une délégation du conseil et objets de sa lettre du 11 décembre en pièce jointe. Mais elle a aussi et surtout annoncé que le projet de loi sur la réforme des retraites serait dès la première quinzaine de janvier soumis à l’avis du conseil supérieur de la fonction militaire. Sur le simulateur elle a reconnu qu’un travail herculéen était en cours. Durant la lecture de l’avis la ministre s’est montrée particulièrement attentive et concentrée suivant l’allocution au mot près.  A la question sur la venue du chef de l’état devant le conseil elle a répondu avec un certain humour que ce n’était pas une question mais qu’elle prenait note. Sur la transformation hospitalière elle a estimé qu’il s’agissait d’une fuite dans la presse qui n’aurait pas dû avoir lieu et a invité les autorités concernées à compléter la communication car il y aura concertation. Pour le sujet des deux ans de PACS qu’elle a qualifié de question rappel elle a précisé qu’elle n’avait pas oublié et pense qu’une évolution est nécessaire. Intervenant sur la question des retraites le CEMA à une fois de plus ramé à contre-courant en déclarant qu’il fallait surtout anticiper pour absorber la réforme sans qu’il y ait thrombose. Cette attitude a confirmé que, comme le conseil  l’avait déjà constaté auparavant, les chefs d’état-major ne savent pas ou ne veulent pas faire remonter les véritables sentiments de la communauté militaire. Le général Lecointre s’est aussi montré assez maladroit en qualifiant la demande d’un véritable plan blessés de « prédiction auto réalisatrice » en estimant que le parcours actuel fonctionnait bien et qu’il fallait stopper les effets d’annonce. Il faut dire que la secrétaire d’état, madame Darieussecq, avait fait preuve de superficialité et de langue de bois dans sa réponse. En fin de séance la ministre est revenue sur la question des retraites en faisant de façon inopportune l’article politicien sur les éléments positifs d’une réforme dont la première application n’interviendra qu’en 2037. Elle a aussi conclu que pour les militaires pension ne signifie pas retraite. Si la ministre a toujours su conserver sérénité et recul ce n’a pas forcément été le cas de ses grands subordonnés et en particulier de son directeur de cabinet qui a tenté, à l’occasion du buffet post-séance, de discréditer l’avis en instrumentalisant les conditions de sa rédaction et en oubliant tout de même qu’il avait fait l’objet d’un vote à une très large majorité. Lors d’une réunion impromptue et tardive au retour à l’Ecole militaire le conseil a bien entendu exclu tout remaniement de l’avis mais a accepté, compte tenu de la situation politique du pays, une diffusion différée de son avis… En attendant le conseil est convoqué dès le lundi 13 janvier pour une semaine très dense exclusivement consacrée à l’examen du projet de loi sur la réforme des retraites avec au milieu les vœux du président de la république aux armées.

Le collège des retraités militaires du CSFM

LA NEWSLETTER DU SAMA de FÉVRIER 2020



               
 Edito du Président 

Cher(e)s camarades,

Depuis plusieurs mois des groupes djihadistes multiplient les attaques dans la vaste zone sahélienne. Ils entretiennent une insécurité chronique pour les populations et infligent de lourdes pertes aux armées locales qui sont amenées à abandonner leurs positions.

Notre jeune camarade Marc Laycuras est mortellement blessé par un engin explosif lors du passage de son véhicule. Malgré les soins prodigués par les équipes médicales présentes sur le terrain, il décède le 2 avril 2019. Le 25 novembre 2019, 13 militaires français périssent dans le crash de deux hélicoptères en intervention en conditions particulièrement difficiles.

Le dispositif Barkhane suscite de plus en plus d’interrogations tant en France qu’au sein des opinions publiques africaines. Vers un enlisement ? La France trop seule ? Pas de garantie de succès même avec un puissant engagement international ?

Un journal guinéen résume bien le dilemme : « la France, amie de dirigeants souvent en déliquescence avec leurs peuples, a besoin du soutien et de l’adhésion de ces mêmes peuples ».

Une clarification et un coup de fouet étaient nécessaires. Le 13 janvier dernier, lors du sommet du G5 Sahel à PAU les six présidents présents ont convenu de définir un nouveau cadre d’intervention de leurs armées. Le Président français porte à 600 le nombre de soldats supplémentaires alloués à Barkhane.« 

L’essentiel des renforts sera déployé dans la zone dite des trois frontières » (Mali, Burkina Faso, Niger) ; « Une autre partie de ces renforts sera engagée directement au sein des forces du G5 Sahel pour les accompagner au combat » », a indiqué dimanche 2 février un communiqué de la ministre des Armées.

Par ailleurs le Charles de Gaulle rejoint la Méditerranée orientale. Pendant un mois, “il renforcera la participation de la France à la lutte contre le terrorisme au sein de l’opération Chammal, composante française de la coalition internationale contre Daech”.

Une augmentation des effectifs en opération signifie une augmentation du soutien santé, alors même qu’il est déjà sollicité à l’extrême. Il manquerait une centaine de médecins selon un rapport sénatorial. Pour la Directrice centrale du SSA, cela a une conséquence négative sur la fidélisation du personnel, « usé prématurément », mais aussi sur la préparation opérationnelle et la formation continue.

Le SSA a besoin de médecins d’active  mais aussi de réservistes et de médecins contractuels. Tous ont vocation à rejoindre un jour le SAMA. Encore faut-il se connaître les uns et les autres.

En octobre 2019, mon ami le MGI Pierre LECUREUX, alors Directeur de la médecine des forces, la DMF installée à Tours en septembre 2018, m’avait d’emblée promis d’expliquer le positionnement et la fonction de cette nouvelle structure à nos adhérents. Je remercie le Lieutenant Vincent MOULAY, son officier communication, pour la rédaction de cet article et les photos.

Bien amicalement.

Dr Gérard DESMARIS 

LE SOUTIEN SANTÉ DES FORCES FRANÇAISES EN 2020

La composante « médecine des forces » du service de santé des armées (SSA) assure le soutien médical de proximité des forces armées et de la gendarmerie nationale. Soumis à une forte sujétion opérationnelle, elle est engagée dans une démarche qualité intégrant l’innovation et le développement de la numérisation, afin d’améliorer les conditions de l’exercice professionnel et de développer l’attractivité de la médecine des forces, enjeu majeur pour la fidélisation des ressources humaines et le recrutement.

La tête de chaine de cette composante est la direction de la médecine des forces (DMF), autorité organique sur les 16 centres médicaux des armées (CMA), sur 3 chefferies du service de santé (pour la force d’action navale, les forces sous-marines et les forces spéciales) et sur le service de protection radiologique des armées (SPRA). La DMF est également l’autorité technique des 8 directions interarmées du service de santé implantées outre-mer.

Les principales missions de la DMF sont les suivantes :

  • Préparer le soutien médical opérationnel de 1er niveau.
  • Organiser le fonctionnement des établissements de santé au contact des forces armées et de la gendarmerie.
  • Faciliter et sécuriser les pratiques relatives à l’activité médico-militaire, notamment à travers le déploiement d’Axone, le projet de digitalisation, au sein des antennes médicales.

Le directeur de la médecine des forces est le médecin général inspecteur Jean-François BOIN depuis le 13 décembre 2019. 

NEWSLETTER DE JANVIER 2020

Chers Camarades, 

Nous pensions cette année en raison de quelques gilets jaunes qui déambulaient encore dans Paris, mais surtout en raison des grèves SNCF, Métro et Bus que notre réunion se réduirait à peau de chagrin où nous serions 3 ou 4 rebelles à être présents. Et bien non ! à notre grand étonnement nous étions 15 convives à nous retrouver dans la joie et la bonne humeur et de plus sous le ciel de Paris extrêmement bleu et agréable.

Grâce à votre générosité, la Tombola de Noël 2019 a rapporté au SAMA, 1660 €. Ce qui est loin d’être négligeable en ces temps difficile sans compter les dons qui ont été fait tout au long de l’année par nos fidèles bienfaiteurs dont je tairais le no pour ne pas les gêner.

Les 8 tirages de cette tombola ont été faits à la fin du repas. 

Les heureux gagnants sont les Docteurs :

  • Pierre Saliou N° 56 qui gagne le livre « Devoirs de Mémoire »,
  • Michel Robert N°163 qui gagne une bouteille de Gevrey Chambertin,
  • François David N° 240 qui gagne une bouteille de Gevrey Chambertin
  • Alain Michel N° 175 qui gagne une bouteille de Gevrey Chambertin,
  • François Chassaing N° 114 qui gagne une bouteille de Gevrey Chambertin
  • Roger Sud N° 55 qui gagne une bouteille de Gevrey Chambertin,
  • Pierre Saliou N°250 qui gagne une bouteille de Gevrey Chambertin, et qui l’offre généreusement à Christine l’Assistante du Syndicat,
  • Daniel Meynard N° 203 qui gagne le livre « L’ancre et la Caméra » 

Nous vous remercions à nouveau de votre participation et nous vous souhaitons à toutes et à tous de très bonnes fêtes de fin d’Année.

P. S. : VOUS TROUVEREZ CI-JOINT VOTRE APPEL A COTISATION DU SAMA 2020.

Gerard DESMARIS

Président du SAMA

Remise de la Médaille du SAMA à notre Assistante, Mme Christine le PAHUN

Mr Georges DURAND, Président de l’ASNOM